Selon les Nations-Unies ainsi que l’Union Européenne, la criminalité est dite organisée lorsqu’elle est perpétrée par un “un groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions établies conformément à la présente convention, pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel”(Convention de Palerme signée en 2000). Les comportements criminels, individuels ou d’organisations, répondent donc bien à une logique rationnelle de maximisation d’utilité, puisqu’il y a bien une volonté d’atteindre un objectif: accroître un capital matériel, et des moyens mis en place pour y arriver de la manière jugée la plus efficace: le crime organisé. Une approche microéconomique permet d’éclairer justement plusieurs de ces décisions comme le choix de l’organisation ou la taille de l’activité. Ensuite, l’analyse macroéconomique permet de saisir les effets pervers du crime organisé sur l’économie.
Résumé
- Historiquement, la conjonction de plusieurs facteurs créent des contextes favorables à la naissance des mafias, notamment l’abdication du pouvoir par l’État et l’excès de bureaucratie. L’abdication de l’État est la situation où une région est victime d’un “vide de pouvoir”, espace dans lequel naissent les organisations mafieuses.
- L’analyse économique approche le problème sous l’angle de la rationalité. L’économie part du postulat objectif que le criminel est intéressé, autrement dit qu’il s’agit bien d’un être rationnel cherchant à maximiser son intérêt.
- La logique économique dicte que la sanction est calculée à l’aide de l’espérance : prenons une situation où le criminel a 50% de chance d’échouer, et une sanction de 1000$. Le criminel ne fait pas face à une amende de 1000$, mais il fait en réalité face à ce que les économistes appellent une “sanction attendue” de 500$ calculée à partir de la probabilité d’échec multipliée par la sanction.
- Pourquoi les mafias s’organisent-elles en famille ? La réponse est étroitement liée à la question des coûts de transaction et de la loyauté. Les organisations mafieuses préfèrent opter pour une organisation centrée autour de familles, préférablement la famille naturelle. Ceci représente une méthode efficace afin de mettre un coût individuel important sur la trahison.
- La présence du crime organisé tend à affecter négativement la demande effective (extorsion, corruption, économie souterraine) et, bien que le secteur légal de la mafia injecte de l’argent qui alimente cette demande effective, tend à avoir un impact général négatif sur l’économie.
- La mondialisation a par ailleurs favorisé le développement des organisations mafieuses et la diversification de leur activité. Blanchiment d’argent, paradis fiscaux, libre circulation, les mafieux comptent parmi les plus grands gagnants de la mondialisation. Ainsi, les économistes devront trouver des processus encore plus sophistiqués pour évaluer les effets pervers de la mafia sur l’économie.
Article
Dans l’histoire italienne, le mafioso était à l’origine un héros du peuple. Uomo d’Onore, il symbolisait le pouvoir de résistance aux princes et aux tyrans dans une société hiérarchisée et immobile. Au cours des siècles, le mafioso s’est converti en un carriériste égoïste dont le pragmatisme pur fait qu’il ne s’arrête à rien pour assurer son gain matériel. Historiquement, la conjonction de plusieurs facteurs créent des contextes favorables à la naissance des mafias, notamment l’abdication du pouvoir par l’État et l’excès de bureaucratie. L’abdication de l’État est la situation où une région est victime d’un “vide de pouvoir”, espace dans lequel naissent les organisations mafieuses. Ce cas fut celui de la mafia sicilienne : Cosa Nostra (1). L’excès de bureaucratie peut également contribuer au développement d’organisations mafieuses, en ouvrant notamment la porte à la corruption. En effet, les états où la bureaucratie est excessivement grande en nombre et en pouvoir développent une inéfficacité institutionnelle qui les rend plus vulnérables face virus mafieux, et à la corruption endémique de manière générale. Ce fut notamment le cas des organisations mafieuses dans l’ex-URSS. (2) Dans son livre The Vory: Russia’s Super Mafia, Mark Galeotti montre en quoi la corruption dans l’URSS a favorisé la naissance de la mafia russe Voroskoy Mir ainsi que la croissance de son activité sous l’impulsion de Gennady Karkov ( surnommé “Le Mongo”).
