L’économie du développement étudiait les conditions d’émergence économique et politique des nations en développement en considérant que celles-ci connaissaient des conditions différentes des nations développées. Après l’expansion économique de ces pays entre les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, les crises financières des années 1980 ont conduit à l’adoption du consensus de Washington, renversant l’ordre des impératifs politiques : de l’émergence et de l’industrialisation vers la lutte contre l’inflation et la garantie contre la dette. Un renouveau académique, porté notamment par la technique des Randomized Controlled Trials, a conduit les économistes du développement à délaisser de nombreux aspects de l’émancipation des nations en voie de développement et à concentrer leurs recherches sur la lutte contre la pauvreté.
Après la seconde guerre mondiale, les premiers économistes du développement postulent qu’il existe des particularités propres aux économies des pays non industrialisés et que ces derniers doivent assurer leur émergence internationale et économique en adoptant des politiques différentes de celles des nations industrielles dominantes. Selon les mots de l’un d’eux, Albert Hirschman: « Le développement semble désigner les moyens de la transformation d’une économie, d’une forme à une autre [traduction de l’auteur] » (1). Il rappelle ainsi l’approche de Joseph Schumpeter qui n’écrivait pas au sujet des économies émergentes mais cherchait à appréhender l’évolution et les cycles de l’économie. Selon lui, le développement implique : « [Le] passage, et par le fait même rupture, d’un état d’équilibre à un nouvel état d’équilibre qui n’a rien à voir avec le précédent. » (2).
Après la seconde guerre mondiale, dans un contexte caractérisé par la décolonisation et la guerre froide, Alfred Sauvy énonce: « Nous parlons volontiers des deux mondes en présence, de leur guerre possible, de leur coexistence, etc. oubliant trop souvent […] le plus important […]. Ce Tiers Monde ignoré, exploité, méprisé […] veut, lui aussi, être quelque chose » (3). Il propose ainsi le terme de Tiers Monde qui s’est imposé après la Conférence des Non-Alignés à Bandung en 1955 et l’arrivée au sein de l’Assemblée générale de Nations Unies des pays nouvellement indépendants. Ainsi, la notion de développement implique une transformation tant politique que sociale et économique : il s’agit de transformer les relations sociales internes au pays, comme de permettre à l’État de s’imposer sur la scène internationale.
Les grandes figures de l’économie du développement sont apparues au sein de la Banque mondiale et des grandes universités américaines et étaient, lors des années 50 et 60, favorables à l’implication de l’État dans l’économie ; Paul Rosenstein-Rodan, partisan de la théorie du Big Push pour briser les situations d’équilibre de sous-développement ; Arthur Lewis, concepteur du modèle dual qui porte son nom, où l’économie agricole se caractérise par la productivité marginale nulle des travailleurs et s’oppose à un secteur industriel où la productivité marginale est élevée et où les salaires sont tirés vers le bas du fait de la réserve de travail disponible dans les campagnes ; Alexander Gerschenkron, pour qui les pays économiquement moins développés ne peuvent s’industrialiser que très différemment des précédents en conséquence des avantages économiques acquis de ces derniers ; Albert Hirschman, pour qui les pays en développement doivent assumer une croissance déséquilibrée, où certains secteurs économiques – l’industrie lourde principalement – entraînent le développement du pays en provoquant des déséquilibres macroéconomiques, notamment inflationnistes. Enfin, pour compléter cette très rapide esquisse des noms les plus connus de l’économie du développement, Raul Prebish et Hans Singer ont développé un modèle de dégradation des termes de l’échange pour les pays exportateurs de matières premières qui inspira les politiques de substitution des importations des pays latino-américains et les théories de la dépendance (4).
