Le « pump and dump », un montage illégal de manipulation du cours de la bourse, a de beaux jours devant lui. Cette pratique qui a connu son essor dans les années 1980 sur le marché de gré à gré s’est étendue au tout nouveau marché des cryptomonnaies.
Qu’est-ce que le pump and dump ?
Le « pump and dump », qui signifie littéralement « gonflage et largage », est une pratique illégale qui consiste à manipuler intentionnellement le cours d’un actif en le gonflant artificiellement pour le revendre à profit ultérieurement. Mais comment ce processus se met-il en place ?
Tout d’abord une brève remise en contexte. Des années 1950 aux années 1990, les transactions financières entre particuliers et entreprises se font par le biais de ce qu’on appelle des brokers (courtiers). Les brokers sont des intermédiaires entre investisseurs, qui doivent :
- Trouver des acheteurs et des vendeurs, à l’image des agents immobiliers,
- Conseiller leurs clients, en surveillant ce qui se passe sur les marchés.
À cette époque, le seul moyen d’accéder aux marchés financiers est de passer par un broker. Il joue un rôle primordial au sein des banques, et se rémunère via les commissions sur les transactions effectuées au compte des clients, et ce, quelle que soit la performance de l’action vendue, que celle-ci augmente ou diminue. Pas de plateforme de trading en ligne comme de nos jours, pas de eToro, de FTX ou de Boursorama, donc. En somme, ce sont bien « les rois de Wall Street » pour reprendre les mots de l’acteur Matthew McConaughey dans le film Le Loup de Wall Street (“The Wolf of Wall Street”).
Illustration d’une salle des marchés (© Deutsche Bank)
S’il n’y a rien d’illégal à être broker, la pratique du pump and dump est quant à elle totalement illégale. C’est bien pour éviter les manipulations des cours de la bourse que le Congrès américain a créé la SEC (“Securities and Exchange Commission”) en 1934. Ce type de pratiques a prospéré sur les marchés de gré à gré (OTC pour “over the counter” en anglais), aussi appelés marchés hors côte, qui sont des marchés :
- Où les transactions sont conclues directement entre vendeurs et acheteurs,
- Sans commissions à verser à la bourse, par opposition aux marchés organisés.
Sur ces marchés s’échangent notamment ce qu’on appelle des penny stocks. Parmi les plus connus en France, on peut citer Claranova (ex-Avanquest), une entreprise de software, ou encore Néovacs, une biotech.
Les penny stocks sont des titres :
- Qui s’échangent très peu,
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Illiquides, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible de retirer rapidement la valeur investie (la monnaie étant l’actif le plus liquide, par exemple) : en effet, pour récupérer la valeur du penny stock, il faut trouver acheteur, ce qui est souvent difficile pour de tels titres,
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Qui valent moins de 5 dollars,
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Opaques, c’est-à-dire que l’on dispose de peu d’informations financières et comptables à leur propos.
Puisque les penny stocks sont illiquides et peu chers, leur prix est très volatile, ce qui signifie que leur valeur peut varier fortement sur un temps court. Et c’est sur cette propriété que s’ancre la pratique du pump and dump.
