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Comment faire progresser l’emploi local ? – Conversation avec Patrick Artus

parPierre Rousseaux
13 décembre 2023
dans France, Interviews
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Natixis
AUTEUR            Pierre Rousseaux
FORMAT            Interviews
DATE                  13 décembre 2023
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Oeconomicus et les Journées de l’économie (JECO) ont interviewé Patrick Artus dans le cadre de la conférence “Faire progresser l’emploi local”. Professeur d’économie à la Paris School of Economics et conseiller économique chez Natixis, nous revenons dans cette conversation sur l’hétérogénéité du taux d’emploi en France et les leviers potentiels pour redynamiser l’emploi local.
Regardez en replay la conférence des JECO, modérée par le Président co-fondateur et rédacteur en chef d’Oeconomicus, Pierre Rousseaux : https://youtu.be/3DHiRjxBMD8

Follow @Patrick_Artus Follow @JECO
Pierre Rousseaux – Pourquoi faut-il s’intéresser à l’emploi local ? En quoi c’est un enjeu crucial et à mettre en relief par rapport à l’échelle nationale ? 
PATRICK ARTUS – Il est essentiel de s’intéresser aux deux. La situation française se caractérise par plusieurs éléments saillants. Premièrement, un taux d’emploi global très bas, à 68%, alors que d’autres pays comparables affichent un taux d’emploi supérieur d’au moins 10 points. De plus, une disparité considérable des taux d’emploi par région est notable, variant par exemple de 71% dans les Pays de la Loire, en Île-de-France à 70%, dans les Hauts-de-France à 64%, et en Provence-Côte d’Azur à 66%. Il existe donc un vrai problème d’ajustement entre l’offre et la demande de travail au niveau national, et notamment une inadéquation entre les qualifications recherchées par les entreprises et celles disponibles chez les demandeurs d’emploi. Deuxièmement, il y a un enjeu géographique, car la persistance de disparités marquées dans les taux d’emploi révèle que les salariés ne se déplacent pas vers les régions où les opportunités d’emploi sont plus élevées.
En France, il est crucial de résoudre, d’une part, le problème lié essentiellement à la qualification, et d’autre part, celui associé à l’investissement, notamment dans les domaines de la recherche, du développement et des nouvelles technologies des PME. Ces investissements demeurent particulièrement bas, comme en témoigne le fait que les PME françaises déposent, par exemple, trois fois moins de brevets que leurs homologues allemandes. Au niveau local, il est nécessaire de se pencher sur les causes de l’absence de mobilité géographique. Plusieurs éléments expliquent cette mobilité restreinte, parmi lesquels une insuffisance des infrastructures. Il est essentiel d’investir dans les infrastructures numériques, de transport, scolaires et culturelles. Il est crucial de résoudre la problématique du logement, car les difficultés à trouver un logement en France contribuent à l’échec des recherches d’emploi et à l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi dans près de 50% des cas, en raison de l’incapacité des salariés à se déplacer.
Un autre aspect à considérer est le modèle salarial en France, où les salariés deviennent propriétaires pendant la vie active. En Allemagne, au contraire, les salariés accèdent à la propriété à la retraite, étant principalement locataires pendant leur vie active. Cette divergence crée une mobilité de travail significativement plus élevée en Allemagne qu’en France.
Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Vous parliez de l’absence d’infrastructures, la forte désindustrialisation a également beaucoup pénalisé l’emploi dans les régions à forts taux de chômage. 
La désindustrialisation du Nord et de l’Est, notamment dans les secteurs du textile et de la sidérurgie, ainsi que la disparition de l’industrie charbonnière, sont des phénomènes majeurs. Historiquement, les problèmes persistants dans ces régions sont liés à l’héritage durable de ces grandes crises de désindustrialisation du passé. Un facteur préoccupant est la croissance de l’emploi dans ces régions, qui présentent des taux de chômage élevés. Par exemple, dans les Pays de la Loire, le taux d’emploi atteint 71%. En examinant la croissance de l’emploi sur plusieurs années, on constate une moyenne de 1,5% par an dans les Pays de la Loire, comparé à seulement 0,3% par an dans les Hauts-de-France. Ainsi, la dynamique est claire et pose un véritable problème avec des effets en chaîne, les régions dynamiques restent dynamiques et inversement. 
La coordination des acteurs locaux est également essentielle. Par exemple, dans le Grand Ouest, les collectivités locales sont très actives dans la construction de logements et l’investissement dans les infrastructures, illustrant une coordination efficace entre les collectivités locales et les entreprises. 
