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Politiques économiques keynésiennes, quels enseignements des années Mitterrand ?

Premier Président socialiste de la Vème République, François Mitterrand a mis en place une politique de relance keynésienne inédite. Menant rapidement à une situation économique dégradée, la deuxième partie de son mandat sera dédiée au retour de la compétitivité française.

parOscar Besson
25 mai 2020
dans France, Perspectives économiques
10 minutes de lecture
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Politiques économiques keynésiennes, quels enseignements des années Mitterrand ?

L'économiste anglais John Maynard Keynes (1883-1946) • Crédits : Bettmann - Getty https://www.inspirama.co/politiciens/livres-recommandes/francois-mitterrand/

En période de crise, on évoque régulièrement les différentes options dont disposent les gouvernements. L’une d’elle – bien connue – est la relance keynésienne. Cette option sera choisie et mise en place par le gouvernement de François Mitterrand en 1981. Or cette relance va déboucher sur de nombreuses difficultés, comme le chômage, l’augmentation des déficits publiques et l’inflation. Tout l’enjeu pour le gouvernement socialiste sera de stabiliser ces indicateurs, sans enfoncer le pays dans la crise. Deux mandats seront nécessaires pour ramener la France sur la voie de la stabilité et de la croissance. 

Après les élections présidentielles de 1981, François Mitterrand, le premier Président socialiste de la Vème République, arrive au pouvoir. Rapidement, plusieurs mesures phares sont votées : hausse du salaire minimum, baisse des cotisations sociales des entreprises, hausses des prestations pour les plus démunis, semaine à 39 heures, 5ème semaine de congés payés, etc.… 

Cette stratégie risquée a été financée principalement par les entreprises, qui devaient être capables de supporter les crises économiques à venir, surtout à la suite des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Alors, 40 ans plus tard, quelles ont été les conséquences de cette politique économique ? 

Une politique de relance keynésienne inefficace 

Lorsque le gouvernement mené par Pierre Mauroy obtient la majorité à l’Assemblée Nationale, son gouvernement souhaite mettre en place le fameux « Programme commun » de la gauche : hausse du SMIC, instauration de l’ISF, cinquième semaine de congés payés, semaines de 39 heures, hausse forte de la création d’emploi publics (162,000 personnes entre 1981 et 1983) et baisse des cotisations sociales d’entreprises. C’est pourquoi la France met en place une augmentation de 3% de l’investissement public en 1981, contre 0% dans l’OCDE au même moment. 

L’hypothèse du gouvernement était de penser que cette stimulation de la demande entraînerait une hausse de la production de biens et de services. Cette nouvelle production assurerait une hausse des bénéfices des entreprises qui renfloueraient, via les impôts, les comptes privés et publics. Cette prédiction s’est néanmoins révélée inexacte.

Une balance commerciale déficitaire 

Conséquence directe de la politique de relance de 1981 :  la stimulation de la demande intérieure et la perte de compétitivité-prix conduisent à un important déficit de la balance commerciale (-3% entre 1981 et 1983).  En effet, l’augmentation du SMIC rend la main d’oeuvre française moins bon marché que la main d’oeuvre des pays voisins. La France subit alors la concurrence européenne de son voisin allemand, son premier partenaire dans les secteurs industriels. Une hausse des salaires et donc une baisse de la compétitivité sur le marché du travail. Dans le secteur public, les coûts de l’Etat bondissent (la dette de l’administration publique passe de 30% à 39% entre 1981 et 1987). 

En 1982, alors que le différentiel d’inflation avec l’Allemagne est au plus haut, Pierre Mauroy refuse d’ajuster la parité franc-mark, ce qui va accentuer la baisse de la compétitivité. En effet, en maintenant un franc fort, un produit fabriqué en France coûte plus cher à importer pour les pays voisins. Les pays européens préfèreront acheter auprès d’un pays dans la monnaie est sous-évaluée afin de faire une bonne affaire, ou idéalement de produire soi-même la marchandise. Une surévaluation de la monnaie a conduit à une baisse de la compétitivité. 

