Cette semaine nous traitons l’annonce d’une croissance jamais atteinte “depuis plus de 50 ans” en France, l’actualité autour d’une régulation de la gig economy en europe et la hausse des prix de 6,8% aux États-Unis, un record. Bonne lecture !
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La Banque de France annonce une croissance jamais atteinte “depuis plus de 50 ans”
Après l’intense récession de 2020, la Banque de France a revu à la hausse sa prévision de croissance pour 2021 : 6,7%. « C’est le plus haut chiffre de croissance depuis plus de 50 ans », a annoncé François Villeroy de Galhau, son gouverneur. Initialement estimé à 6,3%, le chiffre de 6,7 % « est beaucoup plus élevé que ce que l’on attendait en première moitié de l’année », a-t-il ajouté. Cette croissance exceptionnelle fait tout de même suite à une chute de 8% du PIB en 2020 ; une bonne nouvelle qui s’inscrit alors dans le cadre d’une reprise économique pressentie.
La Banque de France reste néanmoins prudente sur les prévisions adjacentes. Avec la recrudescence des cas de coronavirus, l’exacerbation de la cinquième vague et l’apparition du variant Omicron, l’institution a légèrement abaissé sa prévision de croissance pour le quatrième trimestre, estimant que celle-ci serait « légèrement inférieure » à 0,75 %. « Il y a un peu plus d’incertitudes sanitaires qui pourraient affecter l’économie au cours du mois de décembre », a précisé Olivier Garnier, son directeur général. Toutefois, ce dernier ne semble pas s’inquiéter outre mesure de l’évolution de la crise sanitaire ; les 8500 chefs d’entreprises interrogés par la Banque de France dans son enquête conjoncturelle non plus. « En dépit du retour des incertitudes sanitaires, ils déclarent que leur activité va continuer à progresser dans l’industrie et les services. », a commenté Mr Garnier en présentant ce rapport mensuel.
Le sujet de l’inflation a également été abordé par le directeur général. Pour le moment, la Banque de France estime que les récentes mesures prises par le gouvernement « n’ont pas de raison d’avoir un impact significatif sur l’activité ». François Villeroy de Galhau a ainsi affirmé que l’inflation serait amenée à baisser, puis descendre sous la barre des 2% d’ici fin 2022.
La Commission européenne veut réguler l’activité professionnelle des travailleurs indépendants de la gig economy
Jeudi 9 décembre dernier, la Commission européenne a fait une proposition de directive, laquelle doit encore être examinée par les Etats membres et le Parlement européen. Elle concerne la “gig economy”, ou économie à la demande.
Ce concept désigne une division du travail spécifique, et on l’emploie pour désigner une activité qui a émergé sur les plateformes en ligne, dans laquelle les travailleurs sont rémunérés à la tâche, pour des actions à court terme, les “gig”. Il s’agit par exemple, et surtout, de livraisons à domicile, par le biais de plateformes comme Deliveroo, ou de transport, comme Uber.
Pour les Commissaires de Ursula von der Leyen, l’enjeu est de réaffirmer la dimension sociale de l’Europe. En effet, les travailleurs indépendants disposent d’un statut différent des salariés. Alors que le contrat de travail du salarié détermine le nombre d’heures à l’avance, les horaires de travail du travailleur indépendant sont très flexibles. Les avantages sont censés être multiples : la plateforme n’a pas de cotisations sociales et autres impôts à verser aux pays dans lesquels les travailleurs indépendants exercent, le travailleur décide de ses horaires, et le consommateur paye uniquement une prestation de service.
Pour autant, on estime à 28 millions le nombre d’Européens qui travaillent dans ce secteur. Or, le droit du travail de cette partie de l’économie numérique n’est que très peu régulé. 55 % des indépendants du secteur touchent moins que le salaire minimum du pays dans lequel ils se trouvent (en Europe), ils n’ont pas accès à des congés payés, ni à une assurance santé, et ne cotisent pas, ou si très peu pour leur retraite. Les travailleurs paient leurs propres cotisations.
