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Accueil Perspectives économiques

Leaning against the wind, politique miracle contre les crises ?

parGuillaume MarderandLouis De Saint Pierre
20 mai 2020
dans Perspectives économiques, Sciences Eco
6 minutes de lecture
1
Leaning against the wind, politique miracle contre les crises ?
Une politique monétaire telle que le leaning against the wind est parfois envisagée comme solution miracle dans la prévention des crises économiques. Cette mesure est pourtant peu utilisée, en partie par l’absence de consensus entre économistes et pour des raisons électorales. 

Qu’elles soient budgétaires, monétaires, d’austérités ou expansionnistes, l’objectif premier des politiques économiques en temps de crise est d’en atténuer l’ampleur. Incontournable dans la littérature économique, le Leaning against the wind illustre la volonté de maintenir des taux directeurs suffisamment élevés pour atteindre une inflation cible et freiner l’expansion, réduisant ainsi la violence des potentiels chocs macroéconomiques futurs. 

À première vue, rien de plus logique : augmenter les réserves et ralentir l’expansion économique afin de réduire la violence de la crise en assurant une marge de manœuvre sur les taux d’intérêts pour relancer l’économie le moment venu. 

Si cette pensée semble intuitive, l’utilisons-nous aujourd’hui ? 

L’argument principal du Leaning against the wind étant la hausse du taux d’intérêt directeur, force est de constater que le vieux continent en est loin. Il faut remonter jusqu’à 2009 pour observer un taux supérieur ou égal à 2% en Zone Euro (1). Pourtant, entre la crise des subprimes, des dettes souveraines et celle du coronavirus, soit presque huit à dix ans, l’occasion aurait pu être saisie pour remonter les taux. 

Faut-il voir en son absence un synonyme d’une théorie ayant fait son temps ? 

Au contraire, nombre d’économistes continuent de voir le Leaning against the wind d’un oeil bienveillant. L’un des arguments clés repose sur le fait que cette politique permet d’obtenir des leviers plus importants en période de crise. En effet, si les taux directeurs ont préalablement été augmentés, le décideur public aura ainsi davantage de marge de manœuvre pour les abaisser et atteindre des taux nuls ; puisque les taux d’intérêts directeurs ne peuvent être trop négatifs, alors avoir des taux sensiblement supérieurs à zéro permet de disposer de plus de latitude pour baisser les taux d’une façon plus importante.

Un détour par la théorie keynésienne permet de comprendre que si les taux d’intérêts sont maintenus à un niveau trop faible, l’augmentation de la masse monétaire par la banque centrale n’aura plus d’effet de relance. Les agents économiques préféreront thésauriser plutôt que de placer ou consommer. En clair, tout supplément de monnaie restera sous l’oreiller des ménages, et ne sera jamais utilisé dans l’économie réelle : pas de consommation ni d’épargne… et donc pas d’inflation ni de croissance supplémentaire. En cas de crise, la baisse des taux d’intérêts pour relancer l’économie, n’aura alors pas l’effet expansionniste escompté.

Au vu de cet argument, on peut être tenté d’y rapprocher la situation actuelle. En effet, on observe bien aujourd’hui une perte considérable de marge de manœuvre de la Banque Centrale Européenne (BCE) vis-à-vis de ses taux d’intérêts. L’extrême faiblesse de ces derniers, et ce depuis 2015, lui permet de très difficilement les remonter. Il ne faut toutefois plonger dans cette erreur réductrice, les politiques non-conventionnelles (Quantitative Easing) de la BCE permettent de pallier à ce problème. En effet, celles-ci consistent en des achats de titres sur les marchés financiers par la Banque Centrale et ne sont donc pas limités par le niveau des taux d’intérêts.

Le Leaning against the wind semble également une solution pour réduire le niveau d’inflation car en ayant des taux d’intérêts plus élevés et une quantité de monnaie en circulation plus faible, la valeur de la monnaie devient alors plus importante, correspondant à un ralentissement de l’inflation.

Cette politique permet également de dissuader tout comportement à risque, contenant ainsi tout aléa de crise. En raison des taux d’intérêt hauts, les taux d’emprunts élevés réduisent la demande de crédit, car ce dernier devient plus cher qu’avant. Ainsi, seuls les emprunteurs robustes et capables de rembourser leurs crédits souscriront à ces derniers. Une sélection s’opère donc : les banques accepteront de prêter uniquement à ces agents, dotés d’une grande solidité économique. À l’inverse, la baisse des taux d’intérêts a tendance à attirer des emprunteurs dont la solvabilité reste à désirer, une des causes de la crise financière de 2008 (2). 

Si en théorie cette politique semble convaincante, pourquoi y être réticent ? 

Des économistes comme Svensson (3) considèrent en effet cette politique comme impossible en période d’inflation faible, ne laissant alors que trop peu de marge pour la mettre en place. En effet, si l’inflation est déjà faible, une hausse des taux d’intérêts détériorerait la situation car le volume de crédits diminuerait, faisant ainsi encourir un risque de déflation (baisse durable et générale des prix) dans les cas les plus graves. De plus, en augmentant les taux, ralentissant donc l’économie en période d’expansion, l’économie viendrait à être volontairement affaiblie, rendant la crise plus probable et plus longue lorsqu’elle surviendra. 

D’autres arguments, plus politiques cette fois-ci, pourraient donner raison à la marginalisation de cette politique. Pour le décideur politique, imposer un Leaning against the wind, donc une augmentation des taux directeurs et in fine un ralentissement de l’économie, serait impopulaire vis-à-vis de son pays et de ses électeurs. L’avènement d’une crise étant incertain, contraindre une expansion économique serait peu profitable à court terme. Le court terme étant l’horizon d’un mandat électoral, il serait alors politiquement risqué d’imposer un freinage de l’économie alors que celle-ci connaît une expansion. Le législateur oublierait là toute chance de réélection. À l’inverse, en maintenant des taux faibles lors d’une période d’expansion, l’économie en serait davantage stimulée à court terme, situation plus profitable politiquement. En se focalisant sur les effets de court terme, l’homme politique a le choix entre appliquer une politique qui freine la croissance de l’économie, et une qui la stimulera. Le cadre électoral semble favoriser une pensée courtermiste, écartant de facto cette politique. 

Si le Leaning against the Wind semble théoriquement bénéfique pour l’économie, en contenant l’exaltation de l’économie, réduisant l’inflation et les comportements risqués avec, il reste toutefois écarté des politiques économiques actuelles. Entre inflation faible, taux bas et considérations politiques, le cadre présent semble s’éloigner de celui propice à sa mise en place. 

Sources :

(1) Banque de France, https://www.banque-france.fr/statistiques/taux-et-cours/les-taux-monetaires-directeurs (Consulté le 11/04/2020)

(2) Sule Alan, Gyongyi Loranth, Subprime Consumer Credit Demand: Evidence from a Lender’s Pricing Experiment, The Review of Financial Studies, Volume 26, Issue 9, September 2013, Pages 2353–2374

(3) Svensson, Lars EO. “Cost-benefit analysis of leaning against the wind.” Journal of Monetary Economics 90 (2017): 193-213.

Sujets Politique monétaire
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Guillaume Marder

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Louis De Saint Pierre

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