Le montage financier
Maintenant que les bases ont été posées, le pump and dump s’orchestre en plusieurs étapes :
- L’entreprise A qui décide d’avoir recours à cette pratique achète massivement des penny socks d’une entreprise B,
- Puisque ce titre est très opaque et qu’il est sujet à peu de transactions (ventes ou achats), le cours de celui-ci se met à monter, selon la loi de l’offre et de la demande. En effet, ce qui détermine le prix d’une action, c’est bien la demande de cette action. Comme pour tous les actifs, si une action est fortement demandée, c’est-à-dire lorsque il y a plus d’acheteurs que de vendeurs, son prix augmente, et il diminue dans le cas inverse,
- Dès lors, l’entreprise A, fraudeuse, s’appuie sur ses brokers spécialisés en vente de penny stocks, qui sont rassemblés dans ce que l’on appelle une boiler room, sorte de call center pour brokers de penny stocks. Les brokers ont alors pour consigne de vendre les titres acquis auparavant à leurs clients. Le titre ayant artificiellement pris de la valeur, les clients se montrent moins réticents à acheter des titres quand bien même ils n’ont que très peu de données comptables et financières sur l’entreprise associée aux titres qu’ils achètent. Les brokers jouent sur la FOMO* des clients pour déclencher une vague d’achats massive et utilisent des stratégies de vente agressives, fallacieuses et en allant parfois jusqu’à promettre des rendements tout simplement impossibles. Cette vente massive des titres aux clients entretient la montée du cours du penny stock, sa valeur pouvant être multipliée par 10 par rapport à la valeur « pré-pump».
- Une fois l’entreprise fraudeuse A étant sortie de toutes ses positions (c’est ce qu’on appelle en anglais un exit), seuls les clients détiennent les titres. Le titre finit par reprendre son cours réel (sa vraie valorisation), en chutant brutalement, atteignant dans certains cas des valeurs inférieures à la valeur initiale, ce qui signifie une perte pour les clients.
Image extraite du film The Boiler Room
Finalement, en moyenne l’entreprise A a acheté à des valeurs inférieures à celle à laquelle elle avait vendu les titres, tandis que les particuliers ont acheté à des montants supérieurs à celui auquel ils vendront leurs titres. L’entreprise A a fait un profit tandis que les clients ont été floués : les pertes des clients ont fait le gain de l’entreprise A.
Image issue de SpeedTrader
The Wolf of Wall Street, un cas d’école du “Pump and Dump”
The Wolf of Wall Street réalisé par Martin Scorsese met en scène Jordan Belfort, le président de Stratton Oakmont, une entreprise de courtage de gré à gré créée en 1989 qui a compté à son apogée 1000 brokers et investissait plus d’un milliard de dollars. On suit son ascension, la création d’une véritable fortune fondée uniquement sur l’utilisation de méthodes de manipulation boursière, dont le « pump and dump ».
Image extraite du film The Wolf of Wall Street
sLa manière dont est orchestrée le « pump and dump » est ici plus complexe. Jordan Belfort n’achète pas les penny stocks directement via son entreprise. Pour que l’opération soit moins traçable, il appelle des personnes de confiance non affiliées à Stratton Oakmont, pour acheter de larges volumes de penny stocks d’une entreprise B dont la capitalisation est inférieure à 100 millions d’euros (entreprise nommée Small Cap dans le domaine de la bourse). Il promet à ses personnes de confiance un pourcentage sur le profit engrangé. Les étapes suivantes de la manipulation du cours de bourse sont similaires à ce qui est décrit précédemment : les brokers de l’entreprise de courtage vendent chacun les actions achetées par les personnes de confiance à leurs clients. Les brokers vont même jusqu’à affirmer aux clients qu’ils disposent d’informations secrètes sur le développement à venir de l’entreprise vendant ses penny stocks, leur permettant d’affirmer que le titre va prendre de la valeur. Mensonge, donc, pour s’assurer que le client va acheter. Cependant, Jordan Belfort commet deux autres fraudes :
- Tant que le cours du penny stock monte, il interdit aux brokers de répondre aux clients qui veulent vendre leur position, allant parfois jusqu’à leur mentir en prétextant que l’ordre qu’ils ont passé a été perdu,
- Une fois les profits engrangés, Stratton Oakmont blanchit l’argent.
Graphique produit par Félix Delissen
“Stratton Oakmont, qui a organisé également des offres publiques d’investissement (“IPO”) permettant aux entreprises de se financer auprès des particuliers, utilisait aussi ces méthodes de « pump and dump » pour augmenter artificiellement le cours avant l’introduction en bourse (“Inflated IPO”). L’introduction en bourse de Steve Madden en est un bon exemple et a permis à Jordan Belfort et ses associés de faire un profit de 22 millions de dollars en seulement 3 heures.
