Cette semaine nous traitons la revalorisation salariale des sages-femmes, l’officialisation de l’alliance AUKUS et le renouvellement du mandat de Jérôme Powell. Bonne lecture !
News Politiques publiques, Macroéconomie, Économie internationale
Revalorisation salariale des sages-femmes
En Mars prochain, les sages-femmes de la fonction publique hospitalière toucheront en moyenne 500€ nets de plus par rapport à Novembre 2020. Cette revalorisation salariale fait suite au protocole d’accord signé ce lundi 22 Novembre entre l’exécutif et les partenaires sociaux. Ce dernier entend calmer la colère des sages-femmes en réinstaurant, selon le ministre de la santé Olivier Véran, « le dialogue avec une profession en souffrance ».
Pour ce faire, le protocole d’accord prévoit deux grandes mesures. La première est la revalorisation salariale des sages-femmes, ce qui représente une enveloppe de 100 millions d’euros pour 2022. Ces 500€ supplémentaires comprennent toutefois 183€ de complément de traitement indiciaire, déjà versés depuis Décembre 2020 pour toute la fonction hospitalière. En outre, 78€ de revalorisation de grille versés à partir de février 2021 avaient déjà été décidés dans le cadre du Ségur de la santé en Juillet dernier. Enfin, une prime d’exercice médicale d’un montant de 240€ sera versée à partir de Mars prochain. Outre les mesures financières, ce protocole d’accord établit l’instauration d’une sixième année d’étude de maïeutique, revendication ancienne de la profession qui dénonçait le risque de burn out des étudiants dans le cadre d’un cursus trop court.
Toutefois, les mesures annoncées par l’exécutif ne semblent pas mettre fin à la colère d’une partie de la profession, alors que le mouvement de grève se poursuit avec un « WE noir » dans les maternités les 27 et 28 Novembre. Une partie de la profession juge le protocole d’accord insuffisant et regrette que les conditions de travail des sages-femmes n’aient pas été au cœur des annonces de l’exécutif. En effet, le manque d’effectif dans les maternités et l’épuisement d’un quotidien dicté par l’urgence n’ont pas trouvé de réponse dans les annonces d’Olivier Véran. En outre, tous les modes d’exercices ne sont pas concernés par ces mesures et ce, en particulier, concernant les sages-femmes de la protection maternelle et infantile (PMI).
La grogne des sages-femmes s’inscrit dans un contexte plus large de crise du système de santé français, à laquelle le Ségur de la santé a tenté de répondre en Juillet dernier. Le plan d’investissement de 19 milliards d’euros visant à moderniser notre système de santé cherchait à éviter l’effondrement de l’hôpital public français, profondément affaibli par la pandémie. Si les premiers résultats des mesures envisagées ne pourront être analysés qu’après plusieurs mois, les questions de santé se sont très largement invitées dans le paysage électoral. A ce titre, Marine Le Pen a annoncé une revalorisation de 10% de plus que ce que prévoit le Ségur de la santé pour tous les infirmiers. La candidate du PS, Anne Hidalgo, a quant à elle estimé qu’il fallait « ouvrir à nouveau les négociations » sur les salaires et l’organisation du travail des soignants.
L’Australie officialise l’alliance AUKUS
Plusieurs mois après la crise diplomatique entre la France et l’Australie, Canberra a entériné l’alliance AUKUS (Australia, United Kingdom, United States) en signant le premier accord officiel lundi dernier. Le pays s’est engagé à se doter d’une flotte sous-marine à propulsion nucléaire, donnant alors vie à ce programme de défense en partenariat avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. Peter Dutton, ministre de la défense australien, a signé en présence des représentants américain et britannique un accord autorisant le partage « d’informations sur la propulsion nucléaire navale ». Sur fond de tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, cette nouvelle entente est une étape décisive dans la course au contrôle de la zone indo-pacifique.
Pour rappel, l’Australie a mis fin en septembre dernier au « contrat du siècle », un accord de coopération gouvernemental prévoyant l’achat de douze sous-marins à propulsion conventionnelle à la France. C’est le groupe Naval, industriel spécialisé dans la défense, qui avait remporté l’appel d’offre et les 55 milliards d’euros prévus dans le contrat, dont environ 8 milliards pour l’entreprise.
En abandonnant l’idée originelle d’engins à propulsion traditionnelle, Canberra a manifesté son besoin de se tourner vers le nucléaire, se dotant ainsi d’une technologie « essentielle » pour faire face aux tensions grandissantes de la région Pacifique. Le traité AUKUS planifie alors l’acquisition de huit sous-marins à propulsion nucléaire de toute dernière génération, permettant des missions de longue portée. De plus, il prévoit un transfert de connaissances cruciales : capacités cybernétiques, intelligence artificielle et quantique qui permettront à l’Australie de rejoindre le rang des puissances militaires mondiales. « Grâce à l’accès aux informations permis par cet accord, ainsi que les décennies d’expérience de nos partenaires britanniques et américains dans le domaine des sous-marins à propulsion nucléaire, l’Australie sera également en mesure d’être un gestionnaire responsable et fiable de cette technologie », s’est expliqué Peter Hutton dans un communiqué.
