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Accueil Monde Europe

La stagnation séculaire qui vient… ?

parEric Keslassy
14 octobre 2024
dans Europe, France, Perspectives économiques, Sciences Eco
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La stagnation séculaire qui vient… ?
AUTEUR            Eric Keslassy
FORMAT           Perspectives économiques
DATE                  14 octobre 2024
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En dépit de brèves fluctuations économiques de court terme, la croissance économique des pays développés à économie de marché semble être durablement déclinante. Sommes-nous entrés dans une phase de stagnation séculaire ? Un débat vif oppose certains économistes. Revue de détail.
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La stagnation qui vient… ? C’est évidemment la stagnation séculaire qui est déjà. La grande question est en fait de savoir si cette faiblesse de la croissance économique sur le long terme (un siècle) est résistible ou pas. C’est sous la plume d’Alvin Hansen que le concept de stagnation séculaire apparait en 1938 pour la première fois dans la littérature économique[1]. Dans le contexte des années post-crise de 1929, l’économiste américain et keynésien pose l’hypothèse que l’activité économique ne retrouvera pas le niveau élevé des années 1920 (la période dite des « roaring twenties »). Selon lui, l’économie américaine se trouve alors sur la trajectoire d’une stagnation séculaire – correspondant au retour à la faible croissance économique rencontrée au XIXème siècle (entre 1815 et 1915) – en raison d’une surabondance d’épargne qui déprime structurellement la demande globale.
Alvin Hansen met en avant trois grandes explications pour justifier sa thèse : la fin des expansions territoriales (tant intérieure – la conquête vers l’Ouest est terminée – qu’extérieure[2]) ; le ralentissement de la dynamique démographique[3] ; et un progrès technique qui se révèle très peu porteur. De fait, à l’inverse de la prédiction de Hansen, la Seconde Guerre mondiale relance la croissance économique américaine : l’effort de guerre accélère les investissements de RetD et le progrès technique se montre de nouveau productif ; les naissances repartent à la hausse (« baby-boom ») et participent à la croissance économique exceptionnelle des Trente glorieuses (1945-1973).
Si Alvin Hansen s’est trompé factuellement – pouvait-il prévoir la participation des États-Unis au conflit qui, dans un premier temps, semblait se localiser en Europe ? –, il faut noter que l’hypothèse d’une croissance économique limitée avait été envisagée par d’autres économistes bien avant lui. Sous un autre terme, celui d’ « état stationnaire », les classiques Thomas Malthus et David Ricardo prévoient que le niveau de production pouvait durablement stagner. Dans Essai sur les principes de population (1798), Malthus explique que la croissance démographique (qui suit les contours d’une suite géométrique) progresse beaucoup plus vite que la croissance de la production des biens de subsistances (qui suit les contours d’une suite arithmétique), ce qui engendre une baisse du niveau de vie telle qu’elle occasionne des famines. Dès lors, la productivité de l’économie (PIB/nombre d’habitants) peut remonter. A terme, le niveau de vie se stabilise autour d’un point définissant cet « état stationnaire »[4].
Pour Ricardo, dans Principes de l’économie politique (1817), l’activité économique – qui provient d’abord de l’investissement réalisé par les capitalistes – s’amoindrit à long terme en raison de la poussée démographique et la loi des rendements décroissants appliquée à la culture des terres. Comme la population à nourrir est de plus en plus importante, il faut cultiver des terres de moins en moins fertiles et qui réclament des coûts d’exploitation de plus en plus élevés (chaque nouvelle terre exploitée est de moins en moins rentable). Il en résulte une hausse du prix du blé qui impose une augmentation du salaire de subsistance[5] versée par les capitalistes aux ouvriers. Aussi, le profit des capitalistes diminue, leur investissement se réduit tout comme la croissance économique.[6] Ces états stationnaires « négatifs » trouvent leur pendant « positif » dans les écrits de John Stuart Mill[7] et de John M. Keynes[8].
Même si ces deux penseurs s’opposent sur de nombreux points (à commencer par la place à accorder au marché dans l’allocation des ressources), ils s’accordent sur l’idée que la survenance d’un « état stationnaire » est profitable de façon à redonner à la sphère productive sa « juste » mission : la croissance économique ne doit pas être une fin mais rester un moyen.[9]Le débat qui s’est réactivé autour de la stagnation séculaire après la crise de 2007-2008 trouve donc sa place à la suite de riches réflexions qui remontent initialement aux premier temps de l’économie politique.[10] L’idée que les pays développés à économie de marché (PDEM) – et les États-Unis en premier lieu – pourraient être confrontés à un ralentissement durable de leur croissance économique a été relancée avec force par Lawrence Summers dans le cadre d’une communication au FMI en 2013[11]. La sortie de crise est difficile pour l’économie américaine : le choc de demande négatif est très violent, au point que la déflation guette.