Finalement, les particuliers qui ont fait appel à Stratton Oakmont ont perdu plus de 200 millions de dollars. Stratton Oakmont a fermé ses portes en 1996 à la suite de poursuites judiciaires de la National Association of Security Dealers (NASD) et Jordan Belfort a été condamné à 4 ans de prison.
Les modèles mathématiques sous-jacents.
Des pratiques en déclin ?
Désormais il n’est plus nécessaire de passer par un broker pour effectuer des transactions sur les marchés financiers. Le métier de broker est de moins en moins utile et souvent remplacé par des ordinateurs. Les clients ont directement accès aux marchés via des plateformes dédiées (Boursorama, Binance,…). Et pourtant, il n’y a jamais eu autant d’arnaques de pump and dump, notamment sur le marché des cryptomonnaies.
Quelle évolution des pratiques de pump and dump ?
De nos jours, les pumps sont organisés sur des applications telles que Discord et Telegram, qui sont cryptées et anonymisées. PumpOlymp, Bigpump, Galacticpump ou encore McAfee Pump Signals sont autant de canaux dédiés à ces pratiques. De nombreuses arnaques en tout genre sur les cryptomonnaies passent ainsi par ces applications.
Les pump and dump sur les marchés des cryptos comportent 3 types d’acteur Les organisateurs du pump. Ce sont des individus ou des groupes d’individus qui utilisent des applications cryptées pour communiquer. Ils ont l’avantage d’avoir des informations privilégiées, comme les brokers dans le schéma classique, et ce sont les bénéficiaires des schémas de pump and dump,
- Les participants du pump. Regroupés sur des groupes Telegram et Discord, ces particuliers s’échangent (“tradent”) des cryptomonnaies. Ils achètent collectivement une crypto donnée directement après instruction des organisateurs du pump afin que le prix de la crypto soit subitement gonflé. La plupart d’entre eux achètent déjà la crypto à un prix artificiellement gonflé et ce sont les perdants de ces schémas de pump and dump,
- La plateforme d’échange. Les organisateurs du pump doivent choisir une plateforme d’échange (l’équivalent de la bourse) afin d’orchestrer le pump. Certaines plateformes comme Yobit ont ouvertement encouragé que des pumps aient lieu sur leur plateforme. L’intérêt pour les détenteurs de la plateforme est multiple. Premièrement, ils reçoivent de l’argent des importants frais de transaction dus à l’augmentation du volume de trade à la suite du pump. Deuxièmement, les détenteurs de la plateforme, qui ont des informations privilégiées, peuvent également acquérir une crypto avant le pump et faire un profit pendant le pump.”
Nombre cumulatif de pumps et crypto pumps sur 4 plateformes d’échange distinctes2
Les plus petites plateformes comme Cryptopia et Yobit attirent davantage les pump, comme le montre le graphique. En effet, elles proposent des coins beaucoup moins échangés et illiquides et dont le cours est donc plus facilement manipulable, comme dans le cas des penny stocks sur le marché OTC. Pour l’expliquer, prenons le cas d’Apple. Le 17 janvier 2023, plus de 63 millions d’actions Apple ont été échangées sur le marché. Pour faire varier significativement le cours de ce titre le 17, il aurait fallu au moins acheter la moitié de ce volume soit environ 30 millions d’actions. Pour un cours moyen à 130 dollars, cela signifierait qu’il faudrait prendre une position de 3.9 milliards de dollars. Rares sont les personnes qui ont près de 4 milliards à investir en une journée, d’autant plus que de tels mouvements alerteraient les autorités des marchés financiers.
La plupart des coins pumps ont une capitalisation en dessous de 100 BTC.