Les économistes préfèrent la notion de crime organisé à celle de mafia étant donné que le premier terme a une portée plus généralisante. L’un des premiers économistes à adopter une approche analytique dans l’étude du crime organisé fut Schelling (1971) qui les définit comme étant des “entreprises pérennes à grande-échelle avec l’organisation interne d’une grande entreprise et avec un effort conscient pour contrôler le marché”. (3) Se développe alors dans les décennies suivantes un courant d’études minutieuses de l’économie de la criminalité. Cette discipline économique permet-elle donc de comprendre la criminalité et ses conséquences ? Nous allons étudier cela à travers l’exemple de la mafia, qui est entendue comme une organisation criminelle à direction collégiale et ou familiale qui a la particularité de s’infiltrer dans les instances économiques et institutionnelles ainsi que dans la société civile. Au-delà des théorèmes généraux sur l’économie de la criminalité, nous prendrons comme cas d’étude la situation italienne.
Analyse microéconomique du crime organisé: une approche décisionnelle de la criminalité
Afin de pouvoir saisir l’impact du crime organisé, il faut d’abord commencer à une échelle microéconomique. L’idée est donc de débuter aux fondements de la criminalité: Pourquoi commettre un crime ? De manière générale, la criminalité est teintée d’un jugement péjoratif par le fait de la culture : les criminels sont peints comme étant des psychopathes, mus par des désirs pervers et méritant d’être chatiés. Néanmoins, l’analyse économique approche le problème sous l’angle de la rationalité. L’économie part du postulat objectif que le criminel est intéressé, autrement dit qu’il s’agit bien d’un être rationnel cherchant à maximiser son intérêt. Le pionnier de cette approche microéconomique du crime est Gary Becker dans son article Crime and Punishment. (4) En appliquant le principe de rationalité du criminel et de la maximisation de l’utilité, Becker arrive à la formalisation suivante afin de décrire l’utilité qu’espère tirer le criminel du crime:
E[U] = P U(Y − f) + (1 − P)U(Y )
U correspond à la fonction d’utilité Neumann-Morgenstern (formalisation mathématique des préférences des individus) du criminel, la variable P capture la probabilité d’un échec et d’une sentence, Y est le gain monétaire et l’équivalent monétaire de l’utilité psychologique (adrénaline, estime de soi par exemple), et f est l’équivalent monétaire de la punition, par exemple l’amende, ou l’argent non gagné pendant le temps potentiellement passé en prison. L’équation montre que le criminel additionne la probabilité de l’échec multipliée par son coût à la probabilité de succès multipliée par son gain. La rationalité implique donc que le crime sera commis si cette fonction d’utilité globale est positive. Ce premier modèle simplifié mais fondamental est un exemple de scientifisation de la criminalité par l’économie.
Le calcul de la criminalité est extrêmement sophistiqué surtout lorsque le cas ne devient pas uniquement une prise de décision individuelle. Prenons l’exemple de deux voleurs de banque qui détiennent plusieurs individus en otage: la stratégie du premier est de tuer ces otages et fuir, tandis que la stratégie du second est d’éviter le meurtre. Cette divergence de stratégie illustre leurs rationalités différentes, elle est imputable aux deux composantes essentielles de la sanction : la certitude de sanction et sa sévérité. (5) Par exemple, si on analyse le raisonnement du second voleur, on observe qu’il privilégie la certitude : il pense que le meurtre serait une motivation pour les policiers de poursuivre leur recherche de manière intensive, contrairement au crime de vol d’une banque qu’ils risquent d’abandonner à court-terme si les preuves s’avèrent insuffisantes. En raison de cela, la logique économique dit que la sanction est calculée à l’aide de l’espérance : prenons une situation où le criminel a 50% de chance d’échouer, et une sanction de 1000$. Le criminel ne fait pas face à une amende de 1000$, mais il fait en réalité face à ce que les économistes appellent une “sanction attendue” de 500$ calculé à partir de la probabilité d’échec multipliée par la sanction. Les idées précédentes offrent les bases du calcul de la rationalité du crime à échelle individuelle et dans une situation analogue à celle du crime organisé.