Pour Summers, si ces éléments sont importants, la « baisse irréversible de la croissance tendancielle » américaine s’explique plutôt par un niveau de demande structurellement bas depuis bien plus longtemps que la crise elle-même et ses effets – mais qui était « masqué » par un usage exponentiel du crédit (un des facteurs de la crise financière) – qui finit par abîmer la croissance économique potentielle (ou de long terme)[12]. Aussi, pour les tenants de la stagnation séculaire, non seulement la stagnation séculaire est déjà présente mais elle devrait immanquablement se prolonger dans le temps.
Avant l’intervention très commentée de Summers, Robert Gordon avait porté un diagnostic proche (sans utiliser le terme de stagnation séculaire dans un premier temps)[13]. Mais, pour lui, le sentier de croissance de l’économie américaine s’affaiblit en raison de facteurs diminuant l’offre globale sur le long terme (et non plus la demande globale comme l’avance Summers) – facteurs qui sont examinés plus bas dans le détail. Ce ne serait pas un problème majeur s’il était possible d’augmenter la croissance potentielle par le progrès technique et/ou les innovations et donc compenser sa tendance structurelle à la baisse. Or, Robert Gordon ne croit pas que les nouvelles technologies (autant celles qui sont déjà là que celles à venir) soient suffisamment productives pour redresser la croissance économique de long terme. Pour autant, ce « techno pessimisme » ne fait pas du tout consensus.
Des économistes néo-schumpétériens – comme Philippe Aghion[14] en France – pensent toujours qu’il faut compter sur le progrès technique pour relever le niveau du sentier de croissance des PDEM. Cela demande certainement des ajustements institutionnels mais il serait erroné à leurs yeux de considérer qu’il n’est pas possible de retrouver une croissance économique durable. Si le constat de l’existence d’une stagnation séculaire ne prête guère à discussion (la productivité des PDEM est en forte baisse depuis le début des années 1970)[15], il se développe actuellement un débat très vif à la fois pour l’expliquer et pour déterminer s’il existe des solutions pérennes pour y mettre un terme. C’est cette dispute intellectuelle que nous nous proposons de reconstituer dans les lignes qui suivent…
Les « vents contraires » et le recul de l’efficacité du progrès technique : la stagnation séculaire est inéluctable selon Robert Godon.
Robert Gordon avance que la croissance économique de long terme des États-Unis est freinée par six « vents contraires »[16] (même si ce n’est pas nécessairement exactement selon les mêmes modalités, ce diagnostic correspond globalement à l’ensemble des pays développés). Tout d’abord, il existe un frein démographique. Robert Gordon compare la période contemporaine avec celle des Trente glorieuses : le « baby-boom » et la montée de la présence des femmes sur le marché du travail augmentent le stock de travail source de croissance potentielle.
Mais ce « dividende démographique » ne joue plus : le vieillissement de la population des pays avancés se traduit par des périodes de retraite plus longues qui ne sont pas compensées par un nombre d’actifs suffisant, ce qui impacte négativement la croissance économique de long terme. Ensuite, Robert Gordon déplore un « plateau éducatif » en pointant du doigt les rendements décroissants de l’éducation qui apparaissent aux États-Unis depuis le début des années 1980 (et que l’on observe aussi dans les autres pays développés).
Pendant les Trente glorieuses, la démocratisation de l’enseignement (supérieur aux États-Unis, davantage scolaire en France compte tenu de leur position respective vis-à-vis de la frontière technologique) favorise une puissante accumulation de capital humain, source d’une forte hausse de la croissance économique. Par définition, ce « gain éducatif » (source de gains de productivité) n’est plus possible aujourd’hui : la croissance de la qualification moyenne est désormais beaucoup plus faible qu’au cours du XXème siècle. D’autant que les études coûtent de plus en plus chères[17], que l’égalité des chances semble reculer et que l’État n’investit pas toujours assez dans le capital humain.
