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Cette semaine nous revenons sur quelques pans de l’actualité de la fin 2021 et début 2022. Nous traitons donc de la réforme du marché du travail en Espagne, des tensions entre l’UE et la Chine au sujet de la Lituanie, du bilan de l’année 2021 pour les marchés boursiers, de la possible interdiction des crypto-monnaies en Russie mais aussi de la réaction des Bourses et banques centrales face à l’inflation actuelle.
Bonne lecture !
News Politiques publiques, Macroéconomie, Économie internationale
Accord historique pour réformer le marché du travail en Espagne
. Ce jeudi 23 Décembre, le gouvernement espagnol, le patronat et les syndicats ont trouvé un accord pour réformer le marché du travail. Cette réforme avait été exigée par la Commission Européenne en échange des 140 milliards d’euros attribués à Madrid dans le cadre du méga plan de relance européen. Dans un communiqué, le ministère du Travail a ainsi affirmé qu’ « il s’agit d’un accord historique en matière de relations sociales qui permet l’homologation du marché du travail espagnol avec le marché européen ».
. Si le contenu de l’accord n’a pas encore été rendu public, il devrait permettre de réduire l’importante précarité sur le marché du travail espagnol. Avec un tiers de contrats temporaires, l’Espagne se place en tête du classement des pays européens.
. En cause, la réforme du marché du travail de 2012 qui avait permis une forte baisse du taux de chômage, au prix d’une grande précarité. En effet, alors que le taux de chômage de l’Espagne atteignait des taux records en Europe suite à la crise financière de 2008, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy avait donné un grand coup de flexibilité à son marché du travail, notamment en réduisant drastiquement les indemnités de licenciement et en autorisant les licenciements collectifs sans motif économique.
. Alors que la coalition au pouvoir avait fait la promesse d’abroger partiellement la réforme de 2012, cette nouvelle réforme vise ainsi à revenir sur la précédente. En Mai dernier, la ministre de l’Économie, Nadia Calviño, assurait à ce sujet que l’objectif du gouvernement espagnol était de doter le pays « d’un nouveau droit du travail afin de pouvoir canaliser une croissance riche en emplois de qualité » d’ici le début de l’année 2022. Le contenu de l’accord, qui sera dévoilé ce mardi 28 Décembre lors du dernier Conseil des Ministres de l’année 2021, s’inscrit dans les grandes lignes énoncées par la ministre espagnole du Travail, Yolanda Díaz : lutter contre la précarité, réduire le chômage structurel, apporter de la souplesse aux entreprises et simplifier l’accès des jeunes à l’emploi.
La Lituanie, la Chine et l’Union européenne : un cran supplémentaire franchi cette semaine
La Commission européenne a annoncé jeudi 27 janvier que l’Union européenne saisissait l’Organisation mondiale du commerce contre la Chine, du fait de la dégradation des relations entre la Lituanie et la Chine. La Lituanie a quitté un forum réunissant des pays censés accueillir les nouvelles routes de la soie chinoises, et a accueilli un bureau de représentation officiel taïwanais, alors que Pékin ne reconnaît pas le statut d’Etat à l’île.
Fin novembre 2021, la Chine interrompait ses importations à destination de la Lituanie, tout en invoquant des failles informatiques pour expliquer l’arrêt du dédouanement de celles-ci. Si la Chine est un partenaire économique marginal pour la Lituanie, d’autres États européens ont considéré courir un risque, si la Chine étendait ses mesures coercitives au reste de l’Union.
La plainte formulée par l’Union européenne est symbolique, puisque l’OMC ne l’examinera pas dans l’immédiat. Pourtant, en décembre 2021, la Commission présentait un instrument dit « anticoercition », qui doit permettre de répondre à des situations d’embargo économiques, semblables aux sanctions que Pékin appliquait à l’encontre des produits australiens, après que des membres du gouvernement aient demandé une enquête sur les origines du coronavirus.
Politique monétaire, marchés financiers
Euphorie sur les marchés pour la fin d’année, prudence pour celle à venir
· 2021 a été une année exceptionnelle pour les marchés financiers. Malgré la crise sanitaire, les Bourses européennes et américaines clôturent avec des records absolus : le CAC 40 dépassant les 7000 points (s’arrêtant à 7153 points à 16h le vendredi 31 et ayant atteint 7201 dans la matinée de mercredi).
· 2021 est donc une année où la Bourse a performé, le marché des actions des entreprises ayant des résultats positifs tout au long de l’année (hormis en de rares occasions) : à mesure que les soutiens à l’économie se cumulaient et que les banques centrales encourageaient l’investissement. Ainsi, les marchés financiers ont bénéficié à la fois du soutien monétaire et budgétaire, mais aussi de la reprise économique.
· Mais cette performance pourrait ne pas durer. Plusieurs facteurs pourraient venir ralentir cet élan. Le premier est le variant omicron, pouvant à nouveau causer un ralentissement de l’économie, des problèmes d’approvisionnements, etc… Le second est la lutte contre l’inflation annoncée par de nombreuses banques centrales, dont la FED en premier lieu. Les programmes d’achats d’actifs, « tapering » vont se réduire, les taux directeurs devraient monter et les politiques accommodantes vont se resserrer.
· L’euphorie de 2021 et ses records pourraient donc laisser place à une année 2022 bien plus modérée. L’année suivante étant déjà annoncée comme un pic d’inflation contre lequel les banques centrales se préparent, et les marchés dans leur sillage.
Vers une interdiction de la cryptomonnaie en Russie?
. A l’instar de la Chine, la Russie envisage l’interdiction de la crypto-monnaie en raison d’un ensemble de préoccupations en termes de régulation financière mais également concernant l’impact de ces nouvelles technologies sur l’environnement.