Distribution de la capitalisation des coins2
“Si les plateformes comme Binance et Bittrex sont aussi utilisées c’est parce qu’elles possèdent une grande base d’utilisateurs. Un prix de coin anormalement élevé peut rapidement attirer de nombreux utilisateurs (les fameux “outsiders”). De plus, ces plateformes d’échange sont plus sûres : alors que les 2 plateformes ont été hackées, Binance est restée fonctionnelle tandis que Cryptopia a dû fermer.
Déroulement du pump and dump sur le marché des crypto
On permet ici de comprendre comment se déroulent ces manipulations boursières.
Cadre : L’organisateur créé un groupe public accessible et recrute le plus de membres possible en faisant de la publicité ainsi qu’en postant des liens d’invitation sur des forums tels que BitcoinTalk, Steemit ou encore Reddit. Pour éviter que les utilisateurs ne puissent poster des messages, les administrateurs désactivent cette fonctionnalité. Seuls ces derniers peuvent poster des messages. Il n’y a donc aucune interférence, tout passe par eux. Ils diffusent de nombreux messages d’encouragement qui citent les pumps antérieurs les plus profitables, dans le but de donner confiance aux membres du groupe et les inciter à participer au pump.
Annonces pré-pump : Le groupe est prêt pour le pump une fois qu’il comporte assez de membres, généralement plus de 1000. Les organisateurs du pump, administrateurs du groupe, annoncent les détails du pump à venir. Ils annoncent la date et l’heure exactes à laquelle il faudra acheter massivement une crypto — qu’ils ne dévoilent pas encore afin de gonfler son cours — ainsi que la plateforme d’échange sur laquelle le pump aura lieu. Plus l’échéance du pump se fait proche, plus les administrateurs envoient des countdowns (“comptes à rebours” en français) avec les règles à suivre pendant le pump comme :
- Acheter vite,
-
Faire la publicité de la crypto une fois révélée sur les réseaux sociaux et les groupes de cryptomonnaies (c’est ce qu’on appelle « shill » dans le jargon des cryptomonnaies) afin d’attirer de nouvelles personnes qui ne sont pas dans le groupe,
-
Garder la crypto plusieurs minutes avant de la vendre pour laisser les nouvelles personnes acheter,
-
Vendre progressivement les titres, ne pas tous les vendre d’un coup.
Volume échangé d’un coin entre la phase pré-pump et le pump en fonction de la plateforme d’échange2
Phase du pump : À l’heure annoncée du pump, les organisateurs révèlent la crypto qui sera l’objet du pump, sous le format d’une reconnaissance optique de caractères. Dès lors, ils incitent à acheter la crypto et à la garder pour gonfler son prix.
Phase de dump : Quelques minutes — si ce n’est quelques secondes — après le début du pump, le prix de la crypto atteint son niveau le plus élevé. Bien que les organisateurs s’efforcent d’envoyer des messages comme « achetez et gardez la crypto », le prix de la crypto se met à diminuer. Les participants commencent alors à paniquer et vendent leur crypto (c’est le phénomène du “panic sell”), ce qui a pour effet de tirer encore plus le prix vers le bas. Une fois que le prix de la crypto est revenu à son niveau pré-dump, le dump est fini, puisque la plupart des participants préfèrent garder la crypto plutôt que de la vendre à perte.
Bilan post-pump : Une fois le pump terminé, les organisateurs se félicitent de la réussite du pump sur le groupe et publient des statistiques comme le prix pré-pump de la crypto, son prix maximum lors du pump ou le pourcentage de valeur prise par la crypto grâce à l’opération. Ce genre de statistiques leurrent les nouveaux arrivants sur les groupes de pump, qui sont alors persuadés que ce genre de manipulations vont leur être profitables.