Autre « vent contraire » : la montée des inégalités économiques et sociales. Si l’on regarde le long terme, de la fin du XIXème siècle au début du XIXème siècle, les inégalités ont baissé dans les pays développés ; mais si notre observation démarre au début des années 1980, les inégalités économiques et sociales sont en forte progression.[18] La « révolution libérale »[19] a conduit à rétrécir considérablement le périmètre d’intervention économique et sociale de l’État : déjà frappé d’une crise financière (en raison de la faiblesse de la croissance économique) et d’une crise d’efficacité (la pauvreté augmente), l’État providence doit affronter une redoutable crise de légitimité.[20]
Le « welfare state » est progressivement remplacé par un « workfare state » à mesure que l’idée d’assistanat des chômeurs et des pauvres se renforce ; les prélèvements obligatoires des plus riches et des grandes entreprises sont abaissés, en particulier aux États-Unis : au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le taux marginal de l’impôt sur le revenu s’y élevait à 94 %, pour se stabiliser ensuite autour de 70 % jusqu’au début des années 1980 ; il est actuellement de 37%. On observe la même tendance à la baisse pour l’impôt sur les sociétés. Cette moindre présence de l’État explique en partie la montée des inégalités qui provient également des effets de la mondialisation et du progrès technique. Connaitre les effets des inégalités sur de croissance économique fait l’objet d’une immense littérature économique.
Sur le plan théorique, il existe une opposition : les libéraux orthodoxes considèrent que les inégalités sont source d’une émulation créatrice de richesse économique ; pour d’autres économistes, dans le sillage des travaux de Keynes, avancent au contraire que les inégalités réduisent la croissance économique. En revanche, d’un point de vue empirique, le débat est tranché par des études de l’OCDE[21] et du FMI qui indiquent, chiffres à l’appui, que le creusement des inégalités met en danger la croissance économique durable. Pour plusieurs raisons : tout d’abord, les plus bas revenus cherchent à maintenir leur niveau de demande (ou à devenir propriétaire de leur logement) en s’endettant de façon excessive, ce qui peut conduire à une crise financière (à l’instar de celle de 2007-2008) ; ensuite, les inégalités se traduisent par de mauvais résultats scolaires et une difficulté à poursuivre des études supérieures : il en résulte un « gâchis » de capital humain ; enfin, elles poussent les électeurs à voter pour des candidats populistes qui mettent en place des mesures protectionnistes (Donald Trump a « monté aux extrêmes » la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, Boris Johnson a obtenu et concrétisé le Brexit…).
L’ensemble de ces éléments affaiblit considérablement la croissance économique de long terme. Une raison pour laquelle les pouvoirs publics ne font pas ce qui est nécessaire en matière de système éducatif et de lutte contre les inégalités peut être trouvée dans le niveau élevé des dettes publiques de la plupart des pays développés. Pour Gordon, il s’agit d’un puissant « vent contraire » : trop endetté, l’État n’investit pas assez dans le capital humain mais aussi dans le capital public[22], ce qui limite nécessairement la croissance économique inclusive et durable. Avant-dernier « vent contraire » : la mondialisation. L’ascension des NPI – comme la Corée du Sud – dans les années 1970-1980 puis des BRICS lors de l’ « hyperglobalisation »[23] (1990-2008) correspond à l’un des facteurs de la désindustrialisation qui marque une grande partie des pays développés (en particulier la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis).
Or, beaucoup plus que les services, l’industrie est source de gains de productivité et donc de croissance économique[24]. Enfin, dernier « vent contraire », Robert Gordon avance que la transition écologique doit affaiblir la croissance économique de long terme. L’économiste américain insiste notamment sur le prix de l’énergie qui devrait croite considérablement, occasionnant des chocs d’offre négatifs fortement préjudiciables sur la croissance économique. Selon Gordon, ces « vents contraires »[25] doivent empêcher la croissance économique potentielle de s’élever dans les prochaines années. Un moyen d’échapper à cette stagnation séculaire serait de compter sur une plus forte croissance intensive (provenant du progrès technique).
Mais c’est ici que le « techno-pessimisme » de Gordon s’exprime pleinement : les innovations actuelles et futures ne pourront pas, selon lui, relancer les gains de productivité source de croissance économique. Dans son esprit, le numérique (et ses dérivées comme l’intelligence artificielle) n’ont pas le potentiel d’entrainement économique que pouvait avoir la machine à vapeur ou l’électricité. Le progrès technique contemporain s’appuierait sur des « innovations de façade » qui ne relèvent pas la productivité globale des facteurs (PGF) des systèmes productifs[26], ce qui ne permet pas de limiter les effets des « vents contraires ». Gordon utilise une métaphore assez pédagogique pour faire comprendre son point de vue : celle de l’arbre fruitier.