À cette époque, le paradigme de l’étatisme, selon lequel l’État est l’institution pilote de l’économie, peut s’imposer dans les institutions internationales comme la Banque mondiale ou la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Ce paradigme accompagne alors une croissance importante des économies latino-américaines et des certaines économies africaines comme le Nigéria ou le Kenya et d’un accès facile des gouvernements du tiers-monde au crédit international. Dans le contexte de la guerre israélo-arabe de 1973, les membres arabes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont décidé d’une augmentation des prix du pétrole de 70%. La crise économique qui s’enclenche alors dans les pays développés y réduit les taux de profit, favorise la sortie de l’épargne accumulée dans ces pays ainsi que le réinvestissement des pétrodollars des monarchies du golfe et d’Iran vers les dettes nationales des pays latino-américains ou du Nigéria. Les États-Unis ont dépassé leur pic de production pétrolier en 1971 et renoncé la même année à la parité or du dollar pour pouvoir dévaluer leur monnaie et financer la guerre du Vietnam : les deux facteurs, combinés, augmentent la quantité de dollars en circulation dans le monde. L’inflation, importante aux États-Unis, facilite le remboursement en dollars des dettes nationales des pays peu industrialisés. Le graphe 1 ci-dessous représente la forte croissance des économies du tiers-monde lors des années 1970 et les difficultés rencontrées par après.
*Le graphe exprime les données du PIB par habitant en dollars courants ajustées à l’inflation du dollar depuis 1960. Le PIB par habitant est exprimé en base 100=1960 sauf pour l’Argentine où la base 100=1962 du fait de l’absence de données harmonisées pour les deux années précédentes. Les données n’expriment pas une parité de pouvoir d’achat mais représentent mieux l’évolution des économies nationales au sein des échanges commerciaux et financiers mondiaux. Les données proviennent du site https://databank.worldbank.org/ de la banque mondiale. Les lignes verticales indiquent des chocs pétroliers.
Néanmoins, à partir de 1980, Paul Volcker, président de la Réserve Fédérale depuis un an, enclenche une politique monétaire très restrictive aux États-Unis pour lutter contre l’inflation. Si l’inflation est effectivement réduite, l’économie américaine connaît une récession importante entre 1981 et 1982. À partir de 1981, Ronald Reagan engage, sans la revendiquer, une politique de relance budgétaire en réduisant les impôts et augmentant les dépenses militaires du gouvernement américain. Alors même que la Réserve Fédérale impose une politique monétaire restrictive, l’augmentation de l’endettement public américain suscite une hausse importante des taux d’intérêts qui pèsent sur les pays latino-américains et africains dont les dettes sont libellées en dollars. Ces derniers subissent de plein fouet le tarissement des sources de liquidités et la hausse de leurs charges d’intérêts dès 1980. En 1981, le ralentissement économique des pays développés et l’excès de production de pétrole dû à la mise en exploitation de nouveaux champs pétrolifères que la montée des cours avait encouragée provoque une chute durable des prix des matières premières et des revenus des gouvernements exportateurs de celles-ci.
En août 1982, le Mexique annonce un défaut partiel sur sa dette souveraine, en accord avec le Fonds monétaire international (FMI), enclenchant une crise des dettes souveraines des pays latino-américains et africains. De 1984 à 1985, la Bolivie a connu l’un des plus graves épisodes d’hyperinflation du 20ème siècle après près de 4 années de tentatives d’ajustement budgétaire. Le programme de stabilisation, mis en place dès septembre 1985 sous les auspices de Jeffrey Sachs, fut dénommé thérapie du choc et considéré comme un succès important par sa capacité à réduire drastiquement et rapidement le niveau d’inflation (5). Pour être mise en place, la thérapie du choc requiert la neutralisation d’une potentielle opposition parlementaire, la privatisation des entreprises publiques, la réduction des engagements financiers de l’État (le nombre de fonctionnaires et d’employés des entreprises publiques), l’indépendance de la banque centrale et le ré-échelonnage de la dette publique extérieure, ainsi que la suspension des paiements aux créanciers étrangers privés (6). Des thérapies du choc seront, par après, appliquées dans les pays en transition depuis une économie planifiée vers une économie de marché et des économistes comme Jeffrey Sachs y ont joué un rôle de premier plan.
