Cette semaine nous abordons les annonces de la BCE sur l’évolution de sa politique monétaire. Bonne lecture !
Politique monétaire, marchés financiers
La BCE accentue sa lutte contre l’inflation malgré la guerre en Ukraine
Le conflit en Ukraine a accru les tensions sur le marché des matières premières, l’incertitude sur les marchés mais aussi l’inflation. Cette crise a continué de complexifier la tâche des banques centrales : celles-ci devant à la fois s’assurer de la reprise postpandémie de l’économie, mais aussi lutter contre l’inflation record.
Christine Lagarde et les annonces de la BCE étaient donc très attendues jeudi. Le choix de la BCE est dorénavant celui de normaliser sa politique monétaire malgré le conflit russo-ukrainien : accélérer la fin des programmes de soutien à l’économie afin de lutter de façon plus intense face à l’inflation, à l’instar de la FED ou la Banque d’Angleterre.
La BCE prévoit désormais un taux d’inflation de 5.1% pour cette année, bien plus que les 3.2% prévu en décembre. Ainsi, l’institution européenne annonce la clôture du programme d’urgence pandémique (PEPP) à la fin du mois, prévoit de mettre fin à son programme d’achat de titres obligataires (plus ancien et aux conditions moins souples que le PEPP) d’ici le 3ème trimestre de 2022 et annonce qu’une hausse de taux peut avoir lieu selon l’évolution de la situation. En somme, la BCE souhaite donc normaliser sa politique monétaire bien plus rapidement que ce que les annonces précédentes laissaient entendre.
Aux Etats-Unis, la première montée des taux devrait avoir lieu le mercredi 23 mars. Alors que l’inflation continue de s’accélérer, Jerome Powell a aussi annoncé que la FED pourrait adopter une stratégie encore plus agressive face à l’inflation par la suite.
Ces annonces ont fait chuter les bourses, déjà secouées par la guerre en Ukraine, notamment celles d’Europe. Les indices ont terminé jeudi en fort recul à Paris (-2,83%), Francfort (-2,93%), Milan (-4,20%). Le resserrement de la politique monétaire de la BCE a été plutôt une surprise pour les marchés, plusieurs spécialistes de la politique monétaire ont critiqué ce changement de cap. Pour autant, on peut remarquer que le Conseil des gouverneurs de la BCE garde une certaine flexibilité et ne fait pas une volte-face complète. En effet, il n’est pas allé jusqu’à adopter une position aussi dure que celle de la FED. En outre, la hausse des taux directeurs sera « progressive » quand elle aura lieu selon Madame Lagarde.
En tout cas, la BCE a donc opéré un arbitrage entre la lutte contre l’inflation et les risques liés à la guerre en Ukraine pour l’économie. En effet, l’inflation semble s’installer dans la durée pour la zone euro : le retour aux 2% d’inflation annuelle ne devrait pas avoir lieu en 2023 mais plutôt en 2024. Dès lors, le choix actuel de la BCE semble aussi plus compréhensible. L’objectif des 2% étant le mandat de la banque centrale. En outre, si on en croît Christine Lagarde, l’impact de la pandémie sur l’économie est de plus en plus faible et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement devraient se réduire : la zone euro devrait donc être moins dépendante du soutien apporté par la politique monétaire accommodante, malgré les conséquences du conflit ukrainien.
En bref :
- Le CAC 40 a fermé à 6297,01 points le 11 mars 2022, enregistrant une hausse de 1.04% depuis le 7 mars 2022.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 213.86 points le 11 mars 2022, enregistrant une baisse de -2,47% depuis le 7 mars 2022.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 3693.04 points le 11 mars 2022, enregistrant une hausse de 1.05% depuis le 7 mars 2022.
- Le DEU Benchmark 10 ans monte à 0.092% % le 11 mars 2022, enregistrant une hausse de 26.3 points de base depuis le 7 mars 2022.
- Le USA Benchmark 10 ans monte à 2.04% le 11 mars 2022, enregistrant une augmentation de 27.7 points de base depuis le 7 mars 2022.