Les innovations les plus porteuses auraient déjà été trouvées par le passé – de la même façon que les fruits les plus juteux/mûrs sont les plus accessibles dans l’arbre ; si bien qu’il est devenu beaucoup plus difficile de trouver des innovations provoquant un véritable accroissement de la PGF – les fruits, pas encore mûrs, se trouvent beaucoup plus loin dans le branchage dans l’arbre. Ainsi, tout se passe comme si le progrès technique est non seulement plus difficile d’accès (dans la mesure où il réclame davantage de Recherches et développement – RetD) mais il apporte moins en termes de PGF et de croissance économique. Dans Le Monde (5 janvier 2024), Robert Gordon écrivait encore récemment que « la raison essentielle de ce ralentissement général de la croissance de la productivité est simple : les nouvelles inventions ont moins d’effet économique qu’autrefois.
Quand on a dix inventions, une de plus augmente le total de 10 %. Mais, quand on a déjà cent inventions, en effectuer une de plus n’augmente le total que de 1 %. Et c’est là le problème : on a déjà beaucoup inventé. » De surcroît, dans Croissance zéro. Comment éviter le chaos ? (2015), Patrick Artus et Marie-Paule Virard démontrent que la RetD a aujourd’hui considérablement perdu de son efficacité, au point d’évoquer une « productivité marginale décroissante » de la RetD. Pour illustrer leur propos, ils prennent l’exemple des découvertes médicales : un nouveau médicament demande actuellement en moyenne trois fois plus de RetD que dans les années 1970-1980. Alors que les pays développés voient apparaitre de nombreuses innovations, comme l’intelligence artificielle, leur PGF ne décolle pas et la stagnation séculaire semble s’installer. Ne serions-nous pas devant un nouveau « paradoxe de Solow » ?
Un nouveau paradoxe de la productivité ?
En juillet 1987, dans sa tribune délivrée au New-York Times, Robert Solow écrit : « On peut voir les ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ». Ce paradoxe de la productivité (ou « paradoxe de Solow ») parait exister à nouveau aujourd’hui : « l’intelligence artificielle est partout sauf dans les statistiques de la productivité » pourrions-nous écrire en paraphrasant Solow. Cette constatation semble d’abord confirmer la thèse des « techno-pessimistes » en invalidant le processus de « destruction créatrice »[27] – dans la mesure où les nouvelles technologies ne se traduisent par une solide et longue phase d’expansion économique.
Mais de nombreuses réponses ont pu être apportées au « paradoxe de Solow », des réponses qui ouvrent la possibilité d’une remise en cause à venir de la stagnation séculaire[28]. En particulier, l’explication la plus optimiste pour la période contemporaine serait qu’il faut accepter d’attendre avant que les effets des nouvelles technologies se manifestent vraiment sur la PGF et la croissance économique. Ainsi, pour l’instant, le progrès technique actuel n’aurait pas encore manifesté son plein potentiel d’entrainement en termes de gains de productivité ; il y aurait un délai important entre l’apparition des innovations et leur usage productif, notamment parce qu’il faut leur laisser le temps de se diffuser dans l’ensemble du système productif.
Cette approche « techno-optimiste » suggère donc de donner du temps aux nouvelles technologies : pour l’instant, elles sont à l’origine de cycles de plus faible ampleur mais ce serait parce qu’on n’en pas encore exploité tout le potentiel. Dès lors, la faiblesse actuelle de la PGF serait seulement transitoire comme le montre l’histoire économique. Joseph Schumpeter[29] soulignait déjà qu’au début du XIXème siècle, au cours de la Révolution industrielle, personne n’aurait encore pu prévoir toutes les possibilités d’investissements et de gains de productivité de la machine à vapeur et du chemin de fer… Dans un article qui a eu un grand retentissement aux États-Unis[30], Paul David reprend cette idée autour de l’électricité : la dynamo électrique est devenue opérationnelle en 1868 mais l’auteur estime que son utilisation n’est devenue pleinement efficace qu’au milieu de la première partie du XXème siècle.