Les institutions de la finance internationale comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont, en accord avec le département américain du trésor, adopté une position commune dénommée consensus de Washington. Ce terme, conçu par l’économiste John Williamson en 1989, décrit l’accord entre ces trois institutions pour conditionner l’aide économique internationale à des réformes visant à désengager l’État de l’économie, principalement en vue de limiter les risques d’hyperinflation et de défaut sur les dettes publiques.
À la place d’une réflexion sur le développement et la dynamique des transformations économiques, un courant néoclassique au sein duquel il n’y avait plus lieu de distinguer entre économistes du développement et macro-économistes a émergé. Dès lors, il n’existe plus de différence fondamentale entre les pays développés et ceux du tiers monde justifiant une approche économique différente. La différence de nature que reconnaissaient les économistes du développement précédents reposait sur le niveau d’industrialisation des pays et les implications démographiques et sociales de ce dernier. Avec le rejet de l’approche développementaliste et du rôle de l’État, l’importance accordée à l’industrie a diminué aussi, au profit des indicateurs macro-économiques et financiers. Enfin, comme le représente le graphe ci-dessous, la notion même de développement a perdu de son importance.
Le succès économique du Japon (1954-1992) et, postérieurement, de la Corée du Sud (1963-2015), fondé sur de grands conglomérats industriels exportateurs (keiretsu et chaebols), a conduit à un retour de l’intérêt accordé au développement industriel des États. Plusieurs auteurs, principalement Paul Krugman (8), Andrei Shleifer, Robert Vishny et Kevin Murphy (9), ont établi une modélisation assez définitive de la théorie du Big Push : les coûts fixes nécessaires au rendement marginal de production de masse sont trop élevés pour être rentabilisés s’ils sont investis par des entreprises isolées. Ils nécessitent ainsi un grand investissement commun, notamment au travers du développement d’infrastructures publiques. Si le constat est similaire à celui élaboré par Rodestein-Rodan en 1943, le contexte et la conception du rôle de l’État sont alors radicalement opposés à celui et celle de la période d’après-guerre. Loin de l’esprit décolonial des débuts, les institutions internationales et les économistes nationaux, formés au sein des universités américaines et retournés dans leur pays d’origine, imposent des politiques néolibérales dans des conditions souvent peu démocratiques, comme en Indonésie sous Soekarno et au Chili sous Pinochet (10). Par ailleurs, conformément au consensus néo-classique en vigueur, l’époque est à la suspicion quant aux capacités de l’État de gérer efficacement et correctement l’argent public. La majorité des économistes s’intéressent alors aux mécanismes qui permettent d’améliorer les politiques publiques existantes au sein de ces États et en mesure d’attirer des investissements productifs étrangers. D’autant plus que les investissements au sein des pays sous-développés sont considérés, à la suite des travaux de Gary Becker (11), comme inefficaces du fait d’un déficit de capital humain dans ces pays. Les nouveaux centres d’intérêts portent sur la corruption, la productivité et la rationalité économique des individus et des firmes. Deux nouveaux courants, distincts, ont émergé à cette époque et donné naissance à une nouvelle approche de l’économie du développement.
Le premier, néo-institutionnaliste, se retrouve renforcé par l’échec des thérapies du choc appliquées dans les anciens pays communistes après la chute de l’URSS. Il est représenté par les travaux d’économistes comme Joseph Stiglitz (12) qui, à la suite d’Oliver Williamson (13) et Douglas North (14), insistaient, en se fondant sur les concepts néoclassiques, sur les défauts du marché – par exemple les coûts de transaction ou l’asymétrie d’information – et les mécanismes potentiels pour réguler ce dernier. Comme l’illustre le livre Why Nations Fail de Daron Acemoglu et James Robinson (15), les nouveaux institutionnalistes ne différencient pas parmi les économies développées ou non pour l’analyse de la performance des mécanismes et des institutions étudiées. Il s’agit d’une approche technique, officiellement détachée de l’approche macroéconomique générale, considérée trop idéologique, pour préférer l’étude d’institutions particulières. Néanmoins, ce rejet conjoint de l’approche théorique et de l’idéologie ne s’est pas accompagné d’un changement d’attitude des institutions financières internationales qui ont continué à conditionner l’allocation des ressources à des réformes structurelles. Par conséquent, les pays en difficulté n’ont accès qu’aux financements conditionnés des institutions internationales, stipulés en dollars, ce qui renchérit la charge de la dette en cas de dévaluation monétaire, pourtant nécessaire pour garantir la compétitivité des exportations.
