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Vers une agriculture de proximité ? Ce que le confinement nous dit sur les enjeux de l’alimentation.

L’engouement que le confinement a provoqué pour les circuits courts réactualise les tensions sanitaires et environnementales du modèle agricole français.

parMartin Varron
24 juillet 2020
dans France, Perspectives économiques
10 minutes de lecture
0
Vers une agriculture de proximité ? Ce que le confinement nous dit sur les enjeux de l’alimentation.
Alors qu’en France, le secteur agricole est l’un des plus polluants, la crise sanitaire a renforcé l’attrait des Français pour une alimentation saine. La crise a par ailleurs modifié la façon dont les ménages consomment, au détriment du secteur de la culture par exemple, mais au profit de l’alimentation. Comment cela se traduit-il pour les circuits courts et consorts ? 

Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation), la moitié des aliments produits chaque année sont jetés. Chaque année en France, on produit environ 10 millions de tonnes de pertes et de gaspillages agricoles. En clair, du champ à l’assiette, l’aliment est soit impropre à la consommation du fait d’une altération de sa qualité, ou délibérément retiré de la consommation alors qu’il demeure comestible (1). 

Les pertes et gaspillages alimentaires français produisent à leur tour 15 millions de tonnes équivalent CO2, soit 5% des émissions annuelles de la France. Autre tare du modèle agricole français : une importante quantité de déchets agricoles est produite chaque année. D’après le SDES (Service de la donnée et des études statistiques), entre 2006 et 2014, c’est près de 1 300 000 tonnes de déchets agricoles qui ont été émises sur le territoire français chaque année. Un quart de ces déchets est qualifié de « dangereux ». 

En temps de crise sanitaire, les divers enjeux liés à l’agriculture nous poussent à envisager une façon de reprendre le contrôle des circuits alimentaires, du producteur jusqu’au consommateur.

Le circuit est dit « court » s’il ne comprend qu’un intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur. Les circuits courts comprennent donc par exemple la vente directe à la ferme, les « drives » fermiers, de plus en plus nombreux pendant le confinement, mais aussi la vente indirecte, dans un restaurant qui se procure ses aliments directement depuis une ferme. 

Il est indéniable que le secteur agricole est hautement polluant. Il produit à lui seul 98% des émissions de NH3, c’est-à-dire d’ammoniac, de la France. Ces dernières contribuent à la formation de particules fines (*) et à l’eutrophisation (**) des milieux. 

La crise sanitaire a renforcé la défiance qui visait déjà la mondialisation, considérée comme la globalisation effrénée d’échanges de biens et services à travers la planète, en faisant fi des limites environnementales ou humaines que peut présenter le commerce. Les circuits courts sont intrinsèquement liés aux crises sanitaires. La crise de la vache folle par exemple (2), a provoqué une peur alimentaire chez certains consommateurs soucieux de la provenance des aliments dans leur assiette.

Le confinement de la population française, débuté le 17 mars 2020, a évidemment modifié les habitudes de consommation. La fermeture des cinémas, des théâtres ou des salles de concert a considérablement diminué les dépenses affectées aux loisirs. D’autres postes de consommation tels que l’habillement ont été diminués. 

Chaque mois, en France l’INSEE évalue les dépenses alimentaires en valeur des ménages entre 16 et 17,5 milliards d’euros. On peut emprunter un exercice de microéconomie présent dans la Lettre Economique d’avril des Chambres d’Agriculture (3). 

On observe depuis plusieurs décennies une baisse structurelle des dépenses alimentaires des ménages. Mais selon les données mobilisées dans cette lettre, les dépenses alimentaires se sont portées à 20,4 milliards d’euros sur le mois de mars 2020. 

Ainsi, on pourrait penser que les dépenses des autres postes ont été transférées à l’alimentation, aller faire ses courses s’étant souvent transformé en l’unique motif pour sortir de chez soi. La propension des ménages à épargner à quant à elle augmenté, en prévision d’une situation macroéconomique dégradée. 

Ainsi, les économies réalisées dans ces postes n’ont pas été transférées dans leur intégralité à l’alimentation. En outre, pour de nombreux ménages, le confinement est allé de pair avec la perte de l’emploi ou la baisse des revenus.

Modification de la fonction d’utilité des ménages avec le confinement

Quentin Mathieu pour la Chambre de l’agriculture, avril 2020.

