Cette semaine nous observons la hausse du prix des matières premières mais aussi l’évolution des bourses mondiales alors que le conflit en Ukraine se poursuit. Bonne lecture !
Politique monétaire, marchés financiers
Réaction des Banques Centrales face à la hausse des prix des matières premières mondiales
La guerre entre la Russie et l’Ukraine se poursuit, précipitant une hausse du prix des matières premières à l’échelle mondiale. Ce jeudi 3 mars, le prix d’un baril de pétrole Brent était de 118$, une première historique depuis 2013.
Lors de la réunion du mercredi 2 mars 2022 de l’OPEP et la Russie, alors que l’incertitude sur la conséquence de l’augmentation du prix des matières premières angoissait les pays consommateurs, les membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole ont décidé de maintenir une augmentation limitée de leur production. Cette décision a attisé la crainte d’une pénurie des matières premières et a été suivie d’une hausse des prix. On observe ainsi une des répercussions principales de la crise russo-ukrainienne sur l’économie mondiale.
La question restait de savoir comment contrôler cette hausse qui pourrait générer une crainte concernant l’inflation et la croissance.
En effet, Jerome Powell considérait les perspectives pour l’économie américaine comme « hautement incertaines », dans un discours préparé à l’occasion de son audition devant la Chambre des représentants ce même mercredi. Certes, les sanctions contre Moscou ne devraient pas impacter l’économie américaine de manière directe et profonde, puisque l’économie américaine interagit peu avec l’économie russe. Cependant, les effets secondaires, sur le prix et la disponibilité des matières premières ne peuvent pas être prédits. Si l’inflation continue d’augmenter, la FED compte prendre des mesures plus agressives en relevant ses taux directeurs le 16 mars 2022 prochain: décision pouvant agiter les marchés financiers, ralentir la croissance et la relance.
Du côté de la BCE, les perspectives pour l’économie européenne sont plus compliquées puisque l’économie européenne dépend de matières premières russes, notamment du gaz. Face à l’incertitude de la guerre, la Russie pourrait mettre fin à son approvisionnement en Europe, générant ainsi une possible pénurie, ce qui contribuerait à alimenter l’inflation et mettrait un coup d’arrêt à la croissance. Pour le moment, la perspective d’une hausse des taux de la BCE est envisagée, mais pas encore décidée: la relance économique européenne étant encore la préoccupation majeure.
Evolution hebdomadaire des Bourses mondiales :
L’avancée progressive des armées russes et l’accroissement des sanctions économiques contre la Russie se sont traduits par une baisse des valeurs de l’ensemble des places financières européennes.
Lundi, la Banque de Russie a à nouveau prolongé la fermeture de la Bourse de Moscou. Cette fermeture devait d’abord durer jusqu’au 5 mars, puis à été allongée jusqu’au 9 mars. Cela fait suite à l’effondrement des valeurs du Moscow Exchange : depuis le début de l’invasion, la bourse a perdu environ 50% de sa valeur. Cette fermeture est un moyen de protéger un minimum les investisseurs locaux des sanctions occidentales.
Le Dax à Francfort a terminé la journée de vendredi en baisse de 4,41 % et l’EuroStoxx 50 chute aussi à 4,96 %. Le CAC 40 a fermé à 6061,66 points, connaissant sa pire semaine depuis mars 2020.
De l’autre côté de l’Atlantique, Wall Street a clôturé cette semaine à la baisse : -0,76% pour le Dow Jones et S&P 500 -0,58%. Le Nasdaq a enregistré des valeurs positives mais a subi une baisse importante à partir du vendredi 4 (de -0,55%).
La mise en place de sanctions et la hausse du prix du baril de pétrole de Brent, frôlant les 120 dollars (environ 110 euros), démontrent l’inquiétude des marchés. Le cours du gaz naturel varie positivement de 5,33%. La flambée des prix dans les matières premières est un cauchemar pour la reprise économique européenne qui pourrait accélérer un changement d’orientation de la politique monétaire de la BCE sachant que l’inflation en février s’élève à 5,8%.
En effet, tous ces effets expliquent en partie la chute des valeurs boursières. Premièrement, la hausse du prix des matières premières rend la production plus difficile et chère, tout en sachant que le conflit ukrainien entraîne une certaine désorganisation des chaînes d’approvisionnement. En outre, l’inflation demeure très élevée aux Etats-Unis et en Europe: les banques centrales sont forcées de réagir en diminuant leur programme de rachats d’actifs et en envisageant de monter leur taux directeurs. Ainsi, la croissance pâtit de ces phénomènes, tout comme les perspectives d’investissements s’assombrissent.
Enfin, on peut souligner que le conflit ukrainien augmente malheureusement en intensité et s’installe dans la durée. Cela fait démentir les investisseurs pouvant parier sur un conflit court et une désescalade rapide.
Dès lors, l’incertitude mais aussi une certaine inquiétude est palpable sur les marchés. L’ensemble des facteurs se traduisant dans les résultats des Bourses en fin de semaine.
On peut aussi noter que le gel des actifs et valeurs russes, tout comme les possibles sanctions russes à l’égard d’entreprises occidentales sur son territoire (notamment des entreprises européennes) peut aussi contribuer à la chute des valeurs européennes.
En bref :
- Le CAC 40 a fermé à 6061,66 points le 4 mars 2022, enregistrant une baisse de -8,44% depuis le 1 mars 2022.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 328,87 points le 4 mars 2022, enregistrant une baisse de -0,58% depuis le 1 mars 2022.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 3556,01 points le 4 mars 2022, enregistrant une baisse de -9,77% depuis le 1 mars 2022.
- Le DEU Benchmark 10 ans baisse à –0,133% le 4 mars 2022, enregistrant une baisse de –13,4 points de base depuis le 1 mars 2022.
- Le USA Benchmark 10 ans baisse à 1,758% le 4 mars 2022, enregistrant une baisse de -14,8 points de base depuis le 1 mars 2022.