Cette semaine nous traitons les prévisions économiques de la Commission européenne, suspension des allocations chômage et dette publique allemande. Bonne lecture !
News Politiques publiques, Macroéconomie, Économie internationale
Les prévisions de la Commission européenne : une expansion économique à venir
· Ce jeudi 11 Novembre la Commission européenne livrait ses dernières prévisions économiques. Selon elle, l’Europe devrait voir bondir ses taux de croissance au cours des prochains trimestres. En effet, alors que la levée des restrictions sanitaires et la forte progression des campagnes de vaccination au printemps dernier ont permis à l’Union Européenne de renouer avec des niveaux de croissance d’avant crise, la reprise devrait se poursuivre par une phase d’expansion économique. Ainsi, les chiffres annoncés par Bruxelles dépeignent un tableau positif : l’année 2021 devrait enregistrer un taux de croissance de 5% du PIB européen, 4,3% l’année suivante et 2,5% en 2023.
· Par ailleurs, cette reprise économique devrait s’accompagner d’un assainissement global de l’économie.
· La hausse du PIB européen devrait permettre la stabilisation des finances publiques, permise notamment par la baisse des déficits budgétaires. Alors que le déficit agrégé de l’Union Européenne s’établissait à 6,9% du PIB en 2020, celui-ci devrait se réduire légèrement pour atteindre 6,6% du PIB cette année. Ce fort taux s’explique par la présence de budgets encore élevés pour soutenir la relance de l’économie. Il devrait toutefois enregistrer une nette diminution pour atteindre 3,6% du PIB en 2022, puis 2,3% l’année suivante, lui permettant ainsi de remplir les critères de convergence. Enfin le ratio d’endettement agrégé devrait diminuer en 2022 et s’établir à 89% du PIB en 2023.
· Autre point positif, la Commission européenne a affirmé que la très forte inflation enregistrée en Europe ne serait que transitoire. Celle-ci, qui s’explique en grande partie par la flambée des prix de l’énergie, s’élevait à 2,8% au troisième trimestre de l’année 2021. Elle devrait diminuer progressivement : 2,5% en 2022 et 1,6% en 2023. Ce fléchissement devrait être permis par la stabilisation progressive des prix de l’énergie.
· Enfin, alors que la situation sur le marché du travail connaît une forte amélioration, celle-ci devrait se poursuivre dans les mois à venir. Le taux de chômage devrait continuer à diminuer et atteindre 6,7% en 2022, puis 6,5% en 2023.
· Plusieurs zones d’ombre pèsent toutefois sur ce scénario d’expansion et la Commission européenne n’a pas omis d’appeler les Vingt-Sept à la vigilance. La première menace réside bien évidemment dans une possible reprise de la pandémie de la Covid 19, alors même que le nombre d’infections remontent à la hausse dans les pays européens les moins vaccinés. En outre, de nombreux secteurs souffrent des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondial ce qui pourrait être à l’origine d’une diminution de l’activité européenne, notamment dans le secteur manufacturier. Enfin, la menace d’une hausse de l’inflation n’est pas exclue par la Commission européenne. Celle-ci proviendrait des pénuries de main-d’œuvre observée dans différents secteurs, en particulier ceux qui connaissent la plus forte reprise. La pression à la hausse sur les salaires alimenterait alors l’inflation. Alors que les scénarios d’expansion sont très largement fondés sur la hausse de la demande intérieure, l’inflation pourrait avoir des conséquences sérieuses sur la croissance. Face à cette triple menace, Bruxelles a exhorté l’Union Européenne à saisir l’opportunité de réformes et d’améliorations structurelles permises par les forts taux de croissance actuels.
Vers une suspension des allocations chômages ?
· Durant son allocation du 9 novembre, Emmanuel Macron a déclaré : “C’est par le travail, et par plus de travail, que nous pourrons préserver notre modèle social”. Si pour l’heure, la réforme des retraites est abandonnée, le Président de la République cherche quand même à parvenir à atteindre le “plein-emploi”.
· Les solutions évoquées consistent alors à suspendre les allocations aux “demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active”. Si le dispositif existe déjà, Elisabeth Borne, ministre du travail, a annoncé que Pôle emploi allait augmenter ses contrôles de “25%” sur les six prochains mois, surtout dans les filières qui peinent à embaucher.
