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Quels effets du salaire minimum ?

parClément Boullé
28 octobre 2024
dans Europe, France, Perspectives économiques
0
Quels effets du salaire minimum ?
AUTEUR            Clément Boullé
FORMAT           Perspectives économiques
DATE                  14 octobre 2024
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Le débat sur les effets du salaire minimum reste l’un des plus polarisants en économie, oscillant entre bénéfices pour les ménages et contraintes pour les entreprises. Si une hausse du salaire minimum améliore généralement les salaires et la qualité de vie des travailleurs, ses impacts sur l’emploi et la compétitivité des entreprises, particulièrement les plus petites, sont plus nuancés. Cet article explore les conclusions des études empiriques pour éclairer un sujet encore débattu.
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Le débat sur le salaire minimum est l’un des plus animés en économie. La littérature scientifique à ce sujet est vaste, avec des études souvent contradictoires, rendant difficile l’émergence d’un consensus clair. Ainsi, même parmi les économistes, les effets d’une hausse du salaire minimum sont perçus davantage comme une question idéologique qu’empirique. [19] Dans ce contexte, il est essentiel de mettre en lumière les enjeux scientifiques. Quels résultats font l’unanimité ? Quels sont ceux qui restent sujets à débat, et pourquoi ? Et surtout, quel bilan peut-on tirer de l’avalanche d’articles sur le sujet ?
Si le salaire minimum occupe une place centrale dans les discussions économiques, c’est qu’il agit comme un prix sur le marché du travail. D’un côté, il représente un revenu pour les travailleurs qui offrent leur force de travail, et de l’autre, un coût pour les entreprises qui en ont besoin. Cette double dimension en fait un sujet complexe à analyser. Évaluer l’impact d’une hausse du salaire minimum nécessite en effet d’examiner à la fois les bénéfices pour les ménages et les contraintes pour les entreprises. Cette dualité, entre soutien au pouvoir d’achat des employés et gestion des coûts pour les employeurs, concentre toute la difficulté de l’analyse des politiques de salaire minimum. Afin de fournir une vision équilibrée du sujet, il est donc crucial de comprendre ces deux facettes.
En France, les réformes liées au salaire minimum sont rares. Actuellement, le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) est indexé sur un indice de prix à la consommation, ce qui entraîne des augmentations régulières, en phase avec la hausse des prix. Cependant, une fois ajusté pour l’inflation, le montant réel du SMIC a peu évolué depuis les années 1980. Les dernières réformes majeures concernant le coût du travail remontent à la fin des années 1990. Cela signifie qu’il n’y a pas eu d’évaluation empirique significative sur l’impact des augmentations du SMIC en France depuis plus de 20 ans. Or, l’économie française a profondément changé depuis (qui utilise encore le minitel ?), rendant les anciennes analyses peu pertinentes pour comprendre les effets d’une hausse en 2024. Face à ce manque d’analyses récentes, il est utile de se tourner vers des études internationales. L’introduction d’un salaire minimum fédéral en Allemagne, en 2015, a par exemple permis de nombreuses recherches sur une économie comparable à celle de la France, offrant des points de comparaison intéressants.
Les hausses de salaire minimum augmentent-elles le pouvoir d’achat des ménages ?
La première étape pour évaluer l’efficacité des hausses du salaire minimum consiste à vérifier si elles améliorent réellement le niveau de vie des ménages. Cela semble évident à première vue, mais en réalité, plusieurs facteurs peuvent atténuer l’impact attendu sur le pouvoir d’achat. En effet, des hausses salariales ne se traduisent pas toujours par une augmentation proportionnelle du revenu disponible, en raison de divers effets indirects. Par exemple, une hausse du SMIC peut entraîner des augmentations de prix, réduisant ainsi le gain réel pour les ménages.
Les études empiriques s’accordent sur un point : les hausses du salaire minimum légal entraînent une augmentation des salaires effectifs pour les travailleurs rémunérés au niveau de ce minimum [1,2,7], ainsi que pour ceux dont les salaires sont légèrement supérieurs [3]. On observe donc un effet d’entraînement : une hausse du salaire minimum conduit souvent à des revalorisations salariales au-delà de l’augmentation légale stricte. De nombreux travailleurs, craignant d’être “rattrapés” par la hausse du salaire minimum, exercent une pression sur leurs employeurs pour obtenir une revalorisation de leur salaire. Dans certains secteurs, ces augmentations sont même automatiques, certaines conventions collectives indexant une partie des rémunérations sur les hausses du SMIC.
Cependant, il n’est pas évident que ces hausses de salaire se traduisent automatiquement par une augmentation du pouvoir d’achat. L’un des premiers facteurs à considérer est le comportement des travailleurs eux-mêmes face à ces augmentations. Lorsque le salaire horaire augmente, un travailleur peut être incité à travailler davantage car chaque heure de travail est mieux rémunérée : c’est ce qu’on appelle « l’effet revenu ». Mais en parallèle, ce même travailleur peut aussi choisir de travailler moins tout en maintenant un revenu global identique, profitant ainsi de plus de temps libre : c’est « l’effet substitution ». Ces deux effets s’opposent, rendant incertain l’impact des hausses salariales sur l’offre de travail totale des ménages. En Allemagne, par exemple, après l’introduction du salaire minimum, les économistes ont constaté une baisse du nombre total d’heures travaillées [9], limitant ainsi l’effet des hausses salariales sur le revenu total des ménages.