A partir des modèles précédents, pouvons-nous déceler une raison économique de la naissance du crime organisé ? Arcangelo Dimico, Alessia Isopi, et Ola Olsson postulent que le développement de la mafia sicilienne est explicable par des facteurs d’ordre économique. (6) Leur hypothèse découle de l’observation du comportement de la demande sur un marché précis : le marché des citrons. Un choc de demande exogène sur le marché des citrons, après la découverte par James Lind de leur effet curatif, en a fait un produit très demandé. Cette conjoncture économique est associée à un contexte économique, social et institutionnel qui favorise l’ascension de la mafia : la position dominante de la Sicile dans ce marché international, la méfiance croissante entre les marchands sur ce marché, et finalement la faiblesse des institutions et du cadre légal. De même, on peut remarquer que la mafia se développe également de manière générale dans les marchés illégaux, qui d’un point de vue strictement économique sont très profitables : l’exemple le plus connu est celui de la Cosa Nostra aux Etat-Unis. (7) En effet, la période de la Prohibition (période entre 1919 et 1933 aux Etats-Unis où le XVIIIe amendement à la Constitution interdit la fabrication, vente et consommation d’alcool sur le territoire fédéral) a été l’une des époques historiques qui a vu une forte croissance des organisations mafieuses et de l’étendu de leur activité.
Une dernière décision que l’on peut appréhender grâce à la discipline économique est celle de la forme que prend le crime organisé: pourquoi les mafias s’organisent-elles en famille ? La réponse est étroitement liée à la question des coûts de transaction et de la loyauté. L’analyse des coûts de transaction consiste à étudier les sommes mobilisées afin de rédiger, négocier et protéger les accords et contrats. A ces coûts viennent s’additionner d’autres dépenses liées à la renégociation et à l’établissement d’échanges sécurisés et sûrs. Robert. A. Pollack fut un des premiers à appliquer cette analyse afin d’expliquer pourquoi l’organisation familiale est particulièrement adaptée pour les environnement où la confiance est à un niveau très faible (8). De manière générale, nous pouvons tirer les deux conclusions suivantes. La première raisonne avec la taille de la mafia : les coûts de transaction et le danger qu’ils présentent obligent les mafia à éviter les économies d’échelle afin de ne pas tomber proie de la déloyauté. Autrement dit, elles sacrifient les profits que pourrait apporter un agrandissement de la structure pour éviter de devoir faire confiance à d’autres personnes. La seconde conclusion concerne le coût de transaction central qu’est la trahison : l’exemple le plus fréquent dans la lutte anti-mafia est celui des informateurs. Ainsi, les organisations mafieuses préfèrent opter pour une organisation centrée autour de familles, préférablement la famille naturelle. Ceci représente une méthode efficace afin de mettre un coût individuel important sur la trahison. (9)
Analyse macroéconomique du crime organisé: estimations de l’impact du crime organisé sur les économies
Retracer l’impact de la mafia sur l’économie réelle est une tâche d’extrême difficulté pour les économistes. En effet, la mafia est intégrée dans l’économie à travers un circuit légal de façade qui dissimule un travail illégal difficile à évaluer. Ainsi, les économistes innovent dans leurs méthodes de recherche afin de pouvoir évaluer l’impact du crime organisé sur l’économie. Une première méthode est celle de l’expérience naturelle dans la branche de l’économie expérimentale. La logique derrière cette méthode est tirée des sciences dites dures : étant donné que les économistes ne sont pas en mesure de conduire des expériences dans des laboratoires, l’histoire devient leur laboratoire, c’est ce qu’on appelle des expériences naturelles en économie. En effet, l’expérience naturelle consiste à comparer des situations historiques qui ont naturellement créé un point de séparation entre deux groupes autrement identiques, soumettant l’un à un “traitement” et laissant l’autre être le “groupe contrôle” afin d’en tirer des corrélations ou relations causales économiques. Un bon exemple d’expérience naturelle est la division de Berlin pendant la guerre froide, qui permet par exemple d’étudier l’impact du communisme ou l’impact du libéralisme sur un groupe en comparaison à l’autre groupe. En quoi une expérience naturelle permettrait-elle d’évaluer l’impact du crime organisé sur l’économie ?
