Cette semaine nous évoquons l’exigence du paiement du gaz russe en rouble, l’inquiétude des marchés suite aux échecs des négociations russo-ukrainiennes et la remontée des taux directeurs au cours de la semaine du 14 mars. Bonne lecture !
La FED a remonté ses taux d’un quart de point le 16 mars, la poursuite du conflit en Ukraine inquiète les marchés.
Pour la première fois depuis 2018, la banque centrale américaine a décidé d’augmenter ses principaux taux directeurs ce mercredi 16 mars. Ainsi, à la suite de la réunion de son comité de politique monétaire, la Réserve fédérale (FED) a opté pour un relèvement de 0,25 point des taux des « fed funds ». Ces taux sont désormais situés entre 0,25% et 0,50% environ.
Six hausses sont encore envisagées pour 2022, suivies de nouvelles en 2023 : l’objectif étant que les taux directeurs devraient atteindre environ 2,8% en 2023.
La BCE table de son côté sur une montée de ses taux après avoir mis fin à son programme d’achats d’actifs, au cours du troisième trimestre.
Aussi bien la FED que la BCE doivent faire en sorte de freiner l’inflation. Celle-ci s’est de nouveau accrue aux Etats-Unis : atteignant 7,8% sur un an en février, le niveau le plus élevé depuis 40 ans. Les objectifs de 2% d’inflation annuelle semblent bien lointains : mais les banquiers centraux doivent toujours maintenir un rôle d’équilibriste dans une situation complexe. En effet, bien que les banques centrales mettent fin à leur soutient massif de l’économie, l’inflation continue d’être alimentées par la hausse des matières premières dont la Russie est un exportateur clé. Les prix de l’énergie grimpent du fait du conflit russo-ukrainien, tout comme ils impactent le coût de transport et de production, désorganisant aussi les chaînes d’approvisionnement. Dès lors, la lutte contre l’inflation est une priorité pour les banques centrales : tout comme elles doivent faire attention à ne pas tuer la croissance par des mouvements de réduction de l’inflation trop agressifs.
Ces arbitrages difficiles sont illustrés par le fait qu’un relèvement de 0.5 point faisait plus ou moins consensus au sein du comité de la FED en février. Or l’invasion de l’Ukraine et ses retombées économiques ont à la fois rendu l’inflation plus forte mais aussi réduit la croissance. C’est pourquoi les membres du Federal Open Market Committee (le comité de politique monétaire de la FED) ont finalement opté pour préserver tout de même un certain niveau de croissance, tout en cherchant à limiter l’inflation.
Les marchés financiers ont bien intégré l’information et n’ont pas été trop impactés par cette hausse des taux, hormis les marchés obligataires dont les taux ont bien augmenté (le taux français à 10 ans gravitant autour des 1% désormais).
Il est notable que les géants technologiques américains performent très bien, contrairement à ce qui était attendu. Ceux-ci sont généralement affectés négativement par les hausses des taux directeurs, pour autant Apple n’a cessé de croître depuis le 15 mars. Ces très fortes valeurs alimentent les bourses américaines.
Cette semaine, les Bourses ont été marquées par une montée soudaine de lundi à mardi : les valeurs grimpant à la suite des annonces de négociations entre la Russie et l’Ukraine. Pour autant, cette embellie s’est estompée progressivement à mesure que les espoirs de paix ne se sont pas concrétisés : donnant une semaine avec de faibles hausses hebdomadaires finalement.
Derrière le paiement du gaz en roubles, la Russie contourne les sanctions bancaires
Jeudi 31 mars, le Président de la Russie Vladimir Poutine a annoncé que les acheteurs de gaz devront payer leurs importations en roubles dans le cadre d’un « nouveau système de paiement » à partir du vendredi 1er avril. Suite à cette annonce, les deux ministres de l’Économie de l’Allemagne et de la France ont rejeté cette demande le jour-même.
Dans le but de satisfaire les deux côtés, un compromis a été mis en place pour des sociétés européennes qui s’approvisionnent en gaz russe. Il faut d’abord que ces sociétés ouvrent deux comptes : un en euros et un en roubles auprès de Gazprombank, l’institution bancaire de l’énergéticien russe Gazprom. Par la suite, le système de paiement s’étale sur deux temps. Dans un premier temps, les versements seront réalisés en euros auprès de Gazprombank. Dans un deuxième temps, l’intermédiaire russe se chargera de convertir cette somme en roubles. Ce dispositif ne devrait pas changer grand-chose pour ces sociétés puisqu’elles continuent de payer en euros. Le contrat devrait ainsi pouvoir toujours être respecté.
Cependant, ce schéma sous-entend un moyen pour la Russie de contourner les sanctions bancaires. Pour rappel, depuis l’exclusion du système « Swift » et la mise en place de sanctions par les Occidentaux, le cours de la monnaie russe chute et perd de sa valeur. Ainsi, la Banque centrale russe fait face à un manque structurel de devises et de réserves de change, qui ont été notamment gelées.
Dans le but de réduire l’impact économique de telles sanctions, l’annonce du « nouveau système de paiement » est un moyen pour la Russie de renforcer sa souveraineté économique et financière. En effet, il existe un coût de conversion lorsque les entreprises européennes convertissent l’euro en rouble. Ce coût de conversion finit dans les poches de l’État russe. De plus, la Russie oblige désormais ses exportateurs, y compris Gazprom, à convertir 80% de leur chiffre d’affaires en roubles. Ces mesures et un taux d’intérêt directeur à 20% ont permis à la monnaie russe de se stabiliser, ce qui est contraire à l’esprit des sanctions prises contre la Russie.
En bref :
- Le CAC 40 a fermé à 6692.21 points le 1er avril 2022, enregistrant une hausse de 0.65% depuis le 28 mars 2022.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 545.86 points le 1er avril 2022, enregistrant une hausse de 0.19% depuis le 28 mars 2022.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 3919.12 points le 1er avril 2022, enregistrant une hausse de 0.75% depuis le 28 mars 2022.