Le second courant de recherche regroupe les principaux économistes du développement contemporains et s’inscrit plus radicalement dans un rejet de l’approche idéologique qui caractérisait l’économie du développement d’après-guerre et adopte une position entièrement empiriste vis-à-vis des questions économiques. Cette approche est devenue centrale avec l’émergence des Randomized Controlled Trials, récompensés par l’attribution du prix de la banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel de 2019 à Michael Kremer, Abhijit Banerjee et Esther Duflo. Issue des sciences et des régulations pharmaceutiques, la technique des contrôles aléatoires a connu une publicité récente avec l’attribution de ce prix, puis par les controverses autour de la chloroquine comme traitement contre le Covid-19. Elle consiste en la division d’un échantillon représentatif d’individus en deux groupes sélectionnés aléatoirement. Les deux groupes sont supposés identiques, les individus du premier groupe reçoivent le traitement et ceux du second groupe, un placebo. La comparaison entre les deux groupes permet ensuite de repérer les effets du traitement.
Ce courant de recherche ne se définit plus autour de la question de l’émergence et du développement national mais de la lutte contre la pauvreté. Dans ce champ de recherche, la pauvreté définit une situation de manque absolu, notamment en apport calorique journalier (16). C’est pourquoi, alors que la mesure de la pauvreté est relative dans les pays développés où elle est mesurée par la proportion de la population qui vit avec moins de 60% du revenu médian, elle l’est en valeur absolue dans les études du développement par le calcul de la part de la population qui vit avec moins de 1,08$ par jour en parité de pouvoir d’achat (ppa) de 1985, c’est-à-dire +-1.88$ en 2015. Bien sûr, d’autres indicateurs comme l’indice de pauvreté multidimensionnelle, utilisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ou l’indice de développement humain et d’autres seuils internationaux de mesure de la pauvreté (3.20$ ou 5.50$ de 2015) existent.
Graphe 4.
*Les données proviennent du site https://databank.worldbank.org/ de la banque mondiale.
Si le graphe ci-dessus indique une baisse considérable de la proportion de la population sous les seuils de pauvreté absolus, il se peut que la pandémie et les mesures destinées à la contenir causent une hausse importante de l’incidence de la pauvreté extrême. La méthode des essais randomisés décrite ci-dessus est appliquée par les chercheurs pour étudier l’effet de traitements individuels (le micro-crédit, le traitement vermifuge ou la gratuité des repas à l’école par exemple) pour résoudre une problématique individuelle, la pauvreté et ses nombreuses implications. Néanmoins, cette approche, exclusivement empirique et quantitative, écarte de sa perspective les traitements méso-économiques et macro-économiques comme les termes de l’échange international, les dépenses publiques, les inégalités ou l’industrialisation et le développement, des questions jugées trop idéologiques car non vérifiables empiriquement (17).
L’émergence de la lutte contre la pauvreté comme impératif central s’inscrit, à la fin des années 1990, dans un contexte international caractérisé par la faiblesse de l’investissement dans les pays en développement en dehors de la Chine. L’affaiblissement des États réduisait leur marge de manœuvre, en même temps que la concentration industrielle au sein de quelques pays réduisait le potentiel d’industrialisation.
