Cette semaine nous traitons du premier accords de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Australie depuis le Brexit, de la réforme de l’assurance chômage et des annonces des banques centrales, réagissant à l’inflation. Bonne lecture !
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Un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Australie
. Selon un communiqué du ministère du Commerce international britannique, « les négociateurs ont maintenant finalisé tous les chapitres » d’un accord établi en juin entre le premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue australien Scott Morrison. Jeudi 16 décembre, lors d’une cérémonie virtuelle, les deux partenaires ont ratifié ce qui faisait jusqu’alors l’objet d’un accord de principe : un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Australie, le premier depuis sa sortie du Brexit.
Si jusqu’à présent moins de 1% des échanges commerciaux britanniques se faisaient avec l’Australie (13,9 milliards de livres sterling en 2020), la signature de cet accord est historique par son statut. Pour la première fois depuis sa sortie de l’Union Européenne, un accord « fait sur mesure pour l’économie britannique » et qui n’est pas un simple renouvellement ou une adaptation d’accords déjà existants entre l’UE et d’autres pays, voit le jour.
. Cet accord lève tous les droits de douane sur les exportations de biens vers l’Australie et devrait générer près de 10,4 milliards de livres supplémentaires, soit 12,2 milliards d’euros, pour l’économie britannique. Plein de promesses, cet accord est synonyme d’opportunités futures très intéressantes pour les deux économies. Selon le gouvernement britannique, il instaure « de nouvelles normes mondiales dans le numérique et les services, créera de nouvelles possibilités de travail et de voyages pour les Britanniques et les Australiens ». L’accord prévoit des facilités d’accès aux travailleurs britanniques, notamment pour les professionnels du secteur des services comme les architectes, les avocats ou les chercheurs, qui bénéficieront de visas de travail en Australie.
. La signature de cet accord entérine l’entente commerciale retrouvée entre Londres et Canberra et constitue, pour les Britanniques, une potentielle porte d’entrée dans la région Asie-Pacifique. Le Royaume-Uni a pour projet de rejoindre le traité commercial transpacifique qui regroupe onze pays d’Amérique et d’Asie, représentant près de « 8400 milliards de livres en PIB ». Ce traité faciliterait les investissements, les partenariats et les échanges divers pour les entreprises britanniques qui se verraient octroyer l’abaissement des barrières frontalières dans la région. Au lendemain de la crise diplomatique des sous-marins français causée par le partenariat conclu avec les États-Unis, Londres et Canberra souhaitent également approfondir leur coopération sur le domaine de la sécurité.
. Depuis sa sortie de l’UE, la Grande-Bretagne, en cavalier seul, multiplie les accords internationaux, avec l’Union européenne – son plus gros partenaire commercial -, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou encore la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Les dirigeants britanniques ont aussi entamé des pourparlers avec d’autres grandes puissances comme l’Inde et six pays arabes du Golfe. La Grande-Bretagne espère aussi se rapprocher de Washington. Cette stratégie commerciale répond au principe de « Global Britain » défendu par Boris Johnson lors du Brexit, visant à redorer le blason britannique sur la scène internationale, commerciale et géopolitique. Le premier ministre donne peu à peu raison aux pro-Brexit en réussissant à joindre le respect de la souveraineté britannique et l’action internationale.
. Si cet accord est largement salué pour sa réussite économique, une ombre demeure néanmoins sur le plan écologique. Selon Greenpeace, il aura « l’un des pires impacts sur le climat », qui plus est, « avec un pays qui est l’un des principaux centres mondiaux de déforestation ». Des inquiétudes planent aussi sur le secteur agricole britannique qui craint d’être sérieusement concurrencé par les produits australiens, comme le bœuf et l’agneau, dont l’élevage est moins cher du fait d’une plus importante industrialisation et des normes sanitaires plus souples. L’abaissement des droits de douane risquerait d’inciter la production agricole massive, allant en contradiction totale avec les objectifs de neutralité carbone fixés par Londres.