Cette erreur coûtera chère aux finances françaises, puisqu’il faudra dévaluer la monnaie six mois plus tard. Dévaluer sa monnaie permet de produire une marchandise et de la vendre à un pays, pour qui cette marchandise semblera bon marché. S’en suivront deux autres dévaluations jusqu’à ce que la politique de désinflation permette de passer d’un franc fort à une monnaie correctement évaluée. Une devise stable présente de nombreux avantages, comme la stabilité du pouvoir d’achat, l’anticipation économique, la création d’emploi et la compétitivité à l’exportation (car les prix des produits exportés évoluent moins vite que ceux des concurrents). 

Une explosion du chômage 

Avec toutes ces mesures anti-compétitives, le chômage a doublé entre 1981 et 1994, passant de 1,6 à 3,3 millions de chômeurs. Pour lutter contre ce chômage de masse, le gouvernement Mitterrand mise dans les premières années sur une relance par la consommation (hausse des bas salaires, baisse de la TVA,  baisse des impôts). Par ailleurs, les nationalisations se multiplient pour tenter de sauvegarder les entreprises.  En effet, avec la baisse du pouvoir d’achat et la baisse de la compétitivité, certaines entreprises se retrouvent en difficultés financières. Certaines sont même au bord de la faillite. L’Etat peut donc décider de devenir actionnaire majoritaire de ces entreprises. Ainsi, il se porte garant de la bonne santé financière de l’organisation, et peut éviter la faillite en renflouant la trésorerie de l’entreprise. 

Ces politiques keynésiennes sont majoritairement impuissantes car en soutenant trop la demande, l’inflation augmente. En effet, les entreprises comprennent que les ménages ont un  pouvoir d’achat qui augmente, et décident d’augmenter leurs prix, afin de trouver un équilibre entre l’offre et la demande. Ainsi, tant que le gouvernement décidera d’augmenter les salaires, les prix augmenteront sensiblement de la même manière.  C’est ce qu’on appelle l’inflation induite par la demande. 

Cette politique keynésienne est un échec, puisqu’en 1983, le nombre de chômeurs dépasse les 2 millions. Cette hausse du chômage va principalement toucher les moins qualifiés. En effet, avec la hausse du salaire minimum,  il devient plus compliqué pour les employeurs d’embaucher, car un travailleur leur “coûte” plus cher. Des chocs exogènes (les chocs pétroliers puis la guerre du Golfe) et endogènes (augmentation des coûts de production et salariaux) font chuter la production, donc les bénéfices. La baisse des bénéfices entraîne la baisse des salaires, et la baisse des embauches. Cela se traduit par une baisse du salaire disponible et du pouvoir d’achat, et donc finalement une baisse de la consommation globale, et de la croissance. 

Alternatives économiques

La croissance du PIB lors du second mandat de François Mitterrand

Alors que le développement du chômage et  la baisse de la production donnent le sentiment que la France s’est enfoncée dans la crise, les résultats économiques globaux sont plutôt positifs. Entre les deux mandats de François Mitterrand, le PIB s’est accru de 28%, en deux temps. D’abord modérée entre 1981 et 1986, la croissance est poussée par la relance budgétaire et monétaire. Puis, à partir de 1986, la France bénéficie comme les pays voisins du contre-choc pétrolier, de la réunification de l’Allemagne, et de la baisse du dollar, car : 

  • Le contre-choc pétrolier de 1980 voit le prix du baril de pétrole remonter, ce qui assure une relance de l’économie à l’échelle mondiale.
  • La réunification de la RDA et de la RFA a entraîné une forte inflation en Allemagne, ce qui a permis à la France d’avoir une meilleure compétitivité de sa devise. 
  • La baisse du dollar facilite les exportations françaises.

La reprise culmine en 1988 et 1989 avec une croissance qui dépasse les 4 %. Néanmoins, le chômage poursuit son augmentation jusqu’à atteindre 11,7% en 1994.

Alternatives économiques

La rentabilité renouvelée des entreprises

Un autre objectif phare du gouvernement en 1981, c’est l’augmentation de la part de la valeur ajoutée rendue aux entreprises. Pour rappel, la valeur ajoutée correspond au chiffre d’affaires, dont on déduit les coûts intermédiaires. Grâce à une série de réformes des impôts sur les entreprises, les entreprises vont récupérer un plus grand pourcentage de cette valeur ajoutée. Les entreprises peuvent ainsi augmenter leurs fonds propres.