. Le rapport « Cryptocurrencies : trends, risks, measures » a été présenté jeudi 20 janvier 2022 durant la conférence de presse en ligne par Elizaveta Danilova, directrice du département de stabilité financière de la Banque de Russie. Dès lors, ce rapport met en exergue la volatilité de ces monnaies et leur régulière utilisation dans le cadre d’activités illégales rendant compliqué le maintien d’une certaine stabilité financière pour le régulateur. Par conséquent, ce rapport préconise la mise en place d’une nouvelle réglementation visant à bannir les activités liées aux cryptomonnaies, tout en n’interdisant pas la détention de ces monnaies par des particuliers russes. Avec un montant des transactions en cryptomonnaies s’élevant à près de 5 milliards de dollars en une année en Russie, le rapport souligne l’absence de risque en termes de stabilité financière que présente une telle somme. Néanmoins, une interdiction d’utilisation des cryptomonnaies pour les paiements est fortement recommandée par ce rapport ainsi que la mise en place de sanctions pour l’achat et la vente de biens, de services ou de main d’œuvre par les particuliers mais également les entreprises russes.
. Au-delà de ces préoccupations centrales en termes de régulations financières, ce rapport met en avant les effets néfastes de l’exploitation des cryptomonnaies sur le programme vert de la Russie. En effet, il convient de souligner l’importance de l’empreinte énergétique des cryptomonnaies et plus particulièrement du Bitcoin : en 2021, le Bitcoin a consommé plus 143 TWh en 2021 ( 1 TWh = 1 milliard de kilowattsheure), soit plus que la quantité utilisée par les Pays-Bas (111 TWh) ou encore la Norvège (124 TWh).
. La Russie n’est pas le seul pays à durcir sa réglementation. Depuis septembre 2021, la Chine a interdit toutes transactions de cryptomonnaies, désormais considérées comme illégales, y compris sur des plateformes d’échanges étrangères.
L’inflation met les banques centrales sous pression, les marchés font preuve d’anxiété
. Mercredi soir, la FED confirme que « le Comité a décidé de continuer à réduire le rythme mensuel de ses achats nets d’actifs, pour y mettre fin début mars ». Comme annoncé en fin d’année, Jerome Powell met en œuvre le début de sa politique de lutte contre l’inflation : la fin du tapering, programme d’achat d’actifs par la banque centrale, et des montées successives des taux directeurs au cours de l’année. Cependant, bien que le gouverneur de la FED ait pris des précautions en annonçant ces mesures déjà en décembre 2021 afin de ne pas trop brusquer les marchés, le flou régnant encore autour des dates entretient l’incertitude sur les marchés. C’est aussi l’accélération de l’agenda, le fait que tout pourrait démarrer plus tôt et fort qu’attendu qui inquiète les bourses. « Jay » Powell indique « Le comité est d’avis de relever le taux des fonds fédéraux lors de la réunion de mars », mais de combien ? Les investisseurs tentent encore de prédire la cadence que pourrait adopter la FED. Cette ambiance est illustrée par la volatilité des marchés, tout au long de la semaine, aussi bien avant qu’après la réunion de la banque centrale américaine mercredi soir : preuve de l’anxiété ambiante.
. Pour autant, la FED ne peut plus non plus se permettre de continuer son soutien intensif à l’économie américaine. S’il y a bien un mot qui revient à la une de l’actualité économique dernièrement, c’est l’inflation. La montée des prix atteint des niveaux records depuis l’été 2021 et ne cesse de grimper. En décembre, elle est à 3.4% en France, 5% en moyenne dans la zone euro et 7% aux Etats-Unis. Celle-ci provient notamment de deux facteurs : la reprise de l’économie mondiale, notamment en Chine, exerçant une demande forte sur les matériaux (qui sont alors en pénuries) et la hausse du gaz et pétrole, tirant ensemble l’inflation vers le haut. Cette inflation, venant finalement de la bonne croissance enregistrée dans le monde, peut aussi en devenir la menace : elle réduit les salaires réels, mettant en doute le maintien des niveaux de consommation actuels, et in fine le bon rythme de la croissance.
. Il faut aussi prendre en compte le fait que mettre fin brutalement et prématurément aux politiques monétaires accommodantes peut aussi amener à condamner la croissance, refaire monter le chômage et fragiliser un tissu économique en train de se réadapter et redémarrer. C’est pour cette raison que Christine Lagarde, à la tête de la BCE, continue de maintenir sa stratégie modérée annoncée fin 2021 : une baisse douce du soutien à l’économie, sans hausse des taux directeurs. Elle prévoit une stabilisation de l’inflation en 2023, qualifiant la situation actuelle de « pic ». A l’image des multiples arbitrages à prendre en compte, Madame Lagarde est donc surnommée « Madame inflation » par les uns, tout comme elle est saluée par les autres.
. Ainsi, les banquiers centraux se doivent donc de maintenir un équilibre précaire entre soutien à l’économie, pour ne pas tuer la reprise, mais aussi éviter que l’inflation ne s’installe et s’aggrave. Tout cela en évitant de faire un resserrement monétaire trop agressif qui pourrait se matérialiser en un choc déstabilisant la sphère financière et encore plus assombrir la sphère économique réelle.
En bref :
- Le CAC 40 a fermé à 6895.19 points le 28 janvier 2022, enregistrant une hausse de 0.002 %depuis le 21 janvier 2022 (étant à 6895.03 la semaine précédente).
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4431.85 points le 28 janvier 2022, enregistrant une hausse de 2.43% depuis le 21 janvier 2022.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 4136,91 points le 28 janvier 2022, enregistrant une baisse de -2.19% depuis le 21 janvier 2022.