Réforme de l’assurance chômage –
. Ce mercredi 15 Décembre, le Conseil d’Etat a statué sur la réforme la plus controversée du quinquennat : celle de l’assurance chômage. Cette décision met un terme à plus de deux années de litige entre l’exécutif et plusieurs syndicats, qui jugent que la nouvelle loi aura un impact préjudiciable pour de trop nombreux demandeurs d’emploi. Soumis en Juillet 2019, le premier décret avait déjà soulevé de nombreuses oppositions puisqu’il entraînait une forte réduction de l’indemnisation mensuelle des chômeurs alternant emplois précaires et chômage. En effet, le texte vise à faire disparaître l’avantage financier dont bénéficiaient cette catégorie de demandeurs d’emploi par rapport aux anciens salariés à temps partiel présentant le même temps de travail. Suite au premier recours des syndicats, le texte avait été partiellement annulé, alors que le Conseil d’État avait considéré que le mode de calcul de l’indemnisation chômage portait atteinte au principe d’égalité». Le nouveau décret du 30 Mars dernier est finalement entré en vigueur le 1er Décembre 2021 dans un contexte d’amélioration de l’emploi. Ainsi, la validation définitive de la réforme ce mercredi 15 Décembre donne la victoire à l’exécutif et met un terme à la bataille judiciaire initiée en 2019.
Les principales mesures de la réforme de l’assurance chômage –
. Concernant le contenu de la réforme, trois mesures principales impacteront les chômeurs coutumiers des emplois courts. Premièrement, le texte prévoit un durcissement de l’accès à l’indemnisation. En effet, afin d’y être éligible, les demandeurs d’emploi devront avoir travaillé un minimum de 6 mois sur les 24 derniers mois. Jusqu’ici, la durée minimale de travail ouvrant le droit à l’indemnisation chômage était établie à 4, faisant de la France un des pays les plus généreux d’Europe. Selon la ministre du travail, Élisabeth Borne, cette mesure est tout à fait justifiée dans la mesure où le « recours aux contrats courts est un phénomène largement indépendant de la conjoncture” et bien plus attribuable aux habitudes des acteurs qu’il est possible de modifier en jouant sur les paramètres de l’assurance chômage. En outre, les plus hauts revenus, c’est-à-dire les salariés de moins de 57 ans qui avaient un revenu du travail supérieur à 4500 euros bruts par mois verront leur allocation chômage diminuer de 30%. Cette dégressivité de l’assurance chômage s’applique déjà depuis le 1er Juillet dernier mais il est effectif à partir du 7ème et non plus du 9ème mois comme il avait été décidé précédemment. Finalement, le mode de calcul de l’indemnisation chômage est lui aussi modifié. Désormais, l’amplitude des périodes travaillées aura une incidence sur le montant de l’indemnité.
Les conséquences de la réforme en quelques chiffres –
. Selon l’Unedic, la réforme globale de l’assurance chômage devrait engendrer une diminution des dépenses d’environ 1,9 milliard d’euros en 2022, puis 2,2 milliards d’euros en 2023. Par ailleurs, l’étude réalisée par cette même association en Avril dernier, estime que 475 000 personnes verront leur ouverture de droits retardée par l’allongement de la durée minimale de travail à 6 mois. Ainsi, selon la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon, cette mesure « va principalement pénaliser les jeunes » ou les saisonniers qui multiplient les contrats courts, souvent avec le même employeur. Quand bien même la CFDT semble ne pas considérer le dossier clos, il est clair que la décision du Conseil d’État entérine la bataille judiciaire.
Politique monétaire, marchés financiers
Face à l’inflation, les banques centrales s’organisent
· Les gouverneurs des banques centrales étaient attendus en cette fin de semaine. Les marchés sont restés plutôt calmes en début de semaine, dans l’attente de ces déclarations cruciales.