Il existe également la question du système de formation professionnelle, qui malgré des réformes, tend à former principalement des individus déjà bien qualifiés, avec souvent une reconversion vers des métiers assez différents de ceux d’origine. Cet investissement en compétences s’avère insuffisant, notamment avec seulement 20% des salariés les moins qualifiés bénéficiant d’une formation au cours de leur vie. De plus, les centres de formation sont souvent éloignés des zones rurales, étant centralisés. Par exemple, l’éducation demeure fortement centralisée.
C’est également un processus auto-entretenu. Lorsqu’une région connaît une diminution de l’emploi, les ressources des collectivités locales s’amenuisent, entraînant une diminution des investissements dans des infrastructures essentielles pour attirer les salariés. Cela crée ainsi un cercle vicieux, où la paupérisation de certaines régions entraîne de nouveaux effets d’auto-entraînement, accentuant davantage les difficultés économiques locales. En examinant les projections de France Stratégie sur les déséquilibres régionaux en 2030, on constate que les mêmes régions continueront à être confrontées à des pénuries de main-d’œuvre. Il s’agit notamment de l’Occitanie, des Pays de la Loire, de la Nouvelle-Aquitaine, de la Bretagne et de l’Île-de-France. Ces régions, en raison de leur attractivité, continueront probablement à être touchées par le phénomène de divergence des taux d’emploi.
Vous évoquez le manque d’attractivité des emplois, existe-t-il des freins à cette attractivité ? En particulier, l’argument des hausses de salaires pour attirer les travailleurs est très présent dans le débat, mais cette hausse peut parfois ne tout simplement pas être possible par manque de moyen des entreprises concernées ? 
L’augmentation des salaires, notamment au niveau du salaire minimum actuel (SMIC), présente des défis considérables pour les PME, surtout dans des secteurs moins sophistiqués. Par exemple, dans des domaines tels que la restauration ou les métiers basiques de l’industrie, caractérisés par des marges bénéficiaires faibles, il devient particulièrement difficile d’effectuer des ajustements salariaux significatifs, bien que des efforts aient été déployés dans ces mêmes secteurs. 
En envisageant un ajustement des salaires et des prix relatifs, une hausse des salaires et des prix dans les secteurs en déficit de main-d’œuvre pourrait être une solution. Cependant, il est important de noter que cette approche pourrait rencontrer des freins, en particulier dans des secteurs où les contraintes financières sont déjà importantes. 
En quoi les sciences économiques permettent de détailler ces constats, et formuler des solutions potentielles aux problèmes d’inadéquation entre l’offre et la demande de travail ? 
Les sciences économiques sont essentielles à la fois pour isoler des variables qui permettent d’expliquer ces constats, comprendre leur influence et le degré de cette influence sur l’emploi, mais également pour l’évaluation rigoureuse des politiques publiques. Les problèmes globaux ont été davantage au centre de mes travaux, bien que nous ayons réussi à affiner les variables pertinentes, telles que le taux d’emploi et les divergences de taux d’emploi entre les pays. Ces divergences s’expliquent principalement par quatre éléments. 
Tout d’abord, les règles du système de retraite, où les pays ayant un âge légal de départ à la retraite plus élevé présentent également des taux d’emploi plus élevés chez les 60-65 ans. Ensuite, trois variables clés émergent : les compétences, mesurées par l’enquête PIAAC de l’OCDE ; l’investissement en nouvelles technologies, reflétant la modernisation des PME évoquée plus tôt ; et les dépenses de recherche et développement par rapport au PIB. En prenant en compte ces quatre variables et en ajustant pour le système de retraite, on peut expliquer 80% des écarts de taux d’emploi entre les pays.  
Cela indique clairement la nécessité de travailler sur l’amélioration des compétences, l’accès des PME aux nouvelles technologies, ainsi que la promotion de l’innovation, à laquelle certaines PME semblent être déficientes. Des recherches de Philippe Agnon suggèrent également que les entreprises qui se robotisent davantage et utilisent plus d’intelligence artificielle connaissent une croissance de l’emploi plus rapide. 


Sujets chômageEmploiMarché du travailRégion
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Pierre Rousseaux

Pierre Rousseaux

Président cofondateur et rédacteur en chef d'Oeconomicus; Doctorant au CREST (École Polytechnique, ENSAE) et économiste à l'Institut des Politiques Publiques (IPP)

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