Il aurait donc fallu autour 60 ans pour que l’invention de l’électricité se transforme en puissants gains de productivité et se remarque dans les statistiques de la productivité. Paul David en conclut que les vagues d’innovations du XIXème siècle occasionnaient déjà des analyses pessimistes mais qu’elles ont toujours été démenties par les faits. Et si c’était la même chose aujourd’hui avec le numérique et l’intelligence artificielle. Au fond, ces technologies ne seraient-elles pas prometteuses ? Le résultat de Paul David a d’ailleurs été accueilli comme une sorte de loi du progrès technique[31] : il faudrait se montrer patient et continuer à faire confiance au progrès technique pour relancer la croissance économique de long terme (par l’accroissement de la PGF). Ce décalage temporel, qui permet de résoudre le paradoxe de la productivité, s’expliquerait en premier lieu par le fait qu’un système productif a besoin de temps pour s’approprier de nouvelles techniques ; une innovation radicale – proche de la frontière technologique – ne peut être maitrisée facilement.
De même qu’il faut du temps pour qu’elle se diffuse de façon signification dans toutes les branches de l’économie. Finalement, la « troisième révolution industrielle »[32] n’aurait pas encore dévoilé tous ses effets sur la croissance économique et ce serait une erreur de ne pas compter sur le progrès technique[33]. Dans cette perspective, le ralentissement de la période actuelle serait une sorte de « trou d’air » – soit une pause transitoire – avant qu’une accélération de la croissance économique se matérialise. Il faut d’autant plus compter sur les nouvelles technologies que les instruments de mesure seraient défaillants et qu’un ajustement institutionnel serait absolument nécessaire.
Le « techno-optimisme » : problème de mesure et manque d’adaptation institutionnelle permettent de réfuter l’idée de stagnation séculaire. 
Outre l’effet retard du progrès technique sur la croissance économique de long terme déjà évoqué plus haut, les économistes du courant « techno-optimiste » tablent sur deux autres limites : un problème de mesure de la croissance économique ; un dérèglement institutionnel qui empêcherait des innovations radicales d’émerger. C’est ainsi que Philippe Aghion se montre très peu convaincu par l’hypothèse d’une stagnation séculaire. Selon lui, les effets du progrès technique sur la qualité des produits ne sont pas suffisamment pris en compte.[34] Dès lors, si le PIB en valeur est correctement estimé, ce sont les indices de prix qui surestiment l’inflation et qui conduisent à une sous-évaluation de la croissance économique. Il y aurait donc une « croissance manquante »[35].
Au-delà de l’aspect purement statistique, l’intution des techno-optimistes vient de ce que les outils de mesure de la richesse économique sont hérités d’un autre temps, celui du capitalisme industriel, qui est en train de s’achever. Ils seraient donc inadaptés à saisir tous les apports d’un progrès technique qui alimente une économie post-industrielle – bien davantage portée sur les services. Construit pour saisir la croissance économique à partir de la production de biens (physiques), le PIB peinerait à rendre compte des effets de réseaux du monde numérique (équivalents à des externalités positives), des investissements immatériels (qui, aux Etats-Unis, sont désormais plus élevés que les investissements matériels[36]) et de la part croissante et de la variété de services offertes par l’économie numérique.
L’exemple de la photographie[37] est à cet égard très éclairant. En l’an 2000, ce sont près de 80 milliards de photos dans le monde qui ont été prises. Mais l’introduction du smartphone a considérablement bouleversé le paysage dans ce domaine : le nombre de photos a été multiplié par 20 pour atteindre près de 1600 milliards en 2015. Or, en parallèle, le coût marginal d’une photo est passé d’environ 50 centimes à presque 0. Aujourd’hui, une photographie est devenue un « bien » presque exclusivement non-marchand : les ventes d’appareils photos et de pellicules sont extrêmement faibles ; tandis que les photographies sont essentiellement partagées plutôt que vendues. Autoproduits par les « consommateurs », elles sont sorties de l’économie productive et ne sont plus mesurées par le PIB.[38]
Même si la mesure de la richesse économique est défaillante et peut expliquer en partie l’hypothèse pessimiste de la stagnation séculaire, les « techno-optimistes » ne peuvent pas seulement mettre en avant la malformation des indicateurs. Ils sont obligés de constater un ralentissement général de la productivité et donc de la croissance économique qui dépasse ce problème de mesure. Comme ils considèrent que le progrès technique est le meilleur moyen de relever la croissance économique de long terme, ils avancent également l’idée forte que « les institutions ne s’adaptent pas assez vite aux révolutions technologiques »[39]. Cette proposition implique nécessairement que des institutions mieux positionnées permettraientt de retrouver un niveau de croissance potentielle plus élevé, luttant contre les « vents contraires » et la stagnation séculaire.