Parallèlement, l’augmentation des coûts du travail pousse certaines entreprises à répercuter cette hausse sur leurs prix de vente. Cette inflation se fait surtout sentir dans les secteurs non-marchands, où la concurrence internationale est limitée (pensez à votre coiffeur, qui n’a pas à craindre que vous importiez une coupe de cheveux) [6, 7]. La hausse des prix réduit alors l’impact des augmentations du salaire minimum sur le pouvoir d’achat : gagner plus est moins avantageux si les prix augmentent simultanément.
Malgré ces nuances, les études concluent souvent que les hausses du salaire minimum s’accompagnent d’une meilleure satisfaction au travail [12] et d’une amélioration de la qualité de vie [1]. Certaines recherches vont même jusqu’à démontrer des effets positifs sur la santé physique et mentale des travailleurs [10, 11]. Ainsi, l’effet global des hausses du salaire minimum sur les ménages reste, dans l’ensemble, positif.
Les hausses du salaire minimum ont-elles un impact négatif sur l’emploi et les entreprises ?
Le deuxième volet de l’évaluation des hausses du salaire minimum porte sur leurs effets négatifs, notamment sur l’emploi. C’est sur ce point que les débats politiques et académiques se polarisent, et où le consensus reste difficile à atteindre. Deux récentes revues de la littérature américaine ont abouti à un même résultat : une élasticité de l’emploi au salaire minimum de -0,15 [4,5]. En d’autres termes, une augmentation de 1 % du salaire minimum entraînerait une baisse de l’emploi de 0,15 %. Il existe donc un effet négatif sur l’emploi, mais son ampleur semble relativement modeste. En Allemagne, les diverses études confirment également des effets négatifs, mais ces derniers se révèlent bien inférieurs aux craintes exprimées avant la mise en place du salaire minimum [1].
Cependant, ces résultats macroéconomiques cachent une hétérogénéité importante. Tout comme les hausses de salaire ne concernent pas tous les travailleurs, l’impact sur l’emploi varie selon les populations. Si l’effet global reste modéré, il est en réalité concentré sur les populations les plus vulnérables, qui subissent un impact négatif plus marqué. Les travailleurs peu qualifiés, peu éduqués, ou à temps partiel sont particulièrement touchés [1,4]. De plus, dans les métiers peu qualifiés, la hausse des coûts du travail peut accélérer le remplacement des travailleurs par des technologies, comme les robots ou l’intelligence artificielle [17]. Ironiquement, ces mêmes travailleurs, souvent les moins bien rémunérés, sont ceux qui bénéficieraient le plus d’une augmentation du salaire minimum, à condition de conserver leur emploi.
Enfin, l’augmentation du coût du travail peut aussi affecter les entreprises les plus fragiles. Alors que les entreprises des secteurs non-marchands répercutent ce coût sur les prix, celles exposées à la concurrence internationale sont contraintes de réduire leurs marges. Les grandes entreprises, grâce à leur flexibilité financière, absorbent mieux ces baisses en diminuant leurs profits [7]. Les TPE et PME, en revanche, ont peu de marges de manœuvre. En Allemagne, cette dynamique a entraîné une réallocation de la main-d’œuvre vers les grandes entreprises [8] : les petites structures ont davantage licencié, tandis que les grands groupes ont pu augmenter les salaires sans conséquences significatives sur l’emploi.
Quel effet macro ?
Comme nous l’avons souligné, augmenter le salaire minimum est une mesure ambivalente. D’un côté, les travailleurs concernés bénéficient d’une meilleure rémunération, avec parfois un gain en temps libre. De l’autre, l’impact sur l’emploi, bien que modéré dans l’ensemble, se concentre sur les travailleurs les plus vulnérables, dont l’accès à l’emploi est souvent précaire. Ainsi, bien que les effets négatifs ne semblent pas assez marqués pour annuler les bénéfices économiques globaux des hausses de salaire minimum [5], il reste crucial d’accompagner les populations les plus à risque afin de limiter les conséquences néfastes de ces augmentations.
Cette vigilance est d’autant plus nécessaire que la perte d’emploi peut aggraver le risque de pauvreté pour ces travailleurs. En effet, l’impact du salaire minimum sur la pauvreté est un sujet complexe et les comparaisons internationales révèlent des résultats divergents. Aux États-Unis, le salaire minimum semble avoir contribué à la réduction de la pauvreté [14], mais ce n’est pas le cas en Allemagne [1]. Une question clé est de savoir si les travailleurs à bas salaire appartiennent aux ménages pauvres. En France, les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont souvent des chômeurs ou des travailleurs indépendants [18], peu concernés par une revalorisation du SMIC. Par conséquent, il est peu probable qu’une hausse massive du SMIC soit un levier efficace de lutte contre la pauvreté.
En revanche, augmenter les salaires des travailleurs les moins bien payés est un moyen avéré de réduire les inégalités. En Allemagne, environ 50 % de la réduction des inégalités dans les années 2010 est attribuable à l’introduction du salaire minimum [16], et ce rôle est également observé aux États-Unis [15]. Le salaire minimum, s’il n’élimine pas la pauvreté, semble donc être un outil efficace pour atténuer les écarts de revenus.
 