· A cela s’ajoutent d’autres mesures : augmentation de la prime d’activité ou défiscalisation des heures supplémentaires. En s’aventurant sur ces thématiques, il semble de plus en plus probable que le Président se présente aux élections, en en profitant au passage pour marcher sur les plates-bandes des Républicains.
En bref,
· Une très forte inflation aux États-Unis : alors que le pays n’a pas connu un tel dérapage des prix depuis 30 ans, la Maison Blanche s’est engagée à inverser la tendance. La Fed, quant à elle, estime que l’inflation ne pourrait redescendre qu’à compter du deuxième ou troisième trimestre de l’année 2021.
· Selon un sondage réalisé par l’Association française des entreprises privées (Afep), les grandes entreprises françaises ont contribué à 19% des impôts et des taxes payés par les entreprises françaises alors qu’elles ne représentent que 14% du PIB marchand en France.
· Malgré les accords de Ségur qui octroyaient 8 milliards d’euros aux personnels hospitaliers afin d’enrayer la crise de l’hôpital français, celui-ci semble plus que jamais bloqué dans une profonde impasse. Cette situation interroge sur la nécessité de refonder le système de santé français.
Politique monétaire, marchés financiers
La dette publique en Allemagne : comment contourner le frein à la dette ?
· Pays historiquement et profondément attaché à la stabilité, l’Allemagne fait l’objet de nombreux débats autour des possibilités les plus efficaces afin de dégager des marges de manœuvre budgétaire. Le conseil allemand des experts économiques a rendu son rapport mercredi 10 novembre révélant pour la première fois deux approches différentes pour orienter la politique budgétaire du futur cabinet. Alors que l’une plaide en faveur d’une discipline stricte des comptes publics, la seconde met en avant des solutions moins classiques afin de financer l’ensemble des investissements prévus par la prochaine coalition.
· Traditionnellement dominés par les économistes orthodoxes, ce rapport et ses conclusions ouvertes mettent en exergue une véritable révolution. La future coalition est composée de sociaux-démocrates, des Verts, progressiste en termes de budget, et des libéraux du FDP, relativement plus orthodoxes. Un défi se pose donc pour cette nouvelle coalition : celui de dégager des marges budgétaires tout en n’augmentant pas les impôts et en laissant intact le mécanisme constitutionnel du « frein à la dette », limitant à 0,35% du PIB le déficit structurel autorisé.
· Plusieurs options sont discutées dont, notamment, l’utilisation des entreprises publiques, bénéficiant du même taux d’intérêt que l’Allemagne, afin d’emprunter de manière massive. Néanmoins, les orthodoxes soulignent le défaut d’une telle stratégie : ces instruments, à l’inverse d’une loi de finances classique, échappent potentiellement au contrôle des parlementaires. La seconde option consisterait à profiter de l’année 2022 et du frein à la dette levé dans un contexte de pandémie. Cela permettrait, selon les instigateurs d’une telle solution, de se doter d’une réserve de liquidités à dépenser plus tard. Bien que certains juristes voient cette solution comme une violation de la constitution, deux experts du conseil des sages, Monika Schnitzer et Achim Truger, défendent cette idée. Une troisième stratégie consisterait en une utilisation maximale des marges de manœuvres que permet le mécanisme du « frein à la dette ». Cependant, face à toutes ces options, certains économistes conservateurs apparaissent hostiles à de telles stratégies et craignent que cela n’encourage un relâchement budgétaire au sein des pays européens.
En bref :
- Le CAC 40 a fermé à 7 091,40 points le 12 novembre 2021, enregistrant une hausse de +0,65 % depuis le 6 novembre 2021.
- Le S&P 500 INDEX a fermé à 4 682,85 points le 12 novembre 2021, enregistrant une baisse de -0,40% depuis le 6 novembre 2021.
- Le USA Benchmark 10 ans s’élevait à 1,509% le 12 novembre 2021, enregistrant une baisse de -5,1 points de base depuis le 6 novembre 2021.
- Le DEU Benchmark 10 ans s’élevait à -0,234% le 12 novembre 2021, enregistrant une baisse de -3,0 points de base depuis le 6 novembre 2021.