Pour Philippe Aghion[40], les institutions doivent évoluer avec les progrès en termes de développement économique : plus une économie se rapproche de la frontière technologique, plus elle a besoin d’innovations « à la pointe » (ou d’innovations radicales) pour voir sa PGF et sa croissance économique de long terme augmenter. A cet égard, le cas des États-Unis est intéressant à étudier : l’économie américaine se trouve à la frontière technologique dans de nombreux domaines, à commencer par celui des NTIC, comme en atteste, l’émergence des « 7 magnifiques »[41]. Mais l’hégémonie de ces entreprises « superstars » n’a pas été contrebalancée par une politique de la concurrence suffisamment vigoureuse[42].
Alors que la révolution des technologies de l’information et de la communication a stimulé la productivité de l’économie américaine à court terme (à partir du milieu des années 1990), les résultats sont beaucoup plus décevants à long terme. « L’absence de réglementation adéquate des fusions et acquisitions a permis aux GAFAM de grossir jusqu’à contrôler la plupart des secteurs de l’économie américaine »[43]. C’est la baisse du taux d’entrée de nouvelles entreprises dans le secteur des nouvelles technologies et les stratégies de concentration des « entreprises superstars » qui expliqueraient ce recul de la productivité de l’économie américaine sur le long terme. Il n’est alors plus nécessaire de rechercher des innovations de rupture (rendues nécessaires par le positionnement proche de la frontière technologique) ; les grandes entreprises, dominantes sur les marchés, peuvent se contenter d’innovations incrémentales au mieux et de rentes de position au pire, ce qui impacte très négativement la croissance économique potentielle.
Il faut donc accompagner les révolutions technologiques de politiques économiques adaptées : par exemple, dans Marie Curie habite dans le Morbihan. Démocratiser l’innovation (2023), Xavier Jaravel avance que l’économie française pourrait accroitre sa productivité avec une diffusion plus rapide des innovations, aujourd’hui limitée en raison d’un manque de compétences détenu par les actifs – qui s’explique notamment par le décrochage scolaire du système éducatif français, attesté par toutes les études internationales. Ici, l’éducation et l’orientation scolaire et professionnelle apparaissent comme les principales clés d’une accélération de la productivité en France.
Pour Philippe Aghion, des réformes structurelles sont aussi nécessaires pour relancer la croissance de long terme de l’économie française (et, plus largement, européenne) : réduire le niveau de la réglementation des marchés des biens et services pour augmenter la concurrence et générer des innovations ; flexibiliser les marchés du travail pour favoriser le processus de « destruction créatrice ». Les inégalités qui en résultent entre les actifs doivent être contrebalancer par le modèle social comme peuvent le faire les scandinaves (par le biais de la flexisécurité).
Pour échapper à la stagnation séculaire, les pays développés devraient donc se doter d’institutions permettant de tirer parti des nouvelles technologies de façon à générer plus de richesse économique, tout en améliorant leurs modèles sociaux pour que la croissance économique soit pleinement inclusive. Reste la question de la transition écologique si importante pour que la croissance économique soit durable. Les « techno-optimistes » développent une approche dite de la soutenabilité faible : le progrès technique doit permettre de limiter la dégradation du « capital naturel ».
Prises par une « dépendance au sentier », les entreprises ont tendance à sous-investir dans les technologies vertes (qui sont mécaniquement davantage porteuses de risque pour elles). Pour Philippe Aghion, la « société civile » (une autre institution) doit alors jouer son rôle et pousser les entreprises à tenir compte de la transition écologique. Dans Le pouvoir de la destruction créatrice (2020), avec ses co-auteurs (Céline Antonin et Simon Bunel), l’économiste français met en avant un « triangle d’or » de la croissance inclusive et durable : le marché doit apporter la concurrence source d’innovations de rupture ; l’État doit se montrer à la fois investisseur pour accumuler des capitaux publics, actif pour lutter contre les défaillances de marché (par une politique d’innovation adéquate) et protecteur pour les actifs grâce à un meilleur modèle social ; enfin, la société civile doit sans cesse contraindre les deux autres institutions, marché et État, à tenir compte de l’impératif écologique.
Ressources:
[1] Alvin Hansen, Full Recovery or Stagnation, 1938.