Si la proposition était adoptée, la Commission estime que les cotisations et impôts ainsi récupérés pourraient représenter 4 milliards d’euros par an. Pour les leaders du secteur de la mobilité que sont Bolt, Uber et FreeNow, en revanche, si l’exécutif communautaire venait à légiférer de la sorte, ils devraient se séparer de plus de la moitié des indépendants qui exercent pour eux.
Finalement, il convient d’évoquer l’enjeu du “transfert des dépenses” : celles-ci sont assurées par le travailleur plutôt que par la plateforme, il s’agit notamment des consommations intermédiaires. Les travailleurs d’Uber doivent ainsi eux-mêmes assurer et entretenir leur voiture, ou acheter leur propre essence. La stabilité économique des travailleurs est corrélée positivement au nombre d’heures travaillées. Les horaires de travail ne sont donc pas autant flexibles que ce qui leur était annoncé. Une telle précarité des travailleurs témoigne donc de la nécessité pour l’exécutif européen de légiférer sur l’économie à la demande.
Politique monétaire, marchés financiers
L’inflation aux États-Unis : son plus au haut niveau atteint depuis 39 ans
Les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté en novembre dernier à un rythme spectaculaire en près de 40 ans. La hausse des prix a progressé sur un an de 6,8% en novembre 2021, après avoir connu une hausse en octobre de 6,2% comme le souligne l’indice des prix à la consommation (CPI) publié vendredi 10 décembre par le département du Travail. Alors que l’inflation américaine dépasse les 5% depuis sept mois, Joe Biden ainsi que le président de la banque centrale américaine, Jérôme Powell, semblent s’être trompés de diagnostic économique. En effet, l’adoption d’un plan de relance conjoncturel arrivé tardivement en mars alors même que l’économie rebondissait ainsi que la position rassurante adoptée par le président de la Fed assurant que la hausse des prix seraient « transitoire » (terme qu’il a récusé depuis), apparaissent en décalage avec l’actuelle inflation américaine.
Cette inflation résulte de chocs d’offre ainsi que de demande. L’offre tend à être largement impactée par la crise liée au Covid-19 et les obstructions à la production qui lui sont sous-jacentes. Cela se traduit par une pénurie de semi-conducteurs, un blocage des ports aux États-Unis ou encore une pénurie de main d’œuvre de la part des Américains qui quittent le marché du travail pour vivre sur leur épargne accumulée pendant le Covid-19. Le choc de demande s’explique quant à lui par des dépenses de consommations américaines réallouées dans les biens au détriment des services.
La résolution des causes de l’inflation tend à se faire à travers plusieurs axes d’action. Tout d’abord, plusieurs mesures ont été mises en place par le gouvernement américain notamment pour inciter les Américains à retourner sur le marché du travail avec la suspension des aides fédérales au chômage depuis septembre. A cela s’ajoutent les deux armes dont dispose le gouvernement Biden : les politiques budgétaires et monétaires. Côté budgétaire, 2022 marquera la fin des aides d’urgence : le Congrès prévoyait pour juillet 2022 un déficit réduit à 4,7% du PIB américain contre 13,4% en 2021. Côté monétaire, la Fed tend à baisser ses achats de bons du Trésor américain qui tirent à la baisse les taux d’intérêts à long terme et favorise ainsi les prêts et l’endettement stimulant l’économie.
En bref
- Le CAC 40 a fermé à 6 991,68 points le 12 décembre 2021, enregistrant une hausse de +1,83% depuis le 5 décembre 2021.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 712,02 points le 12 décembre 2021, enregistrant une hausse de +2,62% depuis le 5 décembre 2021.
- L’EURO STOXX 50 a fermé à 4 199,16 points le 12 décembre 2021, enregistrant une baisse de –0,71% depuis le 5 décembre 2021.
- Le USA Benchmark 10 ans s’élevait à 1,528% le 12 décembre 2021, enregistrant une baisse de –3,2 points de base depuis le 5 décembre 2021.
- Le DEU Benchmark 10 ans s’élevait à -0,354% le 12 décembre 2021, enregistrant une baisse de –15 points de base depuis le 5 décembre 2021.