La transition se fait progressivement à partir de 1982, et en 1988, la part de la valeur ajoutée qui revient à ces derniers demeure à peu près stable autour de 60 %. Il était sans doute nécessaire de rétablir une répartition qui permette aux entreprises d’investir sans s’endetter massivement en période de taux d’intérêt élevés. 

En effet, récupérer une plus grande partie de la valeur ajoutée permet d’augmenter les fonds propres d’une entreprise et de consolider les finances. Ces fonds assurent une trésorerie solide, permettant d’investir sans emprunter aux banques.  A posteriori, ces investissements en fonds propres ont facilité l’innovation et la croissance, sur le court et moyen terme. 

Une maîtrise de l’inflation grâce à la rigueur imposée dès 1982

Il faut comprendre que ce bilan positif est dû principalement à la rigueur imposée à partir de 1983, portée par Jacques Delors, Pierre Bérégovoy et Edouard Balladur. En effet, un plan de contrôle de l’inflation est mis en place tout au long des deux mandats de François Mitterrand. Au cours du premier, l’inflation nominale est réduite de moitié entre 1983 et 1985. Ces efforts sont atteints grâce à différentes mesures : arrêt de la politique de relance, contraction des dépenses publiques,  hausse des taux d’intérêt, et l’arrêt de la hausse des salaires.

Le retournement du cours du dollar à la fin de l’année 1985 et la chute des prix du pétrole favorisent aussi le processus de désinflation français. D’une part, la baisse du cours du dollar favorise les exportations françaises. De l’autre, la baisse du baril de pétrole permet de réduire les coûts intermédiaires de production, et évite l’augmentation des prix, et donc l’inflation. Finalement, on passe de 13,6% d’inflation en 1980 à 1,6% en 1994.

Le coût de l’alignement sur le modèle allemand de croissance non inflationniste a assurément été lourd en matière de croissance et d’emploi. En effet, les politiques d’austérité menées ont contracté les salaires, le pouvoir d’achat, la production, la bonne santé des entreprises et donc finalement la création emploi. 

Cela a notamment été le cas pendant les dernières années de désinflation où la surévaluation du taux de change a provoqué faillites et licenciements. En effet, une surévaluation du taux de change s’explique par une politique monétaire nationale qui devient extrêmement restrictive. Les autorités provoquent une hausse des taux de change en maintenant trop longtemps des taux d’intérêt trop élevés. Ce comportement peut s’expliquer de diverses façons: une phobie obsessionnelle de l’inflation, le besoin d’attirer des capitaux étrangers pour financer un déficit extérieur, ou encore le souci de maintenir, coûte que coûte, la parité monétaire avec un partenaire clef, comme l’Allemagne. 

Le tissu industriel en est sorti plus fort, mais aussi plus mince. Il est aujourd’hui toujours moins dense qu’en Allemagne : la France compte 5000 entreprises de taille intermédiaire, contre 13,000 pour son voisin outre-rhin. 

Au terme des deux mandats de François Mitterrand, plusieurs leçons ont été tirées. Tout d’abord, une politique de hausse des salaires et des dépenses publiques n’a pas mené à un retour de la croissance espérée. Bien au contraire, elle a conduit à une dégradation de la compétitivité-coût et du commerce extérieur, et donc à l’augmentation du chômage de masse. 

En revanche, la politique de désinflation compétitive engagée en 1982 va permettre à la France d’engranger des bénéfices dès le début du second mandat de François Mitterrand. Durant plusieurs années, la France devient structurellement excédentaire, mais au prix d’une politique économique durablement restrictive, qui va limiter l’investissement et la consommation sur le long-terme.

Sources :

  1. Les années Mitterrand : bilan d’une France en crise, Jean-Jacques Becker dans L’Histoire, Mensuel 224, Septembre 1998
  2. Les Années Mitterrand Du changement socialiste au tournant libéral, Mathias Bernard, Collection Histoire edition Belin, 2015
  3. Le bilan des années Mitterrand, Philippe Frémeaux, Louis Maurin, Dominique Plihon et Sandrine Trouvelot, Alternatives Economiques, 01/02/1995
Sujets histoire économiqueKeynesPolitique économique
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Oscar Besson

Oscar Besson

Jeune diplômé du Master Affaires Publiques de SciencesPo Paris, Oscar est notamment passionné par l'histoire économique et les pays scandinaves.

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