En 1999, le livre d’Amartya Sen, ‘Development as Freedom’ définissait le développement comme l’accroissement des capacités des individus, de leurs possibilités essentielles (19), et précédait l’adoption par les Nations-Unies des ‘Millenium Development Goals’ puis des ‘Sustainable development goals’ comme objectifs principaux des organisations internationales. L’indice de pauvreté multidimensionnelle qui se compose de 10 indicateurs non monétaires se révèle coûteux et ne permet pas de comparaison internationales mais il permet de donner un aperçu de l’évolution des États dans la réalisation de leurs objectifs de développement durable. Néanmoins, l’importance accordée aux indicateurs a pu conduire certains États à négliger la réalisation de l’objectif en lui-même, au profit de l’indicateur (21). Le Mali par exemple, cherchant à améliorer le taux de scolarisation sans investir suffisamment de ressources dans l’éducation, a engagé des enseignants avec des salaires insuffisants et sans adapter les infrastructures scolaires (22). Dans ce genre de situation, l’augmentation du taux de scolarisation secondaire peut cacher un absentéisme élevé des enseignants qui cumulent plusieurs emplois, des classes en surnombre, et enfin, une dégradation des infrastructures d’enseignement public favorisant l’émergence des écoles communautaires évangélistes ou coraniques (23).
Concevant le développement au travers d’impératifs concrets comme l’éradication de l’extrême pauvreté, de la faim, de la surmortalité infantile et la généralisation de l’accès à l’éducation, les institutions internationales se fixent des objectifs primordiaux auxquels les penseurs du développement d’après-guerre auraient refusé de se limiter. L’affirmation politique, le contrôle de l’urbanisation démographique, la réduction des inégalités et l’émergence nationale ou encore la décolonisation étaient indissociables du développement et de la constitution de capacités individuelles mais ces objectifs étaient peu adaptés à l’hostilité des institutions internationales et des économistes vis-à-vis de l’accroissement du rôle de l’État et l’impossible remise en cause des principes du libre-échange (24). Ainsi, ce qui est appelé aujourd’hui économie du développement, n’est en réalité – et malgré ses nombreux mérites, qu’une économie de la pauvreté.
Malgré tout, de nombreux auteurs s’intéressent aux défauts du marché. Parmi les plus célèbres figurent Joseph Stiglitz (25) et Thomas Piketty (26), le premier pour sa critique du fonctionnement actuel de la mondialisation et le second pour son travail sur la dynamique des inégalités. Néanmoins, leur approche concerne des dynamiques qui affectent d’abord les économies développées (la délocalisation, l’accroissement des inégalités), même s’ils s’attardent aussi sur la situation spécifique des pays du tiers-monde. Par ailleurs, les gouvernements d’Amérique latine ont profité au cours des années 2000 de l’augmentation des prix des matières premières pour mettre en place d’importantes politiques de développement, répondant ensemble aux considérations individuelles et collectives comme la réduction concomitante des inégalités et des taux de pauvreté. Néanmoins, leur stratégie souffre de leur dépendance à ces exportations de matières premières, du manque d’attention et de possibilités de questionner le libre échange international (27), pourtant au cœur des premières approches de l’économie du développement.
En publiant Kicking Away the Ladder : Development Strategy in Historical Perspective en 2002, l’économiste Ha-Joon Chang démontre une certaine contradiction des institutions internationales. Décrivant les conditions d’émergence industrielle des pays occidentaux au travers d’une alternance de politiques développementalistes, étatistes, protectionnistes et surtout mercantilistes, il montre que ces mêmes pays promeuvent et imposent aux pays en développement des politiques inverses de celles qu’ils ont eux-mêmes appliquées auparavant. Enfin, 66% de la population chinoise vivait sous le seuil de pauvreté international de 1$ par jour en 1990. En 2015, seulement 0,5% de la population vit sous ce seuil ajusté en termes de pouvoir d’achat. N’est-il pas temps de confronter la recherche académique à l’émergence de la Chine, économie protectionniste, mercantiliste et interventionniste ayant réussi à lutter contre la pauvreté avec une efficacité largement supérieure aux politiques mises en place sous les auspices des économistes du développement ?
Graphe 6. *Les données proviennent du site https://databank.worldbank.org/ de la banque mondiale.
Sources :
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