 
 
 
Bibliographie
1 Caliendo, Marco, Linda Wittbrodt, and Carsten Schröder. “The causal effects of the minimum wage introduction in Germany–an overview.” German Economic Review 20.3 (2019): 257-292.
2 Dube, Arindrajit. “Impacts of minimum wages: review of the international evidence.” Independent Report. UK Government Publication (2019): 268-304.
3 Cengiz, Doruk, et al. “The effect of minimum wages on low-wage jobs.” The Quarterly Journal of Economics 134.3 (2019): 1405-1454.
4 Neumark, David, and Peter Shirley. “Myth or measurement: What does the new minimum wage research say about minimum wages and job loss in the United States?.” Industrial Relations: A Journal of Economy and Society 61.4 (2022): 384-417.
5 Dube, Arindrajit, and Ben Zipperer. Own-Wage Elasticity: Quantifying the Impact of Minimum Wages on Employment. No. w32925. National Bureau of Economic Research, 2024.
6 Link, Sebastian. “The price and employment response of firms to the introduction of minimum wages.” (2019).
7 Harasztosi, Péter, and Attila Lindner. “Who pays for the minimum wage?.” American Economic Review 109.8 (2019): 2693-2727.
8 Dustmann, Christian, et al. “Reallocation effects of the minimum wage.” The Quarterly Journal of Economics 137.1 (2022): 267-328.
9 Caliendo, Marco, et al. “The short-term distributional effects of the German minimum wage reform.” (2017).
10 Leigh, J. Paul, Wesley A. Leigh, and Juan Du. “Minimum wages and public health: a literature review.” Preventive medicine 118 (2019): 122-134.
11 Reeves, Aaron, et al. “Introduction of a national minimum wage reduced depressive symptoms in low‐wage workers: a quasi‐natural experiment in the UK.” Health economics 26.5 (2017): 639-655.
12 Ahmat, Nur Hidayah Che, Susan W. Arendt, and Daniel W. Russell. “Effects of minimum wage policy implementation: Compensation, work behaviors, and quality of life.” International Journal of Hospitality Management 81 (2019): 229-238.
13 Sotomayor, Orlando J. “Can the minimum wage reduce poverty and inequality in the developing world? Evidence from Brazil.” World Development 138 (2021): 105182.
14 Dube, Arindrajit. “Minimum wages and the distribution of family incomes.” American Economic Journal: Applied Economics 11.4 (2019): 268-304.
15 Autor, David H., Alan Manning, and Christopher L. Smith. “The contribution of the minimum wage to US wage inequality over three decades: a reassessment.” American Economic Journal: Applied Economics 8.1 (2016): 58-99.
16 Bossler, Mario, and Thorsten Schank. “Wage inequality in Germany after the minimum wage introduction.” Journal of Labor Economics 41.3 (2023): 813-857.
17 Aaronson, Daniel, and Brian J. Phelan. “Wage shocks and the technological substitution of low‐wage jobs.” The Economic Journal 129.617 (2019): 1-34.
18 L’essentiel sur… la pauvreté | Insee
19 O’Neill, Donal. “Divided opinion on the Fair Minimum Wage Act of 2013: Random or systematic differences?.” Economics Letters 136 (2015): 175-178.
Sujets Dareséconomie du travailLittérature économiqueRecherche en économieSMIC
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Clément Boullé

Clément Boullé

Économiste à la Dares, Ministère du Travail Titulaire d'un PhD en économie de l'Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles, je me spécialise dans l'analyse des politiques publiques et leur impact sur le marché du travail. Mes recherches portent sur l'impact du salaire minimum, l'emploi des intérimaires et leur attachement au marché du travail et le non-recours à l'Assurance Chômage.

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