La France n’a pas été la seule puissance contrariée par la formation soudaine de l’alliance AUKUS. Pékin a réagi quelques heures après la signature officielle, jugeant cet accord « extrêmement irresponsable », capable de remettre en cause la stabilité de la région. La Chine doit ainsi faire face à une adversité renforcée par cette coalition, dans une région où son hégémonie est de plus en plus contestée.
En bref
- “Grande Sécu” : Olivier Véran a avancé l’idée qu’il est nécessaire de revoir l’articulation entre l’assurance-maladie obligatoire et les organismes complémentaires santé et donc élargir le périmètre du régime de base de la Sécurité sociale.
- Le 23 novembre, Renault a refusé de soutenir l’unique offre de reprise de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) de Viriez, en Aveyron (12), qui comptait 340 salariés avant sa liquidation prochaine.
- Le Forum sur la coopération sino-africaine s’ouvrait dimanche 28 novembre à Dakar, sur fond de baisse des opinions “favorables” aux prestations de services pour la construction d’infrastructures en Afrique.
Politique monétaire, marchés financiers
. Un vétéran de 68 ans voit très probablement son mandat à la tête de la plus importante banque centrale du monde être renouvelé. En effet, Joe Biden a finalement choisi de soumettre la candidature de Jérôme Powell au Sénat ce 22 novembre 2021. Déjà présent au conseil des gouverneurs de la FED depuis décembre 2011, gouverneur de celle-ci depuis février 2018, « Jay » Powell est connu comme l’homme du « quantitative tightening » et d’une montée des taux directeurs en 2018-2019 puis d’une politique accommodante menant à une inflation record (mais très contrôlée et surveillée) à partir de 2020 et de la crise de la Covid-19.
. Pour le 46ème président des Etats-Unis, l’enjeu de cette nomination était de taille, bien que prédictible. Un triple message politique, économique et financier a été envoyé. Sur le plan politique, le choix de la stabilité a été préféré. En consacrant un républicain conciliant et bénéficiant d’un soutien biparti à une porte-étendard de la régulation financière, Lael Brainard, portée par la gauche des démocrates, Joe Biden souhaite éviter une défaite potentielle au Sénat alors que la nomination du président de la FED est un des actes les plus importants du mandat d’un président des Etats-Unis. Pour autant, dans un esprit de consensus, Joe Biden propose aussi la colombe démocrate au rôle de vice-présidente afin de satisfaire l’ensemble des démocrates.
. Sur le plan économique et financier, Biden le dit lui-même : « En ce moment, d’énormes possibilités et d’énormes incertitudes pour notre économie, nous avons besoin de stabilité et d’indépendance à la Réserve fédérale ». Le but est de rassurer les marchés, ils apprécient la continuité et un gouverneur bien connu (cela s’est fait notamment remarqué par une hausse de 0.3% à 0.5% des principaux indices de Wall Street en début de semaine). C’est aussi une nomination permettant au président américain de poursuivre son grand plan d’investissement, très débattu. En effet, alors que le président entame un grand plan de réformes sociales et environnementales, il souhaite rassurer les marchés et une majorité du Sénat : leur indiquant qu’un gouverneur en faveur de la lutte contre l’inflation (l’ayant stabilisée au cours de cette été) est là pour les rassurer, facilitant l’adoption des plans d’investissements.
. Cette nomination vient aussi avec une grande dose de « forward guidance », terme afin de désigner une communication active des banques centrales afin de ne pas surprendre les marchés et influencer les anticipations des agents. En effet, «Jay» Powell et Lael Brainard annoncent déjà que la lutte contre l’inflation et le resserrement monétaire seront au cœur de leurs préoccupations dès qu’ils seront confirmés à leur poste respectif. Powell annonçant que son but est d’ «empêcher la forte inflation de s’enraciner ».
En bref
- Le CAC 40 a fermé à 6 739,73 points le 27 novembre 2021, enregistrant une baisse de -5,14 % depuis le 21 novembre 2021.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 594,62 points le 27 novembre 2021, enregistrant une baisse de -1,89% depuis le 21 novembre 2021.
- Le USA Benchmark 10 ans s’élevait à 1,608% le 27 novembre 2021, enregistrant une hausse de +4,8 points de base depuis le 21 novembre 2021.
- Le DEU Benchmark 10 ans s’élevait à -0,249% le 27 novembre 2021, enregistrant une baisse de -4,5 points de base depuis le 21 novembre 2021.