Paulo Pinotti tente d’estimer empiriquement l’impact des mafias sur l’économie en utilisant les données fournies par une expérience naturelle : il étudie l’impact de la croissance de la mafia dans les régions du Sud de l’Italie post-Seconde Guerre Mondiale. (10) En effet, il décide d’isoler les régions d’Apulia et de Basilicata comme région affectées par la mafia. Le changement du point d’entrée du tabac et son passage de la mer Tyrrhénienne à la mer Adriatique rend ces régions particulièrement vulnérables au développement de la mafia. Ainsi, en comparant le niveau de développement de ces régions infectées par le virus mafieux au niveau de développement des “régions témoins” du Sud de l’Italie (Apulia et Basilicata), Pinotti réussit à avoir un aperçu des conséquences économiques de la mafia. Les résultats montrent leur effet pervers : ces deux régions sont passées de taux de croissance parmi les plus hauts des régions du Sud à des taux négatifs parmi les pires. L’impact a été structurel et s’est fait ressentir sur les décennies suivantes : sur une période de trente ans, ces régions ont connu une baisse de 16% du PIB par habitant relatif aux autres régions, et une hausse annuelle de 3 homicides pour chaque 100.000 habitants, deux fois plus que le taux moyen d’homicides en Italie dans la période de l’après-guerre. Une autre étude d’Acemoglu, De Feo et De Luca montre que l’impact de la mafia s’étend également aux variables sociales (11) en prenant l’exemple du développement de la Cosa Nostra en Sicile : par exemple, le passage de la variable de présence de la Cosa Nostra en 1900 en Sicile de 1 à 2 (passage d’une présence marginale à une présence significative) est associée en moyenne à une baisse de 10 points de pourcentage du taux d’alphabétisme. Ils énoncent également que malgré sa particularité, la mafia sicilienne a tout de même beaucoup de points communs avec la mafia napolitaine Camorra ainsi que la mafia calabraise Ndrangheta, ce qui laisserait penser que leur impact sera similaire. Enfin, une étude intéressante de Capuano et Purificato s’intéresse à une question importante: l’activité légale de la mafia compense-t-elle les conséquences néfastes de leur travail illégal ? La présence du crime organisé tend à affecter négativement la demande effective (extorsion, corruption, économie souterraine) et, bien que le secteur légal de la mafia injecte de l’argent qui alimente cette demande effective, tend à avoir un impact général négatif sur l’économie. (12)
Ayant évalué l’impact des mafias sur l’économie, nous pouvons maintenant essayer de caractériser davantage ce lien de causalité Quels mécanismes entrent en œuvre pour expliquer cet impact ? Concernant l’impact social de la mafia, Acemoglu, De Feo et de Luca émettent la conjecture suivante : la mafia réduit significativement la volonté et la capacité des pouvoirs publics de protéger leurs citoyens et d’offrir des biens publics de qualité. Ils émettent cette hypothèse en analysant l’impact de la mafia sur la fourniture de biens publics en analysant les indicateurs de mortalité infantile en 1909 ainsi que les dépenses de développement par habitant en 1912. Ils observent donc que le passage d’une présence négligeable à une présence considérable de la mafia est en moyenne associé à une augmentation de 5% de la mortalité infantile. Concernant les dépenses de développement par habitant, ils démontrent que ces dernières enregistrent en moyenne des baisses aux alentours de 2%. Ils enregistrent ce même effet en 1924 en mesurant les capacités de l’État à travers le ratio du nombre de