Le budget du consommateur est modélisé par la droite de contrainte budgétaire. Elle marque la limite des ressources grâce auxquelles le consommateur peut acheter différents “paniers de biens” c’est-à-dire des combinaisons de quantités de bien Q1 et Q2 (c’est un modèle simplifié où seulement deux types de biens existent). En dessous de la droite de contrainte budgétaire se trouve le pouvoir d’achat du consommateur (tous les paniers de biens Q1 et Q2 qu’il est capable d’acheter avec ses ressources). Avec la baisse de revenus induite par le confinement et le chômage partiel, la droite de contrainte budgétaire se déplace de R à R’. En admettant que Q1 correspond aux dépenses alimentaires, les dépenses en biens Q1 ont augmenté relativement aux dépenses en biens Q2, qui symbolisent les autres biens. On passe donc de Qe1 à Q’e1, et de Qe2 à Q’e2 (e signifiant que l’on se trouve à l’équilibre). L’utilité du consommateur varie en fonction des combinaisons de biens et est représentée par ce qu’on appelle une courbe d’indifférence. Cela signifie que tous les paniers de biens Q1 et Q2 qui se trouvent dessus apportent la même utilité finale au consommateur.

On va donc, en supposant que le consommateur soit rationnel, admettre que le point de rencontre de la courbe d’indifférence et de la droite de contrainte budgétaire corresponde au panier de biens Q1 et Q2 choisi par le consommateur. On considère en effet que le consommateur choisit un panier de biens qui se situe sur la courbe de contrainte budgétaire, car il veut maximiser son utilité. Il existe plusieurs courbes d’indifférence, le consommateur consomme un panier de biens Qe1 et Qe2 où sa droite de contrainte budgétaire croise la droite d’indifférence la plus haute à laquelle il peut prétendre. On note que l’utilité est plus faible lorsqu’on passe de la courbe U à la courbe U’, du fait de la baisse des revenus qui vont affecter la droite de contrainte budgétaire. Finalement, la quantité de biens 1, c’est-à-dire de biens alimentaires, a augmenté, tandis que celle des autres biens a diminué. C’est pourquoi le nouveau panier de biens se situe plus à droite. C’est parce que le revenu a diminué que l’on change de courbe d’indifférence.

La hausse de la consommation des produits alimentaires, seul secteur qui connaît une hausse avec le confinement, se traduit par une grande augmentation de la consommation de produits biologiques. L’agriculture biologique, est intrinsèquement liée aux circuits courts. Ils font partie de ce qu’on appelle les formes d’agricultures alternatives. Les mouvements agricoles alternatifs sont apparus en France, en même temps que les inconvénients de l’agriculture intensive à la fin de la Seconde Guerre mondiale se sont fait sentir (4). Le but était de faire perdurer les exploitations « à taille humaine ».

Si ce modèle s’est essoufflé avec la mise en place de la PAC (Politique agricole commune) (***), le confinement semble lui avoir donné un nouveau souffle. Des projets ont vu le jour (5) avec l’aide d’associations. C’est le cas d’Alterna’Bio, qui a permis la mise en place d’un drive fermier en Aveyron (12), après que les marchés aient dû fermer. Si aucune enquête d’envergure nationale n’a vu le jour pour l’instant, de nombreux agriculteurs témoignent avoir vu la demande qui leur était adressée augmenter. 

Si les circuits courts ne signifient pas toujours une agriculture biologique (c’est-à-dire qui excluant l’utilisation de produits chimiques de synthèse), ces deux types de pratiques vont souvent de pair.

L’agriculture biologique semble être la solution miracle à la pollution engendrée par le secteur. Pourtant, il existe une multitude de critiques qui peuvent lui être faites.

Selon Les Echos (6), la critique la plus grave qui justifie qu’on s’en tienne à une agriculture conventionnelle consiste en des rendements inférieurs. « L’agriculture biologique tend effectivement à produire de 19% à 60% de moins que l’agriculture conventionnelle ». Mais c’est oublier les externalités positives engendrées par une telle agriculture. Une externalité peut être négative (coût social) ou positive (bénéfice) et n’est pas prise en compte dans le prix de marché. 

Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a entrepris de rémunérer les « services rendus » par l’agriculture biologique (7). Par exemple, l’érosion hydrique du sol (****) est moindre en agriculture biologique, ce qui lui garantit des rendements plus importants en période de sécheresse. De plus, en moyenne, 30% d’espèces en plus habitent sur les fermes biologiques (8). 

En réduisant le risque de dégradation – chimique et biologique – des sols, les pratiques biologiques sont durables, et limitent les rendements décroissants. La loi des rendements décroissants énonce le principe selon lequel le rendement marginal obtenu par l’utilisation d’un facteur de production supplémentaire (un agriculteur, une machine ou une unité de surface agricole utilisée) diminue, toutes choses égales par ailleurs. 

Une autre raison d’associer les circuits courts et l’agriculture biologique réside dans des chiffres d’affaires plus élevés. Selon l’INSEE, le chiffres d’affaires moyen par hectare est largement plus élevé que dans le cadre une agriculture intensive conventionnelle. 

Pourtant, les frais de personnel y sont supérieurs (9). Une partie de la réponse se trouve dans les prix de vente largement supérieurs. Dans l’agriculture bio, les marges de la grande distribution sont très importantes. Réduire le nombre d’intermédiaires permet de réduire le prix de vente tout en rémunérant le producteur à prix égal. 

Enfin, comme pour le cas de l’énergie, on peut envisager un « mix » agricole. L’élevage biologique de bovins, s’il offre de bien meilleures conditions de vie aux animaux que le modèle intensif, pollue plus par kilogramme de viande produit. Une autre solution pourrait consister à manger moins de viande, à défaut de devenir végétarien. 

Finalement, l’engouement que le confinement a provoqué pour les circuits courts a résulté en des innovations pour que la nourriture parvienne au consommateur. Si les circuits courts sont associés à une agriculture biologique, cette dernière fait face à des critiques laissant penser qu’elle serait plus polluante que l’agriculture conventionnelle. Si la prise de conscience des enjeux sanitaires et environnementaux liés à l’alimentation est durable, on peut espérer que l’agriculture bio puisse pallier ces critiques.

(*) Particules fines :  ce sont des substances de taille microscopique. Plus elles sont petites, plus elles peuvent pénétrer facilement nos poumons. Via les poumons, elles se propagent ensuite dans le sang. Elles sont particulièrement dangereuses car elles peuvent contenir d’autres substances issues notamment de la combustion du bois ou du charbon.

(**) Eutrophisation : c’est le processus par lequel des nutriments s’accumulent. Il entraîne un déséquilibre, par un apport trop important d’azote ou de phosphore par exemple.

(***) PAC : politique européenne entrée en vigueur en 1962 et fondée sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement. Le but initial était de développer l’agriculture en Europe. De nombreuses critiques lui sont adressées. Par exemple, on lui reproche de privilégier la quantité sur la qualité, favorisant ainsi les grandes exploitations et l’agriculture intensive.

(****) Erosion hydrique :  phénomène de dégradation des sols par l’entraînement de particules de terre par l’eau. Elle peut être aggravée par l’action anthropique.

Sources :

  1. www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr 
  2. https://www.cairn.info/les-circuits-courts-alimentaires–9782844447104-page-19.htm#s2n1 
  3. https://chambres-agriculture.fr/publications/toutes-les-publications/la-publication-en-detail/actualites/lettre-economique-davril-2020-souverainete-jecris-ton-nom-et-covid-19-et-microeconomie-de-la-co/ 
  4. https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2011-2-page-44.htm 
  5. https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/20/l-alimentation-en-circuit-court-est-plebiscitee-par-les-francais_6037137_3234.html 
  6. https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/le-bio-solution-miracle-ou-vrais-problemes-1011588
  7. https://agriculture.gouv.fr/quantifier-et-chiffrer-economiquement-les-externalites-de-lagriculture-biologique 
  8. J. Bengtsston, J. Ahnström et A. Weibull, « The effects of organic agriculture on biodiversity and abundance: a meta-analysis », Journal of Applied Ecology, vol. 42, no 2,‎ 2005, p. 261–269 
  9. https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/l-agriculture-bio-est-plus-rentable-que-le-conventionnel-145229.html 
Sujets AgricultureMicroéconomie
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Martin Varron

Martin Varron

Étudiant en troisième année de double licence Économie-Géographie & Aménagement à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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