Montée (en vert) et chute des prix (en rouge) pendant puis après le dump2
L’arnaque de ces schémas réside dans une asymétrie d’information. Les organisateurs du pump connaissent dès le départ quelle crypto sera au pump, bien qu’ils annoncent sur les groupes de discussion qu’elle est choisie au hasard par un algorithme. Ils peuvent ainsi acheter à bas prix avant le pump, en faisant attention à ce que personne ne l’apprenne. Les participants, eux, se retrouvent à acheter la crypto après l’annonce et risquent donc de l’acheter à un prix gonflé. Ceux qui bénéficient réellement de ces pratiques sont les organisateurs du pump.
Mais alors pourquoi certaines personnes continuent de participer à ces pumps alors qu’il est connu que les organisateurs ont toujours une longueur d’avance ? Jiahua Xu et Benjamin Livshists expliquent que c’est parce qu’ils croient qu’ils vont « pouvoir revendre la crypto à un prix encore plus élevé, à des gens encore plus idiots ». La théorie du « encore plus idiot » est à la base d’autres fraudes comme les arnaques pyramidales ou encore les jeux de Ponzi.
Lois et éthique
Les régulations sur les pratiques de pump and dump sur le marché des cryptos sont encore faibles. En effet, si ces pratiques sont condamnées sur les marchés financiers, le marché des cryptos entre à la fois dans la catégorie « investissement » et « produit du consommateur », et l’application de certaines lois peut ainsi être ambiguë. Est-il sujet aux lois du marché des devises ou du marché des titres ? Si la réponse n’a pas encore été tranchée, il ne déroge pas aux lois communes et la fraude et la tromperie restent condamnables. Puisque les organisateurs de pump and dump créent une asymétrie d’information en ne révélant pas aux participants comment se déroule réellement l’opération à des fins de profits personnels, cela relève de la publicité mensongère et de la déclaration frauduleuse. Aux États-Unis, cela est condamnable par le Federal Trade Commission Act. En réalité, les organisateurs de ces fraudes sont souvent résidents de pays où de telles juridictions n’existent pas.
Enfin, les participants perdent de l’argent mais ont une part de responsabilité, leur achat renforçant le pump. D’autre part, s’ils participent à l’opération, c’est sur la promesse des organisateurs que l’opportunité est unique et que tous les individus extérieurs au groupe manquent une occasion de gagner de l’argent. Ironiquement, ce sont ceux qui les croient qui sont les vraies victimes dans l’histoire.
Conclusion
Profits générés par les pumps2
L’expérience menée par Jiahua Xu et Benjamin Livshits montre que sur un total de 348 pumps, les organisateurs ont dégagé un profit de 199.52 BTC, ce qui équivaut à 5.8 millions de dollars (au 14 août 2023). En moyenne les organisateurs ont un retour sur leur investissement de 18%. Quels sont donc les gains des participants ? Certains arrivent à faire de minces profits tandis que la plupart enregistrent des pertes. Et puisque le trading est un jeu à somme nulle, la perte des investisseurs correspond au gain des organisateurs. Cette pratique a donc encore de beaux jours devant elle.
Note de bas de page
* FOMO : acronyme de « fear of missing out » inventé par Patrick James McGinnis dans un article de The Harbus. Il désigne une forme d’anxiété sociale caractérisée par le souci compulsif que l’on pourrait manquer une occasion d’interaction sociale, des expériences nouvelles, des investissements rentables, une information. Dans le cas de la finance comportementale, cela désigne la peur de rater un investissement qui engendrerait de gains.
Sources
-
Amelia H. C. , Ylagan. ‘The Pump and Dump Scheme’. Business World Online, 12 Sept. 2021, accessible ici.
- Xu, Jiahua, and Benjamin Livshits. ‘The Anatomy of a Cryptocurrency Pump-and-Dump Scheme’. Proceedings of the 28th USENIX Security Symposium, août 2019, accessible ici.
-
Aggarwal, Rajesh K., and Guojun Wu. Stock Market Manipulations. The Journal of Business, vol. 79, no. 4, July 2006, pp. 1915–53, accessible ici.