notaires par la population, qui était alors en baisse de 0.12%. Passons maintenant à la conséquence économique majeure, à savoir la baisse du PIB par habitant: cela est-il dû à une baisse de l’activité ? La première hypothèse possible est celle d’une réallocation de l’emploi : si les habitants décident de travailler dans le secteur informel au lieu du secteur public et légitime, le PIB par habitant diminuerait étant donné que l’économie souterraine échappe à la mesure du PIB. Néanmoins, la véracité de cette hypothèse n’implique pas nécessairement une baisse de l’activité économique, dès lors comment la confirmer ou la réfuter ? Pinotti trouve une méthode originale afin de mesurer l’activité économique : la consommation d’électricité. La consommation d’électricité est indifférente au secteur formel et informel étant donné que les deux en consomment. Ainsi, il s’agit de la meilleure variable pour mesurer le niveau global de performance de l’activité économique, et par ailleurs celle que les économistes privilégient pour les mesures de l’économie informelle. Il atteint la conclusion suivante : il n’y a aucune preuve que la diminution de l’activité économique dans le secteur officiel a été compensée par une hausse de l’activité dans le secteur informel. Ainsi, la baisse du PIB par habitant de 16% est le résultat d’une perte économique conséquente et réelle.
La mondialisation a par ailleurs favorisé le développement des organisations mafieuses et la diversification de leur activité. Blanchiment d’argent, paradis fiscaux, libre circulation, les mafieux comptent parmi les plus grands gagnants de la mondialisation. Ainsi, les économistes devront trouver des processus encore plus sophistiqués pour évaluer les effets pervers de la mafia sur l’économie.
SOURCES:
- Catanzaro, R. 1992, Men of Respect: A Social History of the Sicilian Mafia , New York: The Free Press
- Anderson, A. 1995. Organised crime, mafia and governments in Gianluca Fiorentini and Sam Peltzman (ed.) The economics of organised crime. Cambridge University Press 1995
- Schelling, R. 1971. ‘What is the Business of Organized Crime?’, Journal of Public Law, 20, pp. 71-84, reprinted in Schelling, T. C. (ed.) (1984), Choice and Consequence, Cambridge MA: Harvard University Press, pp. 179-94
- Becker, Gary S. “Crime and punishment: An economic approach.” The economic dimensions of crime. Palgrave Macmillan, London, 1968. 13-68.
- Winter, Harold. The economics of crime: an introduction to rational crime analysis. Routledge, 2019.
- Dimico, Arcangelo, Alessia Isopi, and Ola Olsson. “Origins of the sicilian mafia: The market for lemons.” The Journal of Economic History 77.4 (2017): 1083-1115.
- Anderson, A. 1995. Organised crime, mafia and governments in Gianluca Fiorentini and Sam Peltzman (ed.) The economics of organised crime. Cambridge University Press 1995
- Pollack, R. A. (1985), ‘A Transaction Cost Approach to Families and Households’, Journal of Economic Literature, 23, June, pp. 581-608
- Anderson, A. 1995. Organised crime, mafia and governments in Gianluca Fiorentini and Sam Peltzman (ed.) The economics of organised crime. Cambridge University Press 1995
- Pinotti, Paolo. “The economic costs of organised crime: Evidence from Southern Italy.” The Economic Journal 125.586 (2015): F203-F232.
- Acemoglu, D., De Feo, G. and De Luca, G.D., 2020. Weak states: Causes and consequences of the Sicilian Mafia. The Review of Economic Studies, 87(2), pp.537-581.
- Capuano, C. and Purificato, F., 2012. The macroeconomic impact of organized crime: a neo-Kaleckian perspective, MPRA paper 40077.