· Le verdict est tombé : l’équilibre entre soutien à l’économie pour la sortie de crise et contrôle de l’inflation va être difficile à maintenir. En effet, la FED a admis que l’inflation n’est pas transitoire. L’indice des prix à la consommation américain devrait terminer l’année autour de 7% en glissement annuel. La copie a aussi été revue de l’autre côté de l’Atlantique. Ainsi, la présidente de la BCE a annoncé que « Les prévisions d’inflation ont été revues à la hausse, mais l’inflation devrait toujours s’établir en dessous de l’objectif de 2 % après l’année prochaine. La prévision pour 2022 est beaucoup plus élevée que celle que nous avions faite en septembre. Nous étions à 1,7, nous sommes maintenant à 3,2 % ».
· C’est donc le début de la fin du « soutien exceptionnel de crise » comme le précise François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Malgré la crise sanitaire, la croissance européenne devrait être élevée en se situant au-dessus de 5%. Celle des Etats-Unis aussi, en dépassant les 3%. Dès lors, afin de conserver leur crédibilité et témoigner de leur confiance dans la solidité de la reprise respective de leur économie : les banques centrales s’apprêtent à réduire leurs interventions.
· Cependant les méthodes et annonces diffèrent selon les banques centrales. Bien sûr, cela est dû aux situations économiques différentes. En effet, la BCE réduit progressivement les mesures de soutien à l’économie, tout en rappelant qu’elle se tient aux aguets si un besoin d’intervention se fait sentir. La Banque de France prévoit de passer à 20 milliards d’euros d’achats nets d’actifs chaque mois à partir d’octobre 2022, alors que la moyenne mensuelle est actuellement à 90 milliards d’euros. La valeur est donc divisée par 4.5, mais elle n’est prévue pour prendre forme qu’en octobre 2022 afin de réaliser en souplesse un retrait du soutien à l’économie.
Outre-Manche, la Banque d’Angleterre élève son principal taux directeur de 0,15 point de base à 0,25 %. En parallèle, la FED annonce 3 hausses de taux d’intérêt de 0.25% en 2022 tout en accélérant son tappering, terme désignant la diminution de son programme de rachats d’actifs. Ces décisions moins souples que celles de la BCE, qui ne parle pas notamment de hausse des taux, s’expliquent par le fait que ces pays ont une inflation plus forte que la zone euro et un marché de l’emploi très tendu (illustré notamment par des tensions sur les salaires).
On peut noter le comportement de la Banque du Japon. A l’inverse des autres, celle-ci prolonge son programme de crise : le Japon ayant une inflation très faible et un objectif qu’elle peine à atteindre.
· Il est aussi crucial de noter que Jerome Powell considère que l’inflation est actuellement à son pic : celle-ci devant être réduite au fur et à mesure des mois à venir. En parallèle, François Villeroy de Galhau qualifie l’inflation actuelle de « bosse » pour la France et la zone Euro.
· Pour finir, un élément remarquable des annonces a été la chute des valeurs technologiques américaines : le Nasdaq perdant 2.47% jeudi. En effet, les valeurs technologiques sont sensibles à la hausse des taux : leurs besoins en investissements augmentant, alors que leurs bénéfices futurs se réduisent.
En bref:
- Le CAC 40 a fermé à 6 926,63 points le 19 décembre 2021, enregistrant une baisse de -0,23%depuis le 12 décembre 2021.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 620,64 points le 19 décembre 2021, enregistrant une baisse de -1,04% depuis le 12 décembre 2021.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 4 161,35 points le 19 décembre 2021, enregistrant une baisse de -0,52% depuis le 12 décembre 2021.
- Le USA Benchmark 10 ans s’élevait à 1,479% le 19 décembre 2021, enregistrant une baisse de -8,1 points de base depuis le 12 décembre 2021.
- Le DEU Benchmark 10 ans s’élevait à -0,355% le 19 décembre 2021, enregistrant une baisse de -15,1 points de base depuis le 12 décembre 2021.