[2] La croissance économique avait été soutenue par une expansion coloniale extérieure en Amérique Latine et en Asie à la toute fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.
[3] En raison notamment de l’instauration de quotas pour limiter l’immigration.
[4] Pour Thomas Malthus, la hausse du niveau de vie ne peut réapparaitre qu’à la suite de mesures natalistes – qui permettent de réduire le nombre des naissances.
[5] Le salaire de subsistance est celui qui permet aux ouvriers de (sur)vivre. Il est donc directement indexé sur le prix du blé.
[6] David Ricardo envisage l’ouverture au commerce international pour sortir de cet « état stationnaire ». Au moment où il réfléchit, l’Angleterre applique les Corn Laws (protectionnisme sur le blé). La concurrence internationale permettra de faire baisser le prix du blé et le niveau des salaires de subsistance ; le profit des capitalistes repart à la hausse, l’investissement également, ce qui fait augmenter la croissance économique. Elu député en 1819, David Ricardo mène même un combat politique pour obtenir l’abolition des Corn Laws (qui interviendra en 1846). Même si ce n’est pas bien formalisé et assez peu clair, signalions que dans une troisième édition de ses Principes de l’économie politique et de l’impôt (parue en 1821), Ricardo explique que le progrès technique est un moyen de repousser l’état stationnaire.
[7] John Stuart Mill, Principes d’économie politique, 1848.
[8] John M. Keynes, Lettres à nos petits-enfants, 1930.
[9] Il est d’ailleurs intéressant de constater que certains penseurs décroissants citent ces idées de John Stuart Mill et John Maynard Keynes pour illustrer ce que pourrait être l’ « état stationnaire » qu’ils appellent de leurs vœux (par exemple, Thimoté Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, 2022).
[10] Et nous avons pas du tout été exhaustif….
[11] Lawrence Summers, « Rapid Growth or Stagnation for the United States Economy ? », 8 novembre 2013.
[12] Summers explique donc d’abord la stagnation séculaire par une demande trop longtemps insuffisante. Dans le cadre de cet article qui entend se consacrer aux déterminants qui affectent l’offre, nous n’approfondirons pas la thèse de Summers.
[13] Robert Gordon, « Is US economic growth over ? Faltering innovation confronts the six headwinds », 2012.
[14] Céline Antonin, Simon Bunel et Philippe Aghion, Le pouvoir de la destruction créatrice, 2020.
[15] Encore que l’on verra que certains « techno-optimistes » tempèrent ce diagnostic en s’interrogeant notamment sur la pertinence et l’efficacité de nos instruments de mesure. Pour Philippe Aghion, il existerait une « croissance manquante ».
[16] Robert Gordon, « Is US economic growth over ? Faltering innovation confronts the six headwinds », 2012.
[17] Robert Gordon dénonce vivement le prix prohibitif des études supérieures de
[18] Thomas Piketty, Le capital au XXIème siècle, 2013.
[19] Sur le plan politique, cette « révolution libérale » s’incarne dans les élections de Margaret Thatcher au poste de Premier ministre en Grande-Bretagne en 1979 et de Ronald Reagan comme Prédisent des États-Unis en 1980. Lors de son discours d’investiture, en janvier 1981, Ronald Reagan prononce cette phrase passée à la postérité : « Dans cette crise actuelle, l’État n’est pas la solution à notre problème ; l’État est le problème ». Sur le plan de théorie économique, les idées keynésiennes sont déconsidérées par la « stagflation des années 1970. La pensée libérale redevient dominante (notamment le monétarisme de Milton Friedman et la nouvelle école classique de Robert Lucas et Robert Barro) et inspire les décisions politiques.
[20] Pierre Rosanvallon, La crise de l’État providence, 1981.
[21] OCDE, « Toujours plus d’inégalité : pourquoi les écarts de revenus se creusent », 2011 ; « Inégalités et croissance », 2014. Andrew Berg et Jonathan Ostry, « Inequality and Unsustainable Growth : Two Sides of the Same Coin? », FMI, 2011.
[22] Pour prendre un exemple concret, entre 2008 et 2018, dans l’Union européenne, l’investissement public a baissé de 15 % (Floriana Cerniglia et Francesco Saraceno (dir.), A European Investment Outlook, 2021).
[23] Selon l’expression retenue par Dani Rodrik, Nations et mondialisation, 2008.
[24] Comme le démontre la loi de Baumol.
[25] Signalons que dans The Rise and Fall of American Growth : The US Standard of Living Since the Civil War (2016), Robert Gordon ne retient plus que quatre « vents contraires » : la démographie, l’éducation, les inégalités et la dette publique.
[26] Dans Le monde est clos et le désir infini (2015), l’économiste français Daniel Cohen soutient également cette thèse : serions-nous prêts à renoncer à l’électricité pour continuer à surfer sur Facebook ? Daniel Cohen utilise une formule très explicite : nous serions en train de vivre une « révolution sans croissance ».
[27] Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942.
[28] Autour des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC, les « ordinateurs »), le paradoxe de la productivité peut s’analyser de trois grandes façons : tout d’abord, il faut laisser le temps aux travailleurs de se saisir de cette nouvelle technologie, ce qui réclame des efforts en termes de formation et, plus globalement, d’accumulation de capital humain ; l’impact des NTIC serait bien présent mais très mal mesuré par les outils dont on dispose ; enfin, il faudrait tenir compte d’un délai relativement long pour que les nouvelles technologies jouent leur rôle d’entrainement sur la PGF et la croissance économique. C’est sur cette dernière hypothèse que, dans un premier temps, nous insisterons.
[29] Dans Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942.
[30] Paul David, « The Dynamo and the Computer : An historical Perspective on the Modern Productivity Paradox », 1990.
[31] The Second Machine Age. Work, Progress, and Prosperity in a Time of Brilliant Technologies (2014), Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee systématisent les conclusions de Paul David et introduisent le concept de « point d’inflexion technologique ». A l’aide repérage historique et empirique, ils montrent que les vagues d’innovations radicales ont, par le passé, toujours demandé du temps pour donner leur pleine mesure en termes de PGF et de croissance économique. Si l’on croit cette analyse, les NTIC et l’intelligence artificielle se seraient pas arrivées au « point d’inflexion technologique ». Aussi, la stagnation séculaire ne s’installerait pas…
[32] Jérémy Rifkin, La troisième révolution industrielle, 2011.
[33] Représentant américain du « techno-optimisme », Joel Mokyr défend cette position : « La technologie n’est pas notre ennemi, c’est notre meilleur espoir » (« Secular Stagnation ? Not in your life », 2014).
[34] Dans Le pouvoir de la destruction créatrice (2020), Philippe Aghion et ses co-auteurs (Céline Antonin et Simon Bunel) prennent l’exemple du smartphone qui n’est plus un simple téléphone puisqu’il sert de substitut à de nombreux appareils que l’on achetait autrefois (appareil photo, camera vidéo, lecteur audio, réveil électronique, calculatrice, etc.) et qui ne sont donc plus aujourd’hui saisis par le PIB.
[35] Pour donner un exemple chiffré, Philippe Aghion et ses co-auteurs (Philippe Aghion, Antonin Bergeaud, Timo Boppart, Peter J. Klenow, and Huiyu Li « Missing Growth from Creative Destruction », 2019) calculent que la croissance économique américaine entre 1983 et 2013 n’était pas de 1,93 % en moyenne chaque année mais de 2,49 %. La « croissance manquante » aurait donc été de 0,56 % en moyenne chaque année. Les calculs effectués sur la croissance économique française donnent un ordre de grandeur similaire.
[36] Jonathan Haskel et Stian Westlake, Le capitalisme sans capital, 2017.
[37] Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel, Le pouvoir de la destruction créatrice, 2020.
[38] On peut aussi penser à la consommation gratuite rendue possible par Internet et qui, par définition, n’est pas prise en compte par le PIB. Par exemple, Wikipédia a « remplacé » les achats d’encyclopédie…
[39] Philippe Aghion et Céline Antonin, Le Monde, 5 janvier 2024.
[40] Philippe Aghion, Repenser la croissance économique, 2016.
[41] Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) mais aussi Nvidia et Tesla.
[42] Thomas Philippon, The Great Reversal : How America Gave Up on Free Markets, 2019. Thierry Philippon considère que l’action des lobby des grandes entreprises a conduit au « laxisme » des autorités de la concurrence. Il y aurait une « capture du régulateur » (George Stigler, « The Theory of Economic Regulation », 1971).
[43] Philippe Aghion et Céline Antonin, Le Monde, 5 janvier 2024.
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Eric Keslassy

Eric Keslassy

Enseignant d’économie à Sciences Po et en classe préparatoire à LPA (